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La Belle Gabrielle : Croisière 2002 - Corse et Sardaigne    
13 messages du 11/10/2002 au 14/10/2002    

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"ris"
 
 1 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:17 
 
Bonjour,

A la demande "générale" (On peut rêver, non ?) voici -en plusieurs épisodes-
la triste saga estivale de la "Belle Gabrielle", Moody 376 pour ceux qui ne
le sauraient pas, basé à Gruissan et qui partait
"Ivre d'un rêve héroïque et brutal"
pour un périple de trois mois et a dû, par la mailgnité des cieux se
cantonner à un tour de Corse et de Sardaigne.

Petite Chronique d'une navigation contrariée (1)

Ca démarrait fort ! Un départ le 10 juillet au lieu du 1er juin, une arrivée
à Gruissan sous l¹habituel coup de Tramontane qui paralysait tout le port et
les voiliers en partance. Huit longs jours à piaffer d¹impatience, avec
l¹autre frbiste « régional de l¹étape » Didier  Feuillade et sa charmante
épouse. L¹apéro sur leur chouette Océanis 351 « Ar Mehlin », l¹apéro sur «
La Belle Gabrielle » et, enfin, le 17 juillet le départ.
Rebiguine again ! A peine le temps d¹atteindre la côte d¹Azur et de se
réfugier dans ma chère île des Embiez, que voilà-t-y pas un deuxième coup de
Mistral qui nous rebloque quatre jours dans ce petit paradis? Pas de quoi
s¹énerver, le temps ne m¹est pas compté mais j¹ai tout de même eu une pensée
compatissante pour les malheureux qui avaient loué une unité pour une
semaine ou quinze jours.

Le Mistral ayant enfin cessé de s¹époumoner, « LBG » put reprendre sa course
et allonger la foulée pour revisiter la côte jusqu¹à San Remo (j¹essaie
toujours de pousser jusqu¹à San Remo, car il y a là un bar qui confectionne
de fabuleux Americano).

De San Remo, il ne restait plus qu¹à tirer sur la Corse. Bon la météo
n¹était pas trop fameuse mais quatre-vingt dix milles ce n¹est tout de même
pas la mer à boire. En fin  de soirée, nous quittons donc ce petit paradis
de l¹Americano et, après deux bonnes heures de zigzag destinées à éviter
d¹aller se fourrer dans le plus gigantesque filet dérivant qu¹il m¹ait été
donné de voir, nous mettons le cap sur Calvi.

Première et fatale erreur. Poussé par l¹équipage (entendez ma chère et
tendre) - faut bien trouver un coupable - j¹ai raisonné en touriste et non
en marin ! Nous réservant le plaisir de retourner à Elbe, je décidai de
garder cette escale pour septembre, au moment ou l¹île retrouverait un peu
de tranquillité, donc d¹entamer la descente vers la Sardaigne par la côte W
de la Corse pour remonter plus tard par la côte E. Ce qu¹il n¹est pas
conseillé de faire, surtout quand menace le Libeccio. J¹aurais mille fois
mieux fait d¹aller me planquer à Macinaggione que de me fourrer à Calvi,
dans la gueule du lion. En arrivant devant la superbe forteresse, vers les
sept heures du matin, cela soufflait bellement et, oeuf corse, tout le monde
roupillait encore à la capitainerie. La seule solution consistait donc à
crocher une des bouées de la baie et à attendre. Ce que nous fîmes, ne
sachant pas encore que nous allions y rester huit jours ! Lorsque l¹officine
portuaire sortit enfin de sa léthargie ce fut pour nous apprendre, poliment
mais sans ménagement, que le port était plein comme un oeuf (corse) et qu¹il
ne restait que la solution des bouées. quelques coups de fils aux
capitaineries des ports voisins donnèrent le même résultat et pendant ce
temps, le Libeccio prenait ses quartiers d¹été sur la Balagne.

Huit jours ! Dont trois sans pouvoir descendre à terre, impossible de mettre
l¹annexe à l¹eau; toutes les bouées occupées (170, je crois), le port
archi-plein, une centaine de bateaux au mouillage au fond de la baie, des
bouées qui lâchaient toutes les nuit (sans grand espoir, j¹avais mouillé en
plomb de sonde, pour le cas où), le vent qui hurlait dans les haubans, le
bateau qui gigotait au bout de son mouillage comme un bronco capturé au
lasso, la vaisselle qui s¹entrechoquait... et l¹équipage qui commençait
rêver de palaces, de lagons et de petits déjeuners servis sur la terrasse.

Ambiance !

( A suivre)
 
 2 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:23 
 
Suite de l'épisode précédant...

Enfin sortis de cette « marmite norvégienne » notre trajet jusqu¹à la
Maddalena se déroula sans incident notoire, de même que la petite semaine de
mouillages paisibles qui en suivit. Ah si! C¹est ce moment précis que
choisit la batterie du groupe pour se suicider mais comme avant, on faisait
bien « sans », nous avons fait... comme avant, jusqu¹au moment de pouvoir la
remplacer.

« Les jours heureux n¹ont pas d¹histoire » a dit un de nos grands penseurs
contemporains (moi, peut-être bien...) aussi ne vous conterai-je pas, par le
menu, nous différentes étapes et mouillages en Sardaigne. La côte W est pas
mal jusqu¹à la moitié, après bof... De ce coin-là, Robert Curbet, un autre
frbiste, rencontré à Fréjus (ca sert le pavillon FRB !) qui y descendait et
comptait l¹explorer à fond avec son « Chryseis », pourrait vous en parler
savamment. Personnellement, j¹ai adoré Cagliari, où nous sommes restés un
bout de temps et avons loué une voiture pour découvrir l¹île de l¹intérieur.

En revanche, la côte NE, après Olbia et surtout toute la Costa Smeralda est
hallucinante ! D¹abord - et ce n¹est pas un hasard - les paysages sont d¹une
beauté incroyables, golfes immenses, dans lesquels se creusent des baies
qui, elles-mêmes abritent des criques, montagnes, îlots rocheux débordants
les côtes : c¹est superbe. Mais alors, les marinas , alors là, les marinas !
Faut aimer la place de La Concorde aux heures de pointe  : dès dix-huit
heures, tous les promène-couillons (pardon, amis motoristes mais là,
l¹expression prend tout son sens) qui étaient sortis mouiller pour la
journée, à quelques encablures, rentrent au bercail, en rang serrés,
empuantissant l¹atmosphère et vrombissant à qui mieux mieux. Les
cinquante-quatre pieds précédant les soixante pieds, eux-mêmes suivis par de
plus gros encore. On se demande comment tout ce beau monde peut tenir
là-dedans. Le manège dure à peu près deux heures et, bien entendu, le matin
c¹est le même folklore mais en sens inverse.

Faut pas craindre non plus la surchauffe de sa Visa Gold (les autres CB, ils
ne connaissent même pas). Cent soixante-douze euros pour la nuit, pour un
malheureux 38 pieds ! Mieux vaut surveiller de près la météo pour ne pas
rester bloquer dix jours sur place... Bien sûr le décor est soigné, il y a
des fleurs partout, des marineros qui sillonnent jour et nuit - et à fond la
caisse - la marina avec leur zodiac, ajoutant un peu plus de pollution
sonore au b... ambiant, des sanitaires éblouissants que personne n¹utilise
puisque tout le monde se douche et le reste sur son bateau, polluant ainsi
un peu plus le plan d¹eau. Toute la nuit, on entend les groupes de clim. des
voisins qui tournent. Un vrai petit paradis.

Il faut être honnête : seuls les ports privés de la Costa Smeralda sont
ainsi : Porto Cervo, Porto Rotondo, Polto Quatu et quelques autres lieux ne
découvrant même pas à marée basse. Il reste, heureusement, une infinie
possibilité de mouillages, tous plus abrités  les uns que les autres. De
jour ils sont parfois bruyants et surpeuplés mais, dès dix-huit heures, les
moutons de Panurge regagnent leur coûteuse étable et le mouillage redevient
un vrai mouillage, avec coucher de soleil, paysage grandiose et quasi
solitude garantis.

La côte E de la Corse, tout le monde connaît et il n¹y a pas grand-chose à
en dire si ce n¹est qu¹elle n¹est pas si dénuée d¹intérêt que l¹on s¹accorde
à le penser. Le paysage est agréable, du moins jusqu¹à Solenzara, après
c¹est un peu plat mais bon...

(A suivre)
 
 3 - De Laurent Carré le dimanche 13 octobre 2002 à 22:29 
 
Et moi qui râle parce que l'on m'a fait payer 17 Euros pour une nuit à
couple à Camaret.
Je devrais aller naviguer en Méditérannée quelques temps cela changerais mes
échelles de valeurs.

--
Laurent Carré

Alain Fosse <alainfosse@wanadoo.fr> wrote in message
news:B9CC652D.B824%alainfosse@wanadoo.fr...
> Suite de l'épisode précédant...
>
[...]
> Faut pas craindre non plus la surchauffe de sa Visa Gold (les autres CB,
ils
> ne connaissent même pas). Cent soixante-douze euros pour la nuit, pour un
> malheureux 38 pieds ! Mieux vaut surveiller de près la météo pour ne pas
> rester bloquer dix jours sur place... Bien sûr le décor est soigné, il y a
> des fleurs partout, des marineros qui sillonnent jour et nuit - et à fond
la
> caisse - la marina avec leur zodiac, ajoutant un peu plus de pollution
> sonore au b... ambiant, des sanitaires éblouissants que personne n¹utilise
> puisque tout le monde se douche et le reste sur son bateau, polluant ainsi
> un peu plus le plan d¹eau. Toute la nuit, on entend les groupes de clim.
des
> voisins qui tournent. Un vrai petit paradis.
>
 
 4 - De Alain Fosse le lundi 14 octobre 2002 à 10:41 
 
dans l'article de News, Laurent Carré à lcarreNO_SPAM@wanadoo.fr a écrit le
13/10/02 22:29 :

> Et moi qui râle parce que l'on m'a fait payer 17 Euros pour une nuit à
> couple à Camaret.
> Je devrais aller naviguer en Méditérannée quelques temps cela changerais mes
> échelles de valeurs.

Bonjour,

Moi aussi je râlerais pour payer si j'étais à couple mais j'ai vu encore
mieux cet été !

 En arrivant en Sardaigne, j'ai fait mon premier mouillage à la Calla
Francese, sur la Maddalena. Nous étions installés depuis quelques heures
lorsqu'un fort zodiac, armé par deux jeunes gaillards, est arrivé du
continent (distant de trois ou quatre milles) et à commencé à aborder tous
les bateaux ancrés dans la baie. En bonne fée du logis, toujours soucieuse
d'assurer un ravitaillement correct, l'équipage s'est écrié "Chouette! Une
épicerie flottante !"...

En fait d'épicerie, ces faquins venaient nous réclamer, carnet à souche à
l'appui, 16 euros pour la nuit, sous le fallacieux prétexte que l'archipel
de La Maddalena constitue une réserve naturelle.

"16 euros! s'est étranglé le cap'taine. Pourquoi faire ? Je suis au
mouillage, je n'ai ni eau, ni électricité et vous n'avez même pas un
malheureux esquimau à me vendre. Et d'abord, je vous le demande, à quoi
sert-il cet argent ?"

Alors, les deux "percepteurs", qui parlaient parfaitement français, ont eu
cette réponse imparable :

"Cet argent ? Ben, il sert à nous payer !" (certifié authentique).

Devant une telle franchise, il n'y avait plus qu'à s'exécuter...


Cordialement.
Alain Fosse
http://perso.wanadoo.fr/afosse
 
 5 - De Eric Surzur, de Vannes le lundi 14 octobre 2002 à 15:47 
 
Et tu t'es exécuté ? Tu avais peur d'être exécuté ?
Je crois que je leur aurais demandé de déguerpir avant d'alerter les
autorités. En dernier ressort je serais reparti, si possible.
Ces gars-là étaient-ils vraiment des "officiels" ?
Ca ne change rien au scandale, mais enfin...
Eric.

Alain Fosse <alainfosse@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
B9D04FDD.BA58%alainfosse@wanadoo.fr...
> dans l'article de News, Laurent Carré à lcarreNO_SPAM@wanadoo.fr a écrit
le
> 13/10/02 22:29 :
>
> > Et moi qui râle parce que l'on m'a fait payer 17 Euros pour une nuit à
> > couple à Camaret.
> > Je devrais aller naviguer en Méditérannée quelques temps cela changerais
mes
> > échelles de valeurs.
>
> Bonjour,
 
 6 - De Alain Fosse le lundi 14 octobre 2002 à 18:14 
 
dans l'article de News, Eric Surzur, de Vannes à
vogue.marineNOSPAM@wanadoo.fr a écrit le 14/10/02 15:47 :

> Et tu t'es exécuté ? Tu avais peur d'être exécuté ?
> Je crois que je leur aurais demandé de déguerpir avant d'alerter les
> autorités. En dernier ressort je serais reparti, si possible.
> Ces gars-là étaient-ils vraiment des "officiels" ?
> Ca ne change rien au scandale, mais enfin...
> Eric.
Bah, faut bien que tout le monde vive...

Cordialement
Alain Fosse
 
 7 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:29 
 
Et voici la fin de ctte lamentable histoire...

L¹île d¹Elbe, en revanche, constitue  un véritable enchantement : chaque
petit port garde l¹empreinte du passé, tout en étant très animé. Marciana
Marina, Porto Ferraio, Porto Azzuro autant de petits joyaux posé sur l¹écrin
bleu de la mer (voilà que je deviens poète, maintenant !). C¹est bien
simple, je me demande ce qui à pris à Napoléon de quitter ce petit paradis
(faut dire, d¹une part qu¹il était logé assez chichement et que, d¹autre
part, à ce moment de sa calamiteuse carrière, il n¹était plus à une c...
près). Et pourtant, le temps, là encore ne fut pas de la partie ! Orages (ô
désespoir...) incessants, pluies diluviennes. Après avoir passé une partie
de la nuit à surveiller mon mouillage qui risquait de déraper sous des
bourrasque insensées et avoir été bombardé de grêlons gros comme des oeufs
de pigeons, tandis que l¹équipage ronflait, bien au chaud, sous sa couette,
j¹ai attrapé une crève dont tous les sirops toscans n¹ont pu venir à bout et
que je traîne encore aujourd¹hui.

Autre belle averse : l¹arrivée sur Porto Ferraio. Un tel rideau d¹eau (ris
dodo !) obstruait le paysage, que tout occupé que j¹étais à guetter les Moby
Dick et autres Tyreneans Ferries qui grouillent dans le coin, je suis passé
à même pas vingt mètres de l¹entrée du port, pourtant aisément identifiable.
J¹étais prêt à mouiller ( de toute façons, moi, je l¹étais déjà) lorsque
devant moi, j¹ai aperçu un riquiqui feu rouge, flanqué à sa droite d¹un
lumignon vert. Réflexe pavlovien ? Sans doute, toujours est-il que
m¹engageant dans cet improbable chenal j¹ai entr¹aperçu un catway vide qui
me tendait les bras (l¹image est hardie, mais je ne suis pas à ça près...).
Le temps  d¹y tourner deux solides amarres flanquées de deux gardes, de
prendre une douche chaude, et de me glisser sous la couette, Morphée m¹avait
pris dans ses bras. Emergeant, vers les dix-huit heures de la sieste
réparatrice et la pluie ayant enfin cessé, je découvris, en passant
précautionneusement la tête dehors, que je me trouvais dans un chantier
naval, quasiment désert, juste derrière le port. Eh bien, croyez-le ou non,
sur le coup de 19 heures il s¹est trouvé un gazier pour venir me réclamer
50 euros pour la nuit !

Le reste de cette épopée ne mérite guère que l¹on s¹y attarde, sauf à
évoquer la traversée de retour, Macinaggione-Fréjus, somptueuse avec bonne
brise de travers et des pointes à 7 noeuds 40, nuit étoilée, une assez forte
houle et l¹équipage, de plus en plus défait, d¹une jolie couleur vert
bronze, balançant, avec d¹horribles hoquets, fusées sur fusées.

Dernière misère : un créneau météo un peu trop étroit et nous revoilà
québlo, comme on dit maintenant, à Port Camargue. Un jour, deux, jours,
trois jours... Port Camargue fin septembre, je vous recommande! L¹équipage
mal remis de sa calamiteuse traversée continuait à hoqueter, déprimait,
errait dans les avenues venteuses et désertes du « plus grand port d¹Europe
» en répétant, tel un Du Bellay des temps modernes
«  Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village,
Fumer la cheminée et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison ».

Emu par tant de détresse (sous le rude écorce du marin, bat, malgré tout un
coeur tendre) j¹ai décidé de profiter d¹une accalmie tout relative et toute
précaire pour jouer les « Passagers du Vent » et rejoindre Gruissan où,
sagement rangée dans son garage, nous attendait notre automaboule qui devait
ramener l¹équipage à la vie parisienne, aux mondanités, aux papotages avec
les copines, au bridge; enfin la Vraie Vie, quoi...

Harnachés comme des terre-neuvas, le tourmentin exhumé du sac dans lequel il
coulait une paisible retraite et endraillé sur l¹étai volant, la GV au bas
ris, nous nous sommes lancés dans la remontée sauvage et, après avoir failli
faire demi-tour pour garer nos os (trempés) au Cap d¹Agde, nous avons
finalement embouqué la passe de Gruissan, toujours praticable par Tramontane
et retrouvé notre poste, nos potes. Quatre jours pour désaler, ranger,
désarmer, bichonner, protéger, « La Belle » et nous revoici à Paris.

On peut penser que j¹ai fait preuve d¹une certaine légèreté en partant au
beau milieu de ce que l¹on pourrait appeler sobrement un « joli coup de vent
» mais je ne le pense pas. Le Moody est un fort canot¹, à l¹accastillage
largement dimensionné, Port Camargue est suffisamment vaste pour envoyer la
toile à l¹intérieur du port, Gruissan permet lui aussi d¹affaler  dans le
chenal et il en allait de même de tous les abris possibles qui jalonnaient
ma route : Sète (à condition, d¹emprunter la passe de l¹est, réservé aux
cargos, en demandant l¹autorisation par VHF) et le cap d¹Agde. D¹autre part,
connaissant bien le coin, je savais que cela ne deviendrait vraiment méchant
qu¹après le cap d¹Agde et surtout après le cap Leaucate et plus loin, dans
les parages de Bear, or Gruissan est situé juste avant le cap Leucate. De
plus en adoptant la tactique locale qui consiste, en cas de Tram¹ à serrer
la côte au maximum, on est à peu près certain  de passer.

Voilà quelques impressions de ce périple humide, où les bons moments furent
cependant nombreux, les instants de grâce fugitifs mais intenses et le
plaisir de naviguer et de mener proprement son bateau, toujours présent.

(A suivre : les pannes, le matériel, la météo...)
 
 8 - De Jean-Pierre Cherene le vendredi 11 octobre 2002 à 22:58 
 
"Alain Fosse" <alainfosse@wanadoo.fr> a écrit dans le message de news:
B9CC6695.B825%alainfosse@wanadoo.fr...
> Et voici la fin de ctte lamentable histoire...
>
> Voilà quelques impressions de ce périple humide, où les bons moments
furent
> cependant nombreux, les instants de grâce fugitifs mais intenses et le
> plaisir de naviguer et de mener proprement son bateau, toujours présent.
>
> (A suivre : les pannes, le matériel, la météo...)

Merci Alain pour ce récit !

Jean-Pierre
 
 9 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:31 
 
Sur deux mois et demi pas de problèmes majeurs, il faut dire que le bateau
est très entretenu et suivi toute l¹année par un professionnel : les
moindres bobos sont aussitôt traités, moteurs (fixe et HB) sont hivernés, de
même que le groupe électrogène, les voiles sont rincées, séchées, révisées
par le voilier et stockées au sec tous les ans, enfin, le bateau passe trois
mois par an au sec pour que la coque sèche convenablement.

Quelques petites pannes cependant et c¹est normal. Outre la défaillance de
la batterie qui alimente le groupe. un relais du démarreur du moteur a lui
aussi rendu l¹âme? Heureusement, un tournevis judicieusement placé permet
d¹établir un contact et de faire démarrer tout de même le moteur jusqu¹à
l¹intervention de l¹homme de l¹art.

Plus enquiquinant, deux fuites d¹eau douce. En arrivant, dans un port,
l¹équipage, en bonne petite ménagère, se mit en devoir de vérifier la jauge
d¹eau douce. Horreur ! Elle affichait résolument zéro pointé, alors que le
plein avait été fait le matin même. Les fonds soulevés, on pouvait se rendre
compte que les quatre cents litres d¹eau y formaient une jolie piscine. Une
fois tout le bazar dûment asséché, j¹entrepris, sous une chaleur de bête, le
démontage frénétique de tous les planchers pour trouver le tuyau coupable.
Rien de rien, tous les raccords semblaient aussi serrés que le budget d¹un
smicard . Bon, il fallait donc s¹attaquer au démontage des banquettes du
carré pour accéder aux réservoirs. Là encore nib de nib : ils brillaient de
tout leur inox et pas la moindre goutte ne perlait. Seule solution remettre
de l¹eau et voir d¹où cela « pissait ». Ce qui fut fait et c¹est ainsi que
j¹ai pu déceler un joli petit ruisselet qui cascadait joyeusement sous la
cuisine, en venant du coffre du cockpit. Pas de doute, c¹était le
chauffe-eau qui s¹abandonnait. Vous me direz que l¹on n¹a pas besoin d¹un
chauffe-eau sur un bateau et je serai d¹accord mais, que voulez-vous, il
était là lorsque j¹ai acheté le bateau et de plus je ne tiens pas à me faire
étriper par l¹équipage en le supprimant.

Accéder au failli chauffe-eau ? Plus facile à dire qu¹à faire.  Ceux qui
connaissent le Moody savent que le coffre du cockpit, profond d¹un mètre
soixante dix, est une véritable cabine, dans lequel on descend par une
échelle. Le chauffe-eau se trouvant, intelligemment  placé sous le plancher
dudit coffre, il faut vider tout le satané fourniment que l¹on peut y
entasser : amarres, bout¹s, rallonges, prises, ancres de secours, chaîne,
cablot, seaux, lave-pont, parasol de madame, masques, palmes, bouteilles,
j¹en passe et des meilleurs... Le chauffe-eau atteint , il n¹était guère
sorcier de voir qu¹un serflex s¹étant lâchement desserré, le tuyau d¹arrivée
d¹eau était parti vivre sa vie à fond de cale et que, fatalement, « ça
marchait beaucoup moins bien qu¹avant ».

Quinze jours après, nouvelle alerte, nouvelle fuite, nouveau pompage et,
suivant le vieux principe que les mêmes causes produisent les mêmes effets,
nouvelle virée du côté du chauffe-eau. Stupeur, ce dernier, innocent comme
l¹agneau qui vient de naître, paraissait parfaitement étanche. Comme cette
nouvelle inondation se situait le lendemain du jour où un mécanicien  avait
changé le relais du démarreur du moteur, il était facile, en jetant un oeil
dans « la salle des machines », de se rendre compte que le brave homme, en
se tortillant  pour effectuer sa réparation, avait donné un maître coup de
coude dans le ballon hydrophore, déconnectant ainsi le tuyau de la pompe à
eau. Que d¹eau, que d¹eau!

Ça et les feux de pont qui fonctionnaient par intermittence et que j¹ai
magistralement et définitivement rendus HS en tentant de les réparer voici à
peu près les seules avaries à déplorer tout au long de ce deux mois. Pas de
quoi se plaindre.

(A suivre)
 
 10 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:35 
 
La manivelle de winch Modéa

Avant de partir, j¹avais expliqué ici-même, qu¹à cause de mes problèmes
d¹épaule, de mon âge canonique et de ma flemme congénitale j¹avais fait
l¹acquisition d¹un coûteux bidule du style manicraque de winch électrique.
En fait, je ne me suis servi de cette manivelle que pour monter la GV et,
pour cet usage, il faut bien dire que c¹est fa-bu-leux ! on peut s¹en
servir, bien sûr pour tous les winches du bateau, mais l¹appareil est tout
de même assez pesant et relié, par un fil, à une prise étanche; ceci limite
tout de même sa mobilité. Mais pour une GV entièrement lattée et donc assez
lourde comme la mienne, et surtout en équipage réduit à sa plus simple
expression, c¹est épatant.

Le Leisystem

L¹année dernière, j¹avais fait installer une grand-voile à enrouleur sur la
bôme de marque Leysistem. J¹avais connu quelques déboires et réservé mes
commentaires car l¹installateur devait procéder à des ajustements cet hiver.
Finalement le système fonctionne convenablement. L¹enroulement de la voile,
à l¹entrée au port ou la réduction de voilure se font aussi aisément que sur
un enrouleur de génois, le tout moyennant quelques précautions
indispensables. Si la bôme ne fait pas un angle de strictement 89° avec le
mât, le fourbi se coince irrémédiablement, la voile bloque et là, il n¹y a
plus qu¹à aller terminer la manoeuvre, en force, au pied de mât et à la
main. La solution : une forte balancine en pré-étiré avec un repère
soigneusement cousu de fil rouge qui indique sa position à l¹entrée du
bloqueur.

Autre problème : la bosse sans fin qui actionne, près du vit de mulet, le
tambour d¹enroulement revient à l¹arrière du cockpit et, pour ce faire,
passe par deux poulies au pied de mât. d¹où des coques sans fin, des noeuds,
des blocages, aussi bien pour hisser que pour affaler. Avec ma manicraque de
winch infernale (qui est assez puisante pour vous envoyer, sans coup férir,
un gaillard dans la mâture), il n¹était pas question de laisser cette
situation perdurer, sous peine de tout arracher lors de l¹envoi de la toile.

J¹ai simplement résolu la question en passant dans la bosse sans fin une
poulie ouvrante (ou, dans mon cas, une poulie dont on pouvait démonter la
joue) frappée sur un bout de sandow, lui-même frappé, en navigation, sur le
balcon arrière. La tension est constante mais assez souple pour permettre la
manoeuvre de la bosse et le circuit court sans aucun problème. Enfin, en
navigation, il est plus simple d¹enlever carrément la housse de GV, conçue
théoriquement pour rester à poste, les manoeuvres en sont simplifiées, les
interventions en cas d¹éventuels blocages plus aisées et surtout la housse
ne bat continuellement  au vent. La remettre à l¹escale prend deux ou trois
minutes.

Un bémol cependant. De par la nature même du système, la voile est forcément
très, très plate. De même lorsque l¹on naviguer avec la toile réduite, cette
dernière se tend sur la bôme et il faut quasiment renvoyer toute la toile
pour pouvoir l¹enrouler complètement et convenablement; enfin, par gros
temps, lors d¹une réduction équivalente à un troisième ris, la bôme à
tendance à plonger vers le cockpit et il ne vaudrait mieux pas empanner sous
peine d¹aller rejoindre notre regretté Tabarly... Ceci dit lorsque l¹on en
est à prendre trois ris, il vaut mieux, de toute façon, ne pas empanner.

(A suivre)
 
 11 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:41 
 
Côté documents, j¹avais acquis, par Internet, des cartes détaillées de tout
le coin. Ce sont des photocopies de cartes américaines de chez Bellingham
Charts, à L.A., qui sont parfaitement légales puisqu¹il n¹y a pas de
copyright aux USA. Ce n¹est pas forcément un excellent calcul : elles sont
beaucoup moins chères qu¹en France, d¹excellent lisibilité et le service de
Bellingham est tout à fait au point, mais si l¹on ajoute les frais de
transport par Fedex plus les taxes d¹entrée sur le territoire français, je
ne suis par certain que l¹on s¹y retrouve...

Ces cartes étaient complétées par l¹irremplaçable« Italian waters Pilot » de
Rod Heikel qui constitue une véritable mine d¹or et surtout offre une
garantie de sérieux et de fiabilité, notamment au niveau des waypoints que
n¹ont pas toujours les guides en langue française.

Enfin ceux qui ne veulent pas -ou ne peuvent pas- s'encombrer de tous ces
documents utiliseeront, avec profit, le Livre de Bord Méditerranée : c'est
un mine de renseignements inépuisables. Plans de ports (France, Espagne,
Italie), Feux, Météo, Ephémérides, Distances, Itinéraires, tout y est. C'est
bien simple, je ne saurais pas (comme disent nos amis d'outre-Quiévrain)
m'en passer.

Côté électronique, outre ma centrale NKE (qui bat un peu la breloque), je
possède également un DGPS FX 412 qui couplé avec un déjà ancien lecteur de
cartes Garmin et des cartouches C-MAP (chères) m¹a donné toute satisfaction,
dans la mesure où je n¹accorde pas une confiance aveugle à ce système,
surtout dans les zones un peu caillouteuses de la Sardaigne. Mon vieux radar
Koden (9 ou 10 ans) avec son grand écran plein-jour m¹a été d¹une aide
précieuse pendant les traversées et la VHF d¹Eric, embarquée en plus de ma
VHF fixe, s¹est révélée un outil fiable, tenant remarquablement la charge et
très précieuse pour les arrivées de port. Je ne ferai qu¹un reproche à ce
petit bijou : la conception complètement ratée du bouchon de protection de
la prise du chargeur. Dès le premier jour, il s¹est détaché, au bout du
troisième jour, il s¹était fait la belle et je n¹ai jamais pu remettre la
main dessus.

Toujours au chapitre des communications, depuis que je suis en prétraite,
j¹ai démonté mon téléphone de voiture d¹une puissance de 8 watts et l¹ai
monté sur le bateau, directement  alimenté  par une des batteries de service
et relié à une grosse antenne marine fixée sur le balcon arrière. La
réception est excellente, même assez loin des côtes et il n¹y a pas à se
soucier de le recharger : en arrivant sur le bateau, je glisse ma carte SIM
dans le poste fixe, mets ce dernier en marche et ne m¹en soucie plus jusqu¹à
la fin des vacances.

Cela ne remplace aucunement la VHF, mais permet de rester en contact avec sa
vieille maman et, pour peu que vous ayez transféré votre téléphone-maison
(comme disait E.T.), vous aurez le délicat plaisir de vous entendre proposer
des doubles vitrages par des télévendeurs, alors que vous balancez
nonchalamment au creux d¹un mouillage paradisiaque.

C¹est ça, aussi la joie des vacances

A suivre...
 
 12 - De Alain Fosse le vendredi 11 octobre 2002 à 11:47 
 
La VHF en France

Les bulletins du CROSS
Tant que l¹on est en France (continent ou Corse) pas de problème, le CROSS
La Garde transmet, trois fois par jour, sur ses différents émetteurs (canal
79 ou 80, après appel sur le 16) les bulletins élaborés par Météo-France
Aix-en-Provence.
L¹heure indiquée sur, par exemple, Le Livre de Bord ou sur le Bloc Marine,
n¹est pas toujours respectée (je suppose que cela dépend du trafic en
instance à ce moment-là), le bulletin est souvent lu, en ânonnant
péniblement - à se demander si les opérateurs ont besoin d¹une nouvelle
paire de lunettes ou d¹un stage de lecture accéléré - mais cela reste tout
de même un outil irremplaçable.

Monaco Radio
Diffusion, en continu, sur les canaux 23, 24 et 25 des bulletins  de
Météo-France, actualisés trois fois par jour. En français et en anglais.
Couvre la zone de Port-Camargue à la frontière italienne et la Corse.
Ultra-pratique, mais pas toujours audible sur la côte est de la Corse.

La VHF en Italie
Il Centro Nazionale di Meteorologica e Climatologia Aeronautica diffuse, en
continu et en italien  et en anglais, un bulletin extrêmement complet sur
toutes les zones de Méditerranée (canal 68, il me semble). Actualisé trois
fois par jour, ce bulletin est lu d¹une manière extrêmement lente et audible
et se révèle facilement compréhensible, même si l¹on n¹est pas un
inconditionnel des langues de Dante et de Shakespeare on le comprend sans
peine.
Il est prudent de se procurer une carte des zones météo italiennes qui ne
sont pas (vive l¹Europe !) les mêmes que les nôtres.
-----------
En BLU
CROSS La Garde (Méditerranée occidentale, partie nord) appel sur 1696 kHz,
puis dégagement sur 2677 kHz. Dès réception, puis toutes les quatre heures à
H+03. En français et en anglais.
Monaco radio (Méditerranée occidentale, partie nord) 4363 kHz. 9h03, 14h03,
19h15 (heure légale. En français et en anglais.
-------------
Navtex
International (518 kHz)
Bulletin en anglais depuis l¹émetteur du CROSS La Garde.
Lettre d¹identification W : bulletins à 11h40 et 23h40 UTC
National (490 kHz)
Bulletin en français depuis l¹émetteur du CROSS La Garde.
Lettre d¹identification S : Bulletins à 7h et 19h. UTC
A noter que le Navtex (du moins  le mien) ne fonctionne que médiocrement en
Sardaigne. De toute façons, les indications données concernent surtout le
large et ne sont véritablement utiles que pour une traversée ou pour mieux
saisir l¹évolution de la situation dans son ensemble.
-----------------
Les autres moyens
Restent évidemment ceux que tout le monde connaît : le répondeur de
Météo-France, les météos de Capitaineries (parfois complètement ahurissantes
!) les grandes ondes... l¹observation du ciel et le pifomètre.

Voilà c'est terminé, pardon d'avoir "mobilisé" le forum et merci aux
courageux qui ont pris la peine de me lire. Vous retrouverez tout ceci plus
quelques photos sur mon site.

Cordialement.
Alain Fosse
http://perso.wanadoo.fr/afosse
 
 13 - De Sophie L le vendredi 11 octobre 2002 à 23:07 
 
Bonsoir Alain, tout le monde,
Alain Fosse wrote:
> Voilà c'est terminé, pardon d'avoir "mobilisé" le forum

"Mobiliser" le forum avec des messages en charte ??? Tes textes sont
vraiment agréables à lire (c'est un métier :^), et ils sont plein
d'informations précieuses pour ceux qui envisagent de naviguer dans ce
coin-là...

Merci pour ce récit (et pour les photos).

--
Sophie, (loin) de Granville              http://www.terremer.net
Les FAQs du forum :  http://frbateaux.net
 

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