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Je reçois de temps en temps de longs mails comme celui la d'amis croisés au
hasard des mouillages. Si cela intéresse certains je recommencerai, si c'est
pour prendre une bordée d'injures parce que ça ne parle pas d'impôts, de
Manche ou de bateau qui vont plus vite que les autres, promis je referai
plus ...
Il s'agit cette fois de "La Grande Ourse" Goélette ferro équipée par
Christophe, Béa et leur fils Brice.
Bonjour à tous,
"...Après notre escale de plusieurs jours à Las Palmas (Grand
Canaria), nous avons mis le cap sur Dakar. Le premier jour, un bon vent
nous a poussé vers le Sud. Le 3ème jour, nous subissons un coup de vent
Force 8 qui nous oblige à réduire la toile. La mer devient de + en +
forte, les creux atteignent 4 à 5 mètres et on commence à avoir des vagues
déferlantes. Une de celle-ci se fracasse sur notre derrière et brise la
pale immergée du régulateur d'allure. Et erreur de ma part, je n'en ai pas
de rechange. Cela nous oblige à barrer le reste du temps. Avec Béa, nous
nous relayons toutes les 3 heures le jour et toutes les 2 heures la nuit. Le
temps nous oblige à manouvrer : prise de ris, larguer le ris, etc... Nous
sommes crevés mais heureux de faire une longue navigation. De plus l'Afrique
nous attend. Le 5ème jour, 2ème coup de vent, force 8, nous nous
habituons même si dans la nuit Béa se fait éjecter de sa couchette dans un
gros
coup de gîte. Il faut dire qu'à l'intérieur, ça secoue fort. C'est une vraie
gymnastique pour préparer à manger car même si Brice a parfois le mal de
mer, il réclame à manger et nous même avons besoin de prendre des forces.
Nous croisons beaucoup de cargos. La météo annonçant du 4 à 6, mais en
plus de l'alizé, nous prenons un vent chaud venant de la Mauritanie et
cela renforce le vent. Nous sommes à 2 bateaux mais nous nous perdons
rapidement de vue. Le 6ème jour, cela se calme enfin et nous pouvons mettre
notre pilote électrique en route, ça nous soulage. Celui-ci n'étant
pas assez costaud pour les conditions de mer que nous avions eu. Nous
mettons une ligne à l'eau et nous pêchons une dorade coryphène de 1 mètre de
long. Ses couleurs sont magnifiques. Nous en salons une partie. L'autre
partie, nous la réservons pour l'escale.
Au matin du 7ème jour, les côtes africaines apparaissent
et avec elles les pirogues qui vont pêcher très au large, viennent ensuite
les odeurs de la terre car au large, ça ne sent rien à part le sel que
nous avons pris par kilos dans les embruns. Naviguer dans cette chaleur avec
les cirés, je ne vous raconte pas...
Nous longeons la pointe des Almadies, puis le cap vert,
les îles de la Madeleine et enfin l'île de Gorée (d'où partait le triste
commerce triangulaire. Nous irons la visiter dans qques jours.
Enfin, nous mouillons dans la baie de Hann (Dakar) devant le club de voile
de
Dakar. Il y a là une quarantaine de bateaux du voyage.
Un bateau copain est déjà arrivé. Le bateau avec qui nous
sommes partis de Las Palma n'est pas là et nous sommes un peu inquiet car
il est normalement plus rapide que nous. 5 heures après il arrive. Lui, il
s'est écarté des côtes Mauritaniennes mais a subi le même temps que nous.
Une bonne douche, une bonne bière fraîche puis avec les copains dégustation
de la dorade. Le lendemain, nous visitons Dakar après avoir rendu visite
aux autorités portuaires. Dakar ville bruyante, étonnante, mais nous
l'aimons beaucoup.
Nous avons visité le superbe musée d'arts africains. Nous
irons aussi voir le lac Rose (arrivée du Paris-Dakar) et un village loin
des circuits touristiques et c'est tant mieux car au lac Rose on doit
nous prendre pour des touristes du club Med. Eux en 8 jours ils dépensent
mais nous pauvres plaisanciers nous comptons nos sous. Les vendeurs de
souvenirs ont du mal à comprendre que l'on achète rien.
Nous prenons souvent nos repas (10 frs) dans un petit
resto. En France, on n'y mettrait pas les pieds mais la cuisine est
succulente, épicée. Les intestins en prennent un coup ...
Au club de voile, il y a plein d'enfants du voyage et l'ambiance est des
plus sympa (entre adultes aussi d'ailleurs).
En Afrique, ils savent tout faire. Il me faut 2 pales de régulateur de
rechange. Ils me réparent une pièce en inox qui fixe la misaine et qui
s'est arrachée dans le coup de vent. Le tout pour une somme dérisoire. On
nous
parlait de faire attention aux vols et agressions. On n'a vraiment eu aucun
problème. Il suffit de ne pas provoquer.
Les gens sont accueillants. Nous sommes heureux. On a l'impression que
notre voyage commence maintenant.
Les 2 autres bateaux que nous attendions sont maintenant arrivés. Nous
avons décidé de remonter le fleuve Gambie à 5 c'est plus sécurisant surtout
en
mer où il faut parfois se méfier de certaines pirogues. Un des bateaux
(cata)
qui s'est éloigné du groupe s'est fait courser dans la nuit par une pirogue
: moteur parfois à fond puis il s'arrête près du bateau comme ça pendant
une 1/2 heure. Nous sommes restés groupés avec des fusées à portée de
main...
Le vent est très faible. Nous n'avançons pas et c'est à 1 heure du matin que
nous mouillons l'ancre devant Banjul. Vive le GPS car pour les balises
portées sur les cartes, elles brillent par leur absence.
Quelle chaleur ! Le lendemain matin, les autorités portuaires attendent que
l'on soit réveillés et viennent près des bateaux pour nous souhaités
Welcome to Gambia ! et nous indique les bureaux où faire les
papiers. Ils mettent à notre disposition un marin stagiaire qui nous conduit
dans les bureaux et changer de l'argent pour payer le droit de remonter (pas
cher, mais les visas sont à 150 frs/personne). On change l'argent dans
la rue car plus intéressant qu'à la banque.
Banjul pauvre mais plus propre que Dakar (héritage anglais ?). Les vendeurs
de rues insistent moins qu'au Sénégal. Le lendemain, nous levons l'ancre
avec la marée montante, sous spi (ou booster pour moi) nous entamons la
remontée du fleuve. Cinq bateaux aux voiles colorées, c'est joli. Mais nous
rencontrerons les plus beaux paysages dans quelques jours. A la renverse de
marée, nous mouillons devant un bolon (affluent).
Nous le remontons avec les annexes et nous pouvons faire connaissance avec
nos premiers singes dont un babouin très agressif. Nous nous tenons à bonne
distance. Quelle faune !
Le 3ème jour, nous mouillons devant le village de Balingo. Les enfants
viennent nous voir. Nous troquerons des poissons contre des crayons, des
cahiers, des cigarettes. Les enfants du village proposent aux nôtres une
partie de foot. L'accueil au village est super : les femmes se changent,
mettent de beaux habits pour nous accueillir.
Une femme s'est blessée et comme une infirmière est parmi nous, elle sera
soignée. Le soir, nous grillons les poissons sur la plage. Un homme du
village nous propose contre des cartouches de nous tuer un cochon sauvage
quand nous redescendrons la rivière.
Au Sénégal (pays plus riche), les enfants veulent troquer des souvenirs
contre de l'argent. Ici, les enfants nous réclament surtout des crayons et
des cahiers pour étudier à l'école. L'aide internationale servirait-elle
plus à l'achat d'armes qu'à l'éducation de ces enfants ?
Nous nous posons la question...
En tout cas, elle ne semble pas atteindre ces villages ou si peu.
Le 4ème jour, mouillage devant Kau-ur. C'est un grand village. On y trouve
des légumes et même du pain.
Le fleuve se rétrécit, nous sommes près de la faune, qui ici grouille. La
nuit, la forêt résonne de tous les bruits d'animaux.
Le 5ème jour, nous mouillons devant Niani Mara . Ici les gens ne parlent
pas anglais qui est la langue officielle mais le wolof... Au petit matin,
nous
visitons le village. Les constructions sont traditionnelles :terre cuite et
paille de sorgho. Elles sont disposées par famille autour d'une petite cour
ombragé et le tout très propre (grande différence avec les grandes villes).
On nous parle d'un projet d'irrigation car ici l'eau est douce dans le
fleuve mais il manque de tout : outil motopompe, semences... Avec des
moyens dérisoires, ils font pousser des courges, pastèques, piments,
aubergines et
petites tomates. Nous sommes au 19ème siècle. Mais quelle gentillesse !
Ils nous invitent à les prendre en photo et à les leur expédier. Nous
tiendrons notre promesse. Maintenant nos enfants se baignent avec ceux du
village. Nous sommes un peu honteux d'avoir des déchets et nous ne savons
qu'en faire sauf pour les bouteilles en plastique. Celles-ci font des
heureux. Quelle prise de conscience pour nous enfants (et nous même).
Le 6ème jour, nous mouillons devant un banc de sable où nous espérons voir
les hippopotames. Nous arrivons de nuit (merci GPS). La nuit, les bruits de
la forêt sont impressionnants.
7ème jour, arrivée à Georgetown, ville où il y a eu quelques industries du
temps où les anglais étaient présents. Les enfants nous font visiter leur
école qui possède un internat très propre. Ces écoles sont financées par
différents pays ou industries dont ELF par exemple. Nous sommes reçu par
le proviseur.
Nous rencontrons aussi deux médecins et une infirmière cubains (il y en a
250 en Gambie). Leur mission est financé par Taïwan et l'Afrique du Sud.
Nous offrons des médicaments. Nous sommes suivi par les enfants qui veulent
que l'on prenne des photos pour leur expédier.
Le soir, nous irons manger dans un petit resto, une spécialité locale :
mouton riz piment : DAMODA.
Nous entamons la descente du fleuve pour nous arrêter dans les endroits qui
nous ont plu et découvrir d'autres bolons entre les îlots. Là, nous verrons
singes, hippopotames. A l'aube, j'aperçois deux crocodiles nageant pas loin
du bateau. Devant Baboon Island, un énorme hippopotame nous impressionne
tant par sa taille que par ses rugissements. Visiblement on dérange la
famille mais c'est tellement beau.
Nous sommes arrivés à Banjul, fin de notre balade Gambienne.
Demain, nous partons pour le Cap Vert ... "
Le 8 Décembre 2000
Nous sommes partis de Banjul en tirant un bord vers Dakar afin de
prendre ensuite des bons vents. Faible au départ, au fil des jours il
devient modéré à fort en arrivant sur l'archipel du cap vert. Nous avons
mis 4 jours1/2 et nous sommes arrivés de nuit sur l'île de
Sal. Nous avons ancré pour la nuit mais le mouillage étant tellement rouleur
que nous sommes partis pour Palmeira ( plus abrité). 12 miles au près
serré dans une mer forte. Malheureusement nous n'avons pas visité Boavista
(il y a de belles langoustes) car des bateaux arrivant de là nous ont
annoncé que les mouillages étaient impraticables ( 3 mètres de houle).
Visite de l'île puis nous sommes partis pour Sao Nicolau. Dommage je n'ai
pas
quitté le bateau car il y avait des rafales à 45 nouds au mouillage. Un
autre bateau a levé notre ancre et nous avons dérapé. Ensuite cap sur
Mindelo
pour les pleins d'eau et de gas oil. Nous en avons profité pour aller sur
l'île Sao Antao.
Magnifique ! Des paysages sublimes. Le peuple Capverdien
est très accueillant. La beauté des paysages nous a séduit mais
le relief des ces îles créé des vents forts rendant les ancrages stressants.
Dans quelques jours, nous mettons le cap sur la Guadeloupe et si les vents
sont bons, nous serons à la fin de l'année aux Antilles.
Noël sera fêté en mer.
A Bientôt à tous et bonnes fêtes de fin d'année."
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