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Eric Surzur, de Vannes <vogue.marine@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
als4sq$56r$1@wanadoo.fr...
> Bonjour,
> Qu'est-ce qui vous a donné l'envie d'aller sur l'eau la première
> fois ? (...)
Bonjour à tous et à toutes,
Oui, la vraie première fois, la vraie première impulsion ? Intéressant. Il
faut bien chercher et remonter. On a facilement conscience du faisceau de
souvenirs qui concourent à dessiner le premier indice, mais l'impulsion ?
The real one ?
Ca pourrait être les heures dans le jardin de banlieue (91) à jouer avec mon
frère autour de la bassine d'eau chauffée au soleil, pendant les grandes
vacances. Les Matchbox coulaient directement mais les bateaux Bonux
partaient à la surface transparente et croisaient les malheureuses fourmis
piquées sur le cerisier. Passagères clandestines qui devaient souvent
partager la croisière avec un soldat américain, qui devait lui-même parfois
batailler contre un Chéyenne ou un cow-boy, catapulté depuis le ranch, un
peu plus loin sur la pelouse...
Ou bien ce livre, offert par ma grand-mère: "Les secrets de la mer Rouge" ?
Il est encore à côté de moi. Un choc, quand je l'avais ouvert. Je ne savais
pas qu'il y avait des aventuriers comme ça, en vrai. Je ne l'ai lu en entier
que bien des années plus tard, et tous les autres aussi, mais le souvenir de
ces photos était là pour me faire penser à la mer Rouge.
Ou alors une visite sur les épaules de mon père, au CNIT, lieu mythique du
Salon ? A l'époque , je ne me doutais même pas que ce genre de fantaisie
puisse exister: des bateaux au sec et à Paris ! Déjà, Paris, pour moi, le
rat de banlieue, en culottes courtes et blazer...Je me souviens de gens qui
fumaient la pipe, en col roulé, je revois l'ALOUETTE de la Gendarmerie,
exposée quelque part.
Je me souviens aussi parfaitement avoir vu L'HERETIQUE: était-ce au musée de
la Marine ? Bien possible. En tous cas je pense, maintenant que je tape ces
lignes, que mon jeune cerveau recevait comme des ondes magnétiques ces
commentaires quasi-religieux que faisait mon père, commentaires tout pleins
d'admiration pour Bombard, pour Moitessier, pour son confrère Olivier
Stern-Veyrin(*), pour Anne Mikaïlof, qu'il avait connue au CNG et dont je
revois le bateau pour la Transat: un bateau en alu de 10 m, dans mes
souvenirs, avec du Treadmaster gris.
Moitessier...Je ne crois pas pouvoir oublier la FOULE et la fumée, salle
Pleyel, quelque temps après qu'il ait annoncé qu'il continuait son tour du
monde. Françoise, se femme était là pour présenter les films passés par le
lance-pierre de Bernard. J'ai cru que j'allais mourir étouffé dans cette
cohue en nocturne. L'ambiance était électrique...à un point Je crois qu'il
n'y avait pas un type qui arrivait à rester sur son fauteuil (bois moulé à
ressort, genre ciné-club de lycée) normalement plus de 10 secondes, les yeux
usant l'écran de la grand-messe. J'avais l'impression qu'il se passait
vraiment qq chose, là.
A quoi peut-on comparer ça ? Ca ne devait pas être loin de ce que ça aurait
été, dans la salle de contrôle des vols, à Houston, si Aldrin, Lowell et
Armstrong avaient dit:
- désolés, les gars, mais on continue vers Andromède, c'est trop beau, vous
ne pouvez pas imaginer, on est heureux dans l'Espace, vous pouvez pas
imaginer, on peut pas rentrer, on continue pour sauver notre âme...
Ca, ça m'a marqué et il y avait de quoi.
Ensuite, les samedi, sur le lac de Viry-Chatillon, à faire de l'Optimist, le
moniteur qui tapait sur les boudins de son Zodiac, sous la pluie, en
gueulant de bonheur "Ca, c'est de la voile Nom de Dieu !" quand, nous, on
voyait la marotte noyée sous la poussée de l'eau en furie ! Mais, là,
c'était déjà parti, le virus !
Avant il y avait eu les départs de Saint-Maur (94), devant chez mon
grand-père, avec le Fennec, rouge, sur sa remorque, sanglé de partout,
chose étrange qui venait me chercher devant le club Mickey, à Damgan (56).
Je faisais le "focquier" comme dit mon plus jeune fils aujourd'hui. La
boucle est bouclée...
Merci Jean, merci Margueritte, merci Bernard, Alain, Georges, Henri, James,
Jean-Louis, Francis, Marcel, Olivier, Françoise,
Eric.........................
Eric.
(*) le démon de l'astro, c'est lui. Je l'ai eu au téléphone il y a quelques
mois: toujours prêt à re-raconter Portsmouth-Le Cap et ses options météo
pour la cent-millième fois !
Sacré Olivier ! Si ça ne s'appelle pas le feu de Dieu, ça !
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