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> > > Y'en a qu'une : ne surtout jamais espérer initier au bateau la femme
> > > qu'on a épousée... Par contre, initier au mariage celle avec qui on a
> > > fait du bateau, c'est ça le secret du bonheur !
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> > Et vous ? Méthode ?
Homme/Femme Mode d'emploi...
L'homme est un roseau pensant disait Pascal, il aurait été bien
inspiré d'ajouter un roseau " généralement " pensant car tout aussi
éperdu d'absolu que soit l'homme il arrive parfois que sa basse
condition de mammifère s'exprimant de façon relativement primitive
prenne le pas sur ses plus hautes aspirations. Car bien qu'il lui
répugne fort de l'admettre l'homme est un animal appartenant à
l'espèce des mammifères, surtout la femme d'ailleurs, et lorsqu'elle
pousse la complaisance envers cette appartenance jusqu'à un petit
quatre-vingt quinze bonnet C, l'homme se dit alors en lui-même que le
monde est rudement bien fait et qu'il aurait été plutôt vexé
d'appartenir à une espèce moins prodigue en signes extérieurs de
fémilité. De ce point de vue l'homme ne se serait pas très bien vu en
lamellibranche encore qu'il lui arrive fréquemment de se comporter en
mollusque.
En vertu de sa condition animale l'homme n'échappe pas à une
préoccupation qui tracasse à intervalle régulier les mâles de toutes
les espèces confondues ; la quête de la femelle. En ce qui concerne
l'homme, la civilisation aidant, ce qui n'était qu'une simple
formalité empreinte d'une convivialité dépourvue de simagrées s'est
transformée en un rituel compliqué fait d'une infinité de règles
emplies d'un ésotérisme qui ravirait le cabaliste le plus fervent.
Certains représentants déviants de l'espèce ayant trouvé dans ce
rituel un sens à leur existence lui consacrent l'essentiel de leur
temps et de leurs efforts, les autres regrettent l'époque heureuse où
une grande claque sur l'épaule de la femelle suivie d'un index
pointant sur le bas-ventre agrémenté d'un grognement tendre et
mélodieux suffisait à faire comprendre à celle-ci la nature du
tourment spirituel qui vous empoignait à ce moment précis. Soit
celle-ci faisait preuve de bonne volonté et par une posture adéquate
montrait qu'il était permis d'entrer séance tenante dans le vif du
sujet, soit manifestait une indifférence que des caresses
préliminaires à grands coups de fémur de mammouth transformaient en
adhésion bruyante.
Quelles que soient les dispositions de la femelle le tout ne prenait
pas plus de trois minutes à la grande joie d'au moins un des
participants. Il arrivait parfois qu'il faille se munir d'une massue
pour aller convaincre un autre mâle sournoisement accapareur quant à
l'utilité de la mise en commun de précieuses ressources naturelles,
mais ce n'était toutefois qu'un avatar qui ne remettait pas en cause
l'existence d'un système fonctionnant à la satisfaction générale. Un
système dans lequel il n'était nullement besoin d'obtenir
l'autorisation de la femelle pour parvenir à ses fins. L'âge d'or
quoi.
De nos jours l'assentiment de la femelle est un préalable nécessaire,
ce qui se révèle généralement malaisé car la femelle en question est
rarement convaincue du bien-fondé de vos prétentions. Et même si le
but ultime n'a pas changé dans sa roborative simplicité les prémisses
en sont devenus tellement compliqués que l'on se demande parfois si
dans certains cas relevant plus de l'hygiène corporelle que de
l'élévation spirituelle le recours à des palliatifs manuels pour
honteux qu'ils soient ne se justifierait pas. Comme on le voit le
progrès n'est pas toujours porteur de simplification et trahit
quelquefois les espoirs que l'on aurait pu mettre en lui.
Pour accomplir son destin de mâle l'homme est muni d'organes dont la
laideur affligeante est très largement compensée par une excellente
adéquation au but visé. C'est la moindre des choses me direz-vous,
certes mais cela n'est pas toujours aussi évident, tout le monde a vu
au moins une fois dans sa vie un quidam pourvu d'une tête hideuse au
cerveau plein de synapses en court-circuit en faisant quelque chose de
parfaitement inutilisable, la nature n'est pas toujours aussi
rigoureuse qu'elle se devrait de l'être. On doit pouvoir trouver
d'autres exemples d'inadéquation foncière. Si le coeur vous en dit.
L'homme est donc muni d'un appareillage comportant deux boules plus ou
moins volumineuses appelées testicules complétées d'une plomberie
compliquée et au détail pas vraiment passionnant chargée de produire
une liquide aussi blanchâtre que gluant, vaguement répugnant en un
mot, appelé sperme, le tout enfermé dans une enveloppe cutanée ou
scrotum surmonté d'un appendice nommé pénis, tout cela abondamment
recouvert d'une pilosité dont le soyeux évoque plus facilement le
tapis-brosse pur fibres de coco que le vison. l'homme tire de son
pénis une fierté dont l'ampleur est directement fonction de la taille
de celui-ci, on dit de l'homme qu'il a des joies simples.
Il semblerait selon des milieux autorisés, et ce malgré qu'elle s'en
défende ardemment, que la femme ne serait pas aussi indifférente à la
taille de l'outillage que ses discours sur les qualités du partenaire
idéal pourraient le laisser croire. On peut toutefois légitimement
soupçonner les milieux dits autorisés d'une certaine perfidie car il
est bien évident qu'intelligence, culture et sens de l'humour, toutes
qualités fort prisées dans les dîners en ville sont indispensables en
toutes situations, notamment durant les exercices qui font parfois
suite à ces mêmes dîners.
Lorsque la pression exercée par le sperme accumulé dans ses testicules
devient trop forte, l'homme est alors pris d'une envie aussi
irrésistible que généreuse de faire partager ce surplus liquide à une
personne favorablement disposée, on dit alors de l'homme qu'il devient
romantique. C'est à ce moment précis que commencent les désagréments,
c'est le début d'un itinéraire auprès duquel un parcours du combattant
type stage commando pour troupe d'élite particulièrement féroce
passerait pour une promenade de grabataire.
Jeter son dévolu sur une représentante décemment comestible du sexe
opposé avec qui partager un trop-plein de spiritualité en échanges
enrichissants n'est pas en soi une difficulté car la femme est
abondante en quantité comme en qualité sous nos latitudes, le problème
étant d'obtenir en retour de l'élue un intérêt, même vague. Les échecs
seront nombreux la quête sera longue et semée d'embûches mais lorsque
vous arriverez enfin à susciter cette étincelle d'intérêt sans
laquelle rien n'est possible il ne faudra pas pour autant vous croire
arrivé au bout de vos peines. La femme est naturellement madrée, elle
ne se fait aucune illusion sur le but que vous poursuivez et va vous
faire payer chèrement le prix d'une reddition dont elle a déjà décidé
du moment opportun.
L'homme tout à sa transe amoureuse va alors se lancer dans une
succession de rites qui ne sont pas sans rappeler la parade amoureuse
du dindon, offrant des fleurs ou des bijoux là où le gallinacé
glougloute les plumes de la queue en éventail, allant dans les cas les
plus graves jusqu'à écrire des poèmes, le dindon est généralement
moins ridicule.
Cette période de gestation amoureuse peut durer relativement longtemps
à la grande joie de commerçants comblés au nombre desquels on peut
compter sans hésiter les fleuristes les bijoutiers et les
restaurateurs prospérant en véritables parasites de la séduction. Et
un beau jour quand elle jugera les étapes nécessaires dûment franchies
la femme fera comprendre au moyens de signaux infiniment subtils
qu'elle enverra à son partenaire qu'enfin elle consent et que ce soir
sera LE soir où pourra s'accomplir enfin le rituel tant attendu, le
soir où l'homme va exprimer en trois ou quatre minutes dans le délire
de sens en fusion tout un potentiel jusque là injustement bridé.
Il l'aura attendu ce moment où arc-bouté au dessus de sa conquête, se
trémoussant spasmodiquement avec dans les yeux juste ce qu'il faut de
révulsé pour évoquer la plus belle tête de veau à l'étal d'un tripier
il pourra enfin expulser dans un grand cri de bûcheron ce surplus de
sentiment qui lui gonflait le coeur. Puis avant de s'abattre sur le
dos comme un grand chêne foudroyé, en poussant un énorme soupir de
ravissement juste avant de plonger dans un profond sommeil, l'homme
prendra le temps de s'enquérir du bien-être de sa compagne au moyen de
cette phrase toute en délicatesse et beauté " Alors heureuse ? ", car
l'homme n'est pas égoïste.
Machin/Régis
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