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Brest-Galway : une histoire...    
30 messages du 17/06/2002 au 19/06/2002    

 1 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:12 
 
Bonjour à tous,

De retour d'une belle croisière de Brest à Galway, et un seul regret :
c'était trop court !
J'avais fait pour une fois infidélité à La Granvillaise, double
infidélité même puisque j'ai embarqué sur un vaisseau breton, mais
toujours dans la même ambiance "bateaux traditionnels", puisque j'ai
embarqué sur La Recouvrance, la belle goélette de Brest. Histoire de
voir comment un autre de ces "jeunes vieux gréements" se débrouille sur
l'eau, histoire aussi de traverser la Manche à la voile pour la première
fois et d'en faire une expérience magique par la grâce d'une goélette si
belle et si confortable !

Voilà l'histoire de ce voyage, en quelques épisodes. Je vous préviens,
c'est long, et il n'y a pas vraiment d'expériences inédites ou de
difficultés particulières qui pourraient faire l'objet d'une utile leçon
de mer... Juste un vieux rêve, de cette traversée, de ce bateau et de
cette destination, enfin réalisé !

Pour ceux qui n'ont pas la patience de tout lire : il a fait beau et La
Recouvrance est un bon bateau. On est parti au portant et on a fini au
prés, on a mis 72 heures pour attendre le Fastnet en quelques bords,
puis 3 autres jours pour remonter jusqu'à Galway en longeant la côte et
en s'arrêtant dans des petites baies tranquilles. On a eu des moments
magiques, quelques moments un peu plus durs, mais rien de bien grave.
Personne n'a été malade. J'ai des souvenirs à revendre pour les longues
soirées d'hiver. On n'a pas croisé de frbistes. Et j'espère que je
retournerai en Irlande, avec un peu plus de temps devant moi...

Merci de votre attention, bon vent à ceux qui naviguent et bon courage à
ceux qui ne naviguent pas !

--
Sophie, (loin) de Granville              http://www.terremer.net
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 2 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:16 
 
Bonjour à tous,

Une traversée, ça commence d'abord par un bateau. Alors, embarquement
immédiat sur la goélette La Recouvrance, amarrée au Quai Malbert dans le
port de commerce de Brest !

Vingt-cinq m de coque (42m hors-tout), 6.40 m de maitre-bau et 3.20 de
tirant d'eau, cette goélette est la réplique d'un aviso, bateau
militaire du siècle dernier. L'Iris, dont les plans ont été établis par
l'ingénieur Hubert vers 1817 (ainsi que 4 autres bateaux similaires)
servait au transport du courrier urgent, ainsi qu'à des missions de
surveillance et de protection des navires de commerces, sur les côtes
d'Afrique et aux Antilles, avec une cinquantaine d'hommes à bord.

Aujourd'hui propriété de la ville de Brest dont elle est le
navire-ambassadeur, elle a été reconstruite dans le cadre du concours
"Bateaux des Côtes de France", lancé par le Chasse-Marée à la fin des
années 80 - début des années 90. La reconstruction, lancée à
l'initiative d'un groupe d'individuels passionnés regroupés en
association, commence en 1991 au Chantier naval du Guip, à Brest. La
solidité prime sur la légèreté : le bateau terminé déplace 150 tonnes,
mais est construit pour naviguer au moins un siècle !

La coque a été mise à l'eau le 14 juillet 1992, pendant les festivités
du grand rassemblement de Brest 92. Il faudra encore presque un an de
travaux pour que la goélette reçoive son gréément et puisse faire ses
premiers bords sous voile. Elle est gréée en goélette à hunier, sur deux
mats à forte quête vers l'arrière : trois voiles d'avant au bout du long
baupré (grand foc, petit foc, trinquette); deux voiles auriques, une
misaine à bordure libre et une brigantine (ou grand voile) avec un gui
(bôme), et 4 voiles hautes, un hunier et un perroquet sur le mat de
misaine, une voile d'étai entre les deux mats, et une voile de flèche
au-dessus de la grand-voile. Belle garde-robe de 430m2 ! Et il y a
encore de la toile cachée… Vous verrez plus tard.

Mis à part un guindeau électrique et une barre à roue hydraulique, peu
de concessions à la modernité ont été faites sur le pont : pas de winch
ni de taquet coinceur ! L'intérieur, en revanche, magnifiquement aménagé
et décoré dans le style Restauration des appartements des officiers de
l'époque, jouit de tout le confort moderne (ou presque !). A l'avant du
grand mat, on descend tout d'abord dans le carré. De part et d'autre
d'un large espace de circulation (parquet vernis peint en trompe-l'oeil
marquetterie - joli mais très glissant à la gite !), deux grandes tables
avec banquettes en U accueillent chacune 8 personnes. Le long des
parois, des placards accueillent des réserves de nourriture, des livres
sur la Bretagne et les bateaux traditionnels, la collection complète du
Chasse-Marée, une chaine-hifi et des CDs, une télé et un magnétoscope…
Deux vitrines centrales accueillent à tribord une statue de Notre-Dame
de Recouvrance, et à babord, protégées par un gilet de sauvetage, les
bouteilles de l'apéro !

A babord de la descente, en arrière du coin salon, on trouve la cuisine,
royaume du fantastique chef cuisinier (j'y reviendrai). Frigo (sur
batterie), cuisinière-four combiné micro-ondes, congélateur (ces deux
derniers sur générateur, qui ronronne très discrètement 2 fois par jour,
en mer), deux éviers, belles vaisselles, et tout et tout. A tribord, une
salle de bain, avec 3 lavabos, 2 cabines WC-douches (et l'eau chaude !).
Le tout est décoré dans des tons blanc et bleu, très clair, très cozy,
et éclairé par des prismes fixés dans l'épaisseur du pont (ainsi qu'un
éclairage électrique sur batterie).

Vers l'avant on accède au coin "dortoir", derrière une cloison fermée
par une porte étanche. Douze couchettes disposées en 4 alcoves de 3
couchettes superposées, alcoves occultables par des rideaux. Oreillers
et couettes confortables, linges de lit sont fournis, il manque juste un
peu d'espace de rangement pour les affaires...Ici les tons sont jaune et
rouge, rouge pour rappeler la couleur qu'on trouvait sous les canons, à
l'époque, choisie pour dissimuler les traces de sang...Encore sur
l'avant, deux cabines pour l'équipage.

Sur l'arrière du bateau, devant la barre, on descend dans le carré
équipage, lui aussi décoré dans le même style : deux cabines (pour le
capitaine et le second) autour d'une pièce de toilette, et un large coin
navigation, avec tout ce qu'il faut sur un bateau qui est loin du port
plus de 200 jours par an, et souvent pour des voyages de plusieurs jours
: loch, sondeur, GPS, radar, VHF aux normes SMDSM, connexion Inmarsat
pour internet et téléphone, collection complète de cartes, j'en oublie
surement.

Entre les deux carrés, la machine, eh oui. Bon, je ne suis pas descendue
et je n'y connais pas grand chose, mais je sais que c'est un moteur
Baudouin de 350 chevaux. Elle sert pour les manoeuvres de port, et,
comme on s'en rendra compte, pour aider à faire route quand le vent
n'est pas favorable, car malheureusement ce beau bateau ne peut pas
toujours se permettre de musarder en chemin, ayant un emploi du temps
bien rempli…

Bref, un beau bateau solide, confortable et sûr, et mettre le pied à
bord c'est déjà un peu mettre un pied dans un rêve...

(Si vous voulez en savoir plus : http://www.larecouvrance.com , et je
vous promet que je n'ai pas eu de réduction pour faire de la pub).

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 3 - De Alain Fosse le lundi 17 juin 2002 à 14:31 
 
dans l'article de News, Sophie L à sophie.launeynospam@free.fr.invalid a
écrit le 17/06/02 14:16 :

> Bonjour à tous,
>
> Une traversée, ça commence d'abord par un bateau. Alors, embarquement
> immédiat sur la goélette La Recouvrance, amarrée au Quai Malbert dans le
> port de commerce de Brest !

Bravo Sophie,
Un vrai petit" Tintin reporter". J'attends la suite avec impatience.
Cordialement.
Alain Fosse
Rêvez avec les images de news://news.zoo-logique.org/images.bateaux-nautisme
 
 4 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:20 
 
Bon, un bateau, c'est bien, mais les compagnons de voyage alors ?

Pour manoeuvrer ce bateau, il y a une équipe de 5 marins à l'année plus
un embauché pour la saison (avril à novembre) : Cédric le capitaine,
Jean-Hervé le second, Franck le bosco, Rodolphe le chef-machine, Olivier
le cuisinier et Cyril le matelot-cuisinier en second. Ils prennent leurs
vacances à tour de rôle, de sorte qu'il y a toujours 5 membres
d'équipage à bord. Pendant tout l'hiver, ils sont toujours au moins deux
en service, parce que l'hiver aussi, il y a du boulot, et pas qu'un peu.
Désarmement, inventaire, peintures, travaux divers, réarmement, bref le
lot habituel de l'hivernage d'un bateau, de 25 mètres de coque, et en
bois, en plus.

Pour cette croisière vers l'Irlande, c'est le second qui est en
vacances, le bosco assume donc son rôle. Et nous sommes 10 passagers,
dont : un français expatrié en Belgique de 78 ans mais toujours bon pied
bon oeil, qui a été chasseur alpin, champion d'aviron, moniteur de
plongée, qui navigue depuis qu'il sait marcher (ou presque), qui a eu
une goélette de 18m avec laquelle il a du faire 3 fois le tour du monde,
qui a fait des grandes virées en kayak dans la Mer du Nord avec sa
femme, bref, un gars qui a des choses à raconter ; un ami un peu plus
jeune, parcours inverse (belge expatrié en France), qui a beaucoup
navigué, connait La Recouvrance et veut la découvrir en conditions de
croisière; un ingénieur de centrale EDF a qui sa famille a payé le
voyage pour ses 50 ans; un ancien marin-pêcheur de la Mer du Nord
(tiens, encore un belge) qui habite maintenant dans le Morbihan, et un
de ses amis, breton pur cidre ; un jeune allemand (ex de l'Est) qui
travaille pour un constructeur de goélettes et dont le voyage est payé
par son patron (mais sur ses congés) ; un ancien éditeur en retraite à
Logonna-Daoulas et qui amène sa guitare ; deux copains venus de Gruissan
(coucou Alain) ; et moi donc. (si vous comptez bien, vous verrez que la
parité n'est pas exceptionnellement respectée...). Que des gens qui
connaissent et qui aiment la mer, et qui ont eu envie, pour voir, d'un
petit bout de rêve sur un bateau différent…

Le capitaine nous accueille donc à bord de ce qui va être notre maison
pour 7 jours, jusqu'à Galway. Brève présentation du bateau et de son
histoire, puis quelques consignes de sécurité, et démonstration des
gilets, puisqu'ils ont eu aussi investi dans des gilets automatiques...
Par contre, ils ont choisi Plastimo, et je découvre que ceux-ci sont
équipés à l'intérieur de plein de petits gadgets qui m'ont l'air
intéressants, comme une lampe à éclat à déclenchement automatique aussi,
ou une pochette de fluoréscéine pour être vu sur l'eau. Ces gilets
seront obligatoires la nuit quelle que soit la météo, et en cas de gros
temps bien sûr.

Il nous explique le programme : on va faire route le plus vite possible
sur l'Irlande (donc sans halte aux Scillys, à mon grand regret) et une
fois passé Mizen Head (la pointe Sud Ouest), remontée aussi tranquille
que possible vers Galway avec des haltes pour la nuit dans des petites
baies sympatiques... Comme la traversée va prendre au grand minimum 48
heures, on va organiser des quarts : 3 équipes de 5 qui se relaieront
toutes les 4 heures, avec parmi les 5 soit le capitaine tout seul, doit
deux autres membres de l'équipage professionnel. Les manoeuvres
importantes (hissage ou affalage de voiles, ou virement de bord) se
feront si possible au moment du changement de quart, quand il y a 10
personnes sur le pont. La météo annoncée est plutôt bonne, avec un petit
vent de Nord-Est qui devrait tourner à l'Est, donc on va partir le plus
vers l'Ouest possible, et après on verra bien…

Voilà, amarres larguées, on part pour la grande traversée !


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 5 - De dogger le mardi 18 juin 2002 à 09:30 
 
Sophie L wrote:

> Bon, un bateau, c'est bien, mais les compagnons de voyage alors ?
>
> Pour manoeuvrer ce bateau, il y a une équipe de 5 marins à l'année plus
> un embauché pour la saison (avril à novembre) : Cédric le capitaine,
> Jean-Hervé le second, Franck le bosco, Rodolphe le chef-machine, Olivier
> le cuisinier et Cyril le matelot-cuisinier en second. Ils prennent leurs
> vacances à tour de rôle, de sorte qu'il y a toujours 5 membres
> d'équipage à bord.


merci de citer l'équipage (sutout quand on y compte son beauf et des potes!)
par contre 5, c'est quand-même trop juste en nombre :o( la pen-ar-bed
ne pourrait-elle pas embaucher pour arriver à 8 minimum?..

fanch
 
 6 - De Sophie L le mardi 18 juin 2002 à 10:33 
 
Bonjour Fanch,

dogger a écrit :
> merci de citer l'équipage

Mais ils sont bien sympas, en plus d'être bons marins !

> par contre 5, c'est quand-même trop juste en nombre :o(

C'est quand même déjà pas mal... La plupart des autres "jeunes vieux
gréements" qui naviguent ont un équipage professionnel de 2, maxi 3
personnes (et là, ça peut être un peu juste, mais ça correspond pourtant
aux exigences des Affaires Maritimes... Et ça coute cher, un marin,
hélas...).

A 5 ils peuvent convoyer le bateau, même dans des conditions un peu
dures (mais c'est sûr que c'est fatiguant). Le reste du temps, ben il
faut que les passagers donnent la main pour la manoeuvre, mais c'est
aussi pour ça qu'on embarque sur ce genre de bateau, non ?

> la pen-ar-bed
> ne pourrait-elle pas embaucher pour arriver à 8 minimum?.

Ca n'est pas la Pen-ar-bed qui gère le bateau, c'est une boite qui
s'appelle la SOPAB (pour la ville de Brest). La Pen-ar-bed (qui est la
compagnie qui fait les liaisons entre Brest/Le Conquet et les îles
Ouessant, Molène, etc...) ne gère que la partie administrative des
marins (sécu, etc...).
L'été ils prennent aussi des stagiaires d'écoles maritimes (comme ça les
vacances des autres reviennent plus souvent!), mais ils ne sont toujours
que 5 à bord.

Quant à embaucher 3 personnes supplémentaires, glps! Bon, je réagis
comme ça parce que je vois bien comment ça se passe sur La Granvillaise
: les salaires, c'est le plus gros poste de dépense (avant même
l'entretien du bateau).

Pour info, une croisière comme ça, ça m'a couté pour 7 jours 600 euros +
23 euros par jour pour l'hébergement (nourriture, linge...). Je pense
(mais je n'ai pas vu le budget) que La Recouvrance s'en sort car la
ville de Brest y investit "à fonds perdus" (c'est une vitrine de la
ville).

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 7 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:25 
 
Samedi 1er juin

On quitte le quai, donc, vers dix heures du matin, sous un grand ciel
bleu magnifique, avec un petit vent de Nord-Est force 3, qui ne
demanderait pas mieux que de nous sortir du Goulet, avec le courant de
marée, et de nous pousser vers l'Ouest. Mais petit détail : il faut
faire le plein de carburant. Pas grave, un samedi il n'y aura
personne... Sauf... un bateau de la COMEX (exploitation sous-marine) qui
remplit ses cuves... Quel volume il veut ? 20000 litres... et il en est
à ? 4000 litres... Bref, deux heures à quai à se morfondre sur les aléas
de la marine à voile motorisée et à se désoler sur tout ce bon vent qui
souffle pour rien...

D'ailleurs, il se vexe, le vent, parce que le temps qu'on réussisse à
sortir du port, il est retombé comme une fleur… On envoit la toile quand
même. Premiers contacts avec la manœuvre sur un tel bateau : eh ben y'en
a du bout ! A babord, à tribord, à l'avant, à l'arrière, et au pied des
mats… Heureusement, ils sont tous soigneusement étiquetés : "Drisse de
pic de brigantine" "Drisse de mat" "Ecoute de hunier" "Bras de vergue
sèche" "Hale-bas de trinquette" "Cargue point"... Ca n'est pas en sept
jours qu'on va se familiariser avec tous, mais on va quand même réussir
à en repérer quelques-uns. Allez, à hisser la brigantine. Drisse de mât
et drisse de pic, la vergue doit monter régulièrement, le capitaine ou
le bosco surveille. "Tiens bon le mât !" "On y va au pic !". Suivent le
grand foc, le petit foc, la voile d'étai. Je trouve la manoeuvre moins
physique que sur La Granvillaise ! (enfin, ça réchauffe bien quand
même).

Et puis, il faut bien, moteur en renfort... On remonte la rade sous le
soleil qui tape, les shorts et tee-shirts sont de sortie, allez, c'est
quand même pas si mal ! Sorti du Goulet on part au portant, c'est
toujours ça de pris, donc on tire vers l'Ouest-Nord Ouest, toujours sous
le soleil, après s'être signalé à Ouessant-Traffic.

Je découvre pour la première fois un élément central du confort à bord :
la cuisine. Olivier, le cuisinier, est un vrai génie. Il nous fera,
pendant toute la traversée et quelque soit la météo et le degré de gite,
de fantastiques repas 3 fois par jour, repas variés, copieux et
délicieux. Et le premier repas est pris sur le pont, parce qu'un soleil
comme ça, hein, on ne va pas le vexer.

Entre les quarts de sieste on organise les quarts de veille, qui
commenceront ce soir, à 20h. J'aurais voulu le quart du soleil qui se
lève, et finalement j'ai celui du soleil qui se couche (20h-minuit et
8h-midi), ce qui finalement est bien aussi...

Dans l'après-midi le vent tourne à l'Est et on oblique donc vers le
Nord-Ouest. Il a aussi la gentillesse de se renforcer un peu et on peut
donc envoyer toute la toile : la trinquette, les huniers, le flèche, la
misaine. C'est sportif, la misaine (bon, les autres aussi, mais
celle-là...). Elle est carguée le long du mât. Il faut donc en même
temps larguer les cargues (au pied du mat) et dérouler puis bloquer la
voile, alors que le vent se prend dedans. On met donc 5 ou 6 costauds en
lignes sur l'écoute, près du point d'écoute, et un autre pour récupérer
le mou et bloquer au taquet. Au signal, quand les cargues sont lachées,
les 6 costauds doivent courir vers l'arrière avec l'écoute, en se
battant contre le vent qui gonfle immédiatement la voile. Pas facile à
border... Les huniers sont eux aussi cargués le long des bras de
huniers, mais là il faut un gentil volontaire pour grimper dans la
mature et défaire les cargues d'en haut. Le même gentil volontaire (ou
un autre) devra refaire l'opération inverse quand on amènera ces voiles.
Idem pour la voile d'étai d'ailleurs. Idem aussi pour les focs, surtout
le grand foc, qui doit être ferlé le long du bout-dehors, obligeant un
(parfois deux) marins à aller faire les équilibristes tout au bout,
alors que la voile bat dans le vent... Sport, très sport. Ils ont un
harnais, mais quand même.

Mais bon, pour l'instant on coupe le moteur et on est là, tranquille, au
soleil, sur le pont de La Recouvrance poussée par un petit vent de
travers dans ses 430m2 de toile, et d'ailleurs, on ne pourrait pas faire
mieux ? Le vent tourne encore, il est Sud-Est, on est presque vent
arrière, et le spi alors ? Eh bien on en a un, de spi ! Enfin, sur une
goélette à huniers ça s'appelle une fortune carrée, c'était caché dans
une soute à voile, et ça s'envoie, trinquette affalée, en dessous des
huniers, devant le mat de misaine. Superbe voile carrée de près de
100m2... Wow. Je n'ai pas regardé le GPS, je ne sais pas à quelle
vitesse on va, sans doute pas très vite car le vent n'est pas très fort
(6 ou 7 noeuds peut-être ?) mais bon sang, qu'est ce que c'est bon !

Bon, ça n'est pas tout, il ne faut pas oublier qu'on est aussi pas loin
du rail d'Ouessant et qu'on ne va pas tarder à voir des cargos. On
croise d'abord le rail montant, le premier cargo se détourne gentiment
pour passer derrière nous. On passera beaucoup plus près de l'arrière du
deuxième ! Malgré la bonne visibilité, on branche le radar. Ca sera
surtout utile pendant la nuit, mais au final, je n'ai pas d'épisodes
croustillants de rencontre avec un cargo à vous raconter... Le rail sera
traversé sans encombre.

Après le diner, on commence les quarts "pour de vrai", le vent mollit.
Je ne sais pas comment les autres s'organisent, pendant notre quart on
essaiera de se relayer à la barre toutes les heures. Il n'y aura
autrement pas beaucoup de manoeuvres à faire, car on les garde pour le
changement de quart, quand il y a du monde sur le pont (brasser la toile
ou virer de bord sur un bateau pareil, à 5, c'est un peu juste).

Je prend donc la  barre de La Recouvrance pour la première fois,
première fois aussi que je suis face à une barre à roue, quelques
réflexes à perdre et d'autre à reprendre ! Ca ira tant qu'il faut barrer
au compas. Par contre, il me faudra un peu plus de temps pour barrer
correctement avec un repère visuel sur la côte ! Mais là nous sommes en
pleine mer, c'est le compas qu'il faut suivre, donc... Un oeil sur le
compas, un oeil sur les voiles devant, un oeil sur les voiles en
l'air... J'ai un peu du mal à prendre la mesure de l'amplitude des
mouvements de barre et de la vitesse de réaction du bateau (lent à
réagir puis il part d'un coup), mais ça finit par venir et comme
l'équipage ne me reprend pas la barre, j'en conclue que je dois m'en
sortir à peu près correctement. Je suis un peu déçue par le peu de
sensation dans la barre... mais pour rien au monde je ne céderai ma
place !

Au changement de quart de minuit, le vent a encore molli. On affale la
fortune, on cargue la misaine (plus facile que de l'envoyer, mais il
faut être 6 : une personne à l'écoute et une sur chaque cargue, bien se
synchroniser pour carguer et ne pas mélanger les bouts !), et les
huniers. Et on s'aide de la risée Beaudouin…

Et je me met au rythme des quarts. Pendant les deux jours qui vont
suivre, j'ai l'impression que je n'ai fait que barrer, manger et
dormir... Avec un peu de détente/rêverie sur le pont au milieu… C'est ma
première longue traversée, sans mettre pied à terre pendant plusieurs
jours. Et autant le deuxième jour je me surprendrai à vouloir que ça
s'arrête de bouger, juste un peu, autant le troisième jour, je serais
prête à continuer sur un tour du monde sans escale !

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 8 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:33 
 
Dimanche 2 juin

Pendant la nuit, le vent a tourné radicalement, et est maintenant
Nord-Ouest, mais toujours gentiment 3-4. On a donc changé d'amure et on
fait route au Nord, près serré (ça remonte mal au vent, ces goélettes
!). Pendant mon quart du matin, on renvoit la misaine et le grand hunier
(on a donc dû arrêter le moteur). Le temps est gris ce matin… mais se
lèvera dans l'après-midi : encore soleil !
Je regarde l'écran du radar GPS et je vois un waypoint indiqué : 150
milles dans le 320. Quand le capitaine sort pour prendre son quart, je
m'informe sur la nature du waypoint : "Le Fastnet". Ah... Le Fastnet. Ca
fait remonter des tas d'histoires de courses et de tempêtes… De quoi
occuper les rêves pendant la sieste !

On a un passager clandestin, un pigeon voyageur qui se promenera sur le
pont pendant presque 48h, apparement fatigué. Il s'envolera plusieurs
fois, les premières fois simplement tournant autour du bateau et se
posant à nouveau sur le pont, puis, un matin, sentant qu'il doit partir,
il quittera le bord sans hésitation, directement vers la côte
anglaise...

On vire de bord à midi pour un long bord vers l'Ouest car, bien qu'on
soit loin au sud-ouest des Scillys, on s'approche dangereusement de leur
rail (dont j'apprend l'existence à cette occasion...). De la côte
anglaise, on ne verra rien, trop loin. A 19h nouveau virement.

C'est du boulot, aussi, un virement de bord sur un bateau pareil. Je
resterai toujours au même poste, à la grand voile, à l'arrière. On ne
peut pas virer toutes les voiles en même temps, donc dans un premier
temps la trinquette et les huniers restent à contre. Si tout le monde
peut être sur le pont, c'est aussi bien. Il faut surtout du monde à
l'avant (focs), à la misaine et trois ou quatre à la grand-voile. Si
j'ai bien vu, pour la grand-voile, c'est la même écoute qui passe d'un
bord à l'autre. Quand le signal est donné, on se place sur l'écoute au
vent et on ramène progressivement la grand voile dans l'axe du bateau.
Le capitaine, à la barre, nous aide en donnant le rythme "Ho! Ho! Ho!".
Puis une seule personne suffit pour bloquer, puis choquer
progressivement l'écoute, maintenant sous le vent. Pendant ce temps-là,
à l'avant les focs ont été lachés et repris sur le bon bord (il faut des
bras) et pareil pour la misaine, voile dangereuse car sa bordure libre
est pile à hauteur de tête et balaye le pont en passant. Ensuite, il
faut passer la trinquette, et également s'occuper des bras de huniers
(on brasse, on brasse !), ainsi que des étais volants qui tiennent le
grand mat, sur l'avant. L'ensemble, dans ce vent léger, prend une petite
dizaine de minutes, quand tout le monde est prêt.

On reprend le quart à 20h avec toujours un cap plein nord et le Fastnet
à 155 milles dans le 320... Mais mais mais, on recule ! Pendant ce quart
le vent tourne légèrement vers l'ouest et on finit le quart avec un cap
au 330. Le vent est irrégulier (autour de 15 noeuds) et le bateau avance
entre 4 et 6 noeuds. A minuit le Fastnet est à un peu moins de 140
milles.

Lundi 3 juin

Pendant la nuit, le vent et la mer ont forci. Le bateau gite beaucoup
sur tribord, roule et tangue, et embarque de l'eau par-dessus la
rembarde. Le changement de quart à 4h s'accompagne de l'affalage du
grand foc, un peu sportif si j'en crois les pas précipités au dessus de
ma tête. J'apprendrai plus tard qu'ils ont affalé la voile dans le noir
complet, avec l'équipage professionnel à l'avant, qui se ramassait les
vagues qui leur amenait à chaque fois de l'eau jusqu'aux mollets (les
dalots d'évacuation de l'eau sont trop petits pour évacuer rapidement
toute l'eau qui entre par-dessus bord : ça fait piscine...).

Depuis une heure je tente de me cramponner à mon matelas et de m'étaler
le plus possible, bras et jambes en croix, pour essayer de ne pas partir
à la gite. Il faudra finalement sortir de dessous le matelas la planche
anti-roulis qui restera à poste jusqu'à la fin du voyage. C'est quand
même plus serein. Le quart de minuit-4h vient se coucher, fatigué,
trempé (en plus, il pleut...). L'un d'entre eux glisse sur le plancher
mouillé et fait un beau vol plané. Un autre, qui venait de se coucher à
tribord, se relève pour l'aider. Juste à ce moment-là, une vague plus
forte que les autres balaye le pont sur une hauteur suffisante pour
recouvrir les écubiers d'aération et un belle colonne de plusieurs
litres d'eau de mer se précipite dans la cabine, visant très précisement
le sauveteur et sa couchette... Il est furieux, ce qui est
compréhensible, et on l'aide à se remettre au sec. Il n'est pas le seul
à souffrir de l'humidité. Le long du bordé, près de ma tête, l'eau
suinte, insensiblement mais surement, belle tache d'humidité qui grandit
sur le matelas. J'isole avec un sac plastique. J'apprendrai aussi que
l'eau coule à grosses gouttes dans les cabines de l'équipage, à l'avant.
Bref, ça a beau être un beau bateau confortable, ça reste un bateau :
humide ! Le reste de la nuit est un peu dur, remuant, bruyant, et c'est
au petit matin que je me prend à rêver de juste 30 minutes d'immobilité,
juste un peu...

Au petit matin je n'ai pas du tout faim, et j'ai hate de prendre
l'air... Le soleil revient quand notre quart commence, et je tombe de
sommeil. Le vent a encore tourné et on fait route au 15. La mer est
belle, ceci dit, pas "mer belle" comme dans les bulletins météo, mais
belle pour les yeux, avec une longue houle de 2 m (parfois un peu plus)
qui va nous accompagner encore pendant quelques jours, de beaux
moutons... Le bateau glisse et roule sans à-coup, soulevant des gerbes
d'écumes. La vague d'étrave, son grondement, sont impressionnants. Nous
sommes au près très serré (c'est à dire à 70 degrés du vent sans doute !
:^), il faut faire attention à ne pas mettre le hunier à contre, et
l'équipage professionnel préfère garder la barre ("c'est chiant à
tenir"). Je n'insiste pas ! On avance quand même à 5-6 noeuds. Quand on
laisse le quart à midi, Le Fastnet est à 90 milles dans le 310.
A 16h quand j'émerge, un peu reposée, de la sieste, le vent a adonné et
on fait cap au 330, toujours au près serré, à 6-7 noeuds. Fastnet à 71
milles dans le 300.

A 20h à la voile seule on ne fait pas mieux que 360. On cargue la
misaine et les huniers pour faire route plus serré en s'appuyant au
moteur : cap 310-315. Coucher de soleil somptueux. On ne se parle pas
beaucoup pendant les quarts du soir, à part pour s'échanger les
instructions au moment du changement de barreur et les demandes de café
ou de petites choses à grignotter. Et pourtant, on est tous là,
ensemble, sur le pont, à vivre ces moments dont on savoure chaque
minute, en regardant partout sur l'horizon les vagues, les nuages et les
quelques cargos qui passent. On croise quelques bateaux de pêche aussi,
clignotants comme des voitures de pompiers...

A 23h, enfin, on aperçoit les premiers feux de la côte : un éclat blanc,
une seconde, un éclat blanc, six secondes… Old Head of Kinsale ? A
minuit, Fastnet à 45 milles dans le 266. On devine déjà ses lumières sur
l'horizon...

Mardi 4 juin

Pendant la nuit, il y a eu deux virements de bord, à 1h pour partir vers
l'ouest, et à 6h. Quand je prend le quart à 8h on fait route plein nord
et... la côte est là. Premiers contacts avec l'Irlance : c'est
exactement comme je me l'imaginais ! Collines verdoyantes, falaises
brunes, jusqu'au fort en ruine sur une petite île en avant de la côte…
Et la météo aussi ne me déçoit pas : c'est ce mélange de soleil et de
nuages qui passent et se poursuivent, cette lumière qui change à toute
allure, ces rayons de soleil qui carressent les champs, et ces petits
grains passagers qui font briller le pont et donnent naissance, au loin,
à un petit arc-en-ciel… Fastnet à 15 milles dans le 260.

La côte est claire et on peut s'en approcher assez près : pourquoi se
priver ? On vire ensuite pour longer la côte et se diriger vers le
Fastnet. On commence à l'apercevoir 10 milles avant, toujours dans ce
mélange de soleil et de nuages. En avançant vers ce phare mythique, les
nuages se font plus rares, et on passe devant le rocher, la gorge un peu
serrée, à 11h, sous le soleil… On croise un voilier français, je n'ai
pas pu lire son nom, juste aperçu un lion rouge (comme le lion normand)
sur le tableau arrière… Ca vous dit quelque chose ?

Ben voilà, on y est... 72 heures pour ma première traversée de la
Manche, et me retrouver devant le Fastnet... C'est sur que ça n'est pas
l'Atlantique, ni la course du Figaro, mais qu'est ce que vous voulez, je
suis bien heureuse (et puis, j'ai faim, enfin !).


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 9 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:37 
 
Mardi 4 juin (suite)

Le Fastnet passé, on tire quelques bords pour longer la côte jusqu'à
Mizen Head, puis on continue à remonter jusqu'à Bantry Bay. On décide
d'aller mouiller pour la nuit dans BearHaven, un abri situé derrière
l'île de Bear Island, à l'entrée Ouest de la Baie de Bantry. On va aller
mouiller devant Castletown, dont le guide nautique "South & West Coast
of Ireland, Sailing directions. Irish Cruising Club" (le même qu'utilise
lapache) nous indique que c'est un des plus grands ports de pêche de la
côte ouest. On croise effectivement quelques beaux bateaux de pêche,
quand on s'engage dans le chenal, étroit mais bien signalé par un
alignement (deux marques roses fluo à terre). Mais ça reste quand même
une petite ville !

Là encore, paysages beaux comme dans un livre : à babord, une forêt de
rhododendrons violets, un chateau en ruine; à tribord, Bear Island,
d'innombrables petits prés aux murs de pierre et couverts de moutons à
tête noire; devant, la ville de Castletown, avec ses petites maisons aux
murs multicolores… Le capitaine a annoncé son arrivée pour savoir si il
était possible d'avoir une place à quai ("I'm a sailboat" "So what ?"
"I'm 42 meters long" "...(silence étonné)..." ), mais apparement il y a
déjà trop de bateaux de pêche pour la taille du port et donc on va
mouiller un peu devant la ville (mouillage signalé sur la carte). On a
déjà affalé toute la toile sauf la grand-voile, tranquillement on largue
l'ancre et 90 m de chaine… On affale la grand-voile, un peu d'ordre sur
le pont… Et voilà, on ne bouge plus du tout... Et ça fait tout drôle !

Premier repas depuis le départ que l'on prend tous ensemble… D'ailleurs,
on en profite pour prendre l'apéro, et sortir les guitares. Dehors,
c'est la météo irlandaise comme promis : toujours cette alternance de
grains et de soleil, cette lumière mouillée et dorée (mais bon, mouillée
quand même!). Le capitaine descend à terre histoire de faire les
formalités d'entrée dans le pays, présenter ses civilités et prendre la
météo. Il revient hilare au bout d'une trentaine de minutes : il n'a vu
personne et la météo affichée date du mois d'avril ! Enfin, il a quand
même trouvé un pavillon irlandais qui prend immédiatement place dans la
mature, et du whisky ! Nous voilà parés pour la suite du voyage...

Mercredi 5 juin

Tous ensemble, on passe nos montres à l'heure locale (UTC +1, donc). On
part vers 8h, en se disant qu'on va aller le plus loin possible. On ne
tiendra pas les quarts aujourd'hui, si il y a besoin de continuer cette
nuit on les reprendra à 20h. La pluie s'est arrêtée et on ne la verra
plus pendant 2 jours.

Le vent est Nord-Ouest (force 4 ?) et je vous laisse deviner dans quelle
direction on va ? On envoie grand-voile, trinquette et voile d'étai,
mais si on veut pouvoir avancer un peu, il faut s'appuyer au moteur. On
fait 3 bords : un bord vers le 15, un long bord vers l'ouest, puis à
nouveau vers le nord (mieux : 10). Il y a quelques nuages et pas mal de
soleil. La mer est magnifique, verte ou grise ardoise selon le soleil,
toujours cette longue houle qui aime bien le bateau (et c'est
réciproque). Si on va à l'avant, on n'entend que le grondement de la
vague d'étrave, qui couvre le bruit (d'ailleurs pas épouvantable) du
moteur. Bon, il faut capeler les cirés, parce que ça arrose, mais on a
l'impression que le bateau respire avec la mer, et on se surprend à
ajuster son propre rythme de respiration sur celui de la goélette...
Harmonie.

A 16h30 on passe devant les îles Skellig, comme deux grandes machoires
sorties de la mer. La plus grande, Skellig Michaël (ou Great Skellig),
la plus vers le large, a été habitée par des moines, il y a plus de
mille ans... Quelle idée, quelle force, quelle foi pouvait donc pousser
des hommes à venir construire des habitations sur ces morceaux de
cailloux, souvent inaccessibles par la mer, ouverts au vent, à la
tempête, et sur lesquels pas grand chose ne devait pousser ? Entre
Skellig Michaël et la côte, on trouve Little Skellig, qui apparait toute
blanche, parce qu'elle est recouverte d'une colonie de plusieurs
milliers de fous de bassans qui y nichent. La grande île est visitable,
au départ de la côte. La petite est une réserve naturelle. La côte
derrière est toujours aussi sublime, falaises, prairies et montagnes
dans les nuages. On a l'impression que c'est désertique mais un coup
d'oeil aux jumelles montre que partout, les hommes sont passés et ont
patiemment édifié d'innombrables murailles avec les cailloux récupérés
dans les champs, pour faire de la place aux moutons et pour essayer
d'empêcher la terre de partir avec le vent...

A 17h30, on peut mettre à la voile : on envoie la misaine, le petit foc
et le grand foc. On doit donc abattre un peu. Quelques heures de simple
bonheur de voile en se dirigeant vers l'entrée de la baie de Dingle et
en particulier Ventry Harbour, juste à l'entrée ouest de la baie. Ventry
Harbour est une baie circulaire avec une entrée d'un mille de large
regardant le SE, c'est donc un bon abri sauf par vent de SE. Il y a au
fond une belle plage de sable, et les fonds de la baie sont sableux
aussi. Ca doit être très touristique en été, au vu des nombreux
"mobil-homes" qu'on aperçoit sur la côte, mais ce soir, on est seul au
mouillage !
A l'ouest de cette baie il y a une grande montagne, et l'arrivée est
superbe car cette montagne a la tête dans les nuages et donc entièrement
dans l'ombre, mais de temps en temps, les nuages se trouent pour laisser
passer un rayon de soleil qui, comme un projecteur de théatre, vient
souligner d'un cercle de lumière un champ, une maison, un mur de
pierre... On mouille (presque) à la voile à 21h, au centre de la baie.
Il y a quelques personnes sur la plage... On n'a pas croisé beaucoup de
bateaux ni de gens pendant notre périple, mais en revenant par la route
la semaine d'après, je me rendrai compte que la belle goélette n'est pas
passée inaperçue...

On finit encore cette belle journée à bord. C'est marrant, mais personne
n'a envie de descendre à terre, malgré l'appel du houblon qui en titille
quelques-uns depuis qu'on a vu les lumières du Fastnet. Il y aura bien
le temps, à Galway, d'aller faire la tournée des pubs. En attendant, on
est bien dans notre belle maison flottante, et on n'a pas envie de la
quitter...

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 10 - De Eric Surzur, de Vannes le mardi 18 juin 2002 à 12:12 
 
Sophie L <sophie.launeynospam@free.fr.invalid> a écrit dans le message :
3D0DD7F9.923DA239@free.fr.invalid...
> Mardi 4 juin (suite)
>
(...)
> A 16h30 on passe devant les îles Skellig, comme deux grandes machoires
> sorties de la mer. La plus grande, Skellig Michaël (ou Great Skellig),
> la plus vers le large, a été habitée par des moines, il y a plus de
> mille ans... Quelle idée, quelle force, quelle foi pouvait donc pousser
> des hommes à venir construire des habitations sur ces morceaux de
> cailloux, souvent inaccessibles par la mer, ouverts au vent, à la
> tempête, et sur lesquels pas grand chose ne devait pousser ?

Bjr,
Je suis sûr que c'était pour échapper à l'alcool, aux femmes et au jeu ! ! !
;-)
Eric.
 
 11 - De Fauchmanne le mardi 18 juin 2002 à 15:57 
 
> Bjr,
> Je suis sûr que c'était pour échapper à l'alcool, aux femmes et au jeu ! !
!
> ;-)
> Eric.

Non, pour echapper à la coupe du monde, mais à la fin même ça n'a pas
suffit, et ils ont renoncé et donc abandonné les îlots :-))
 
 12 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:42 
 
Jeudi 6 juin

Avant-dernière journée de la croisière et objectif Galway Bay. On a cru
à un moment qu'on pourrait aller passer la nuit aux Iles d'Aran mais le
vent toujours obstinément Nord-Ouest rend les mouillages là-bas délicats
donc... Ca sera pour une autre fois (je n'y suis finalement pas allée,
même à pied !).

Bon, on a donc pas loin de 100 milles à faire dans la journée et on part
encore avec le vent dans le nez, et en plus faible, donc, sniff, encore
voile (grand voile, voile d'étai, trinquette) et moteur. On longe la
pointe sublime de la Péninsule de Dingle (ça vaut le coup d'y revenir
par la terre) jusqu'aux Blasket Islands, et puisque le temps est beau,
plutôt que de les contourner par l'ouest, on coupe entre les îles et la
côte, par le somptueux Blasket Sound (un des guides nous assure que
"celui qui a vu Blasket Sound ne l'oubliera jamais"...).
On découvre les habitations abandonnées sur les îles, en deux périodes :
les habitations en ruine abandonnées lors de la grande famine de 1850,
et les maisons plus récentes, désertées (sauf parfois l'été) depuis 1953
: trop loin, trop isolé, trop dur… Par contre, il y toujours les moutons
partout (pas compliqués : si un caillou est suffisament grand pour qu'un
brin d'herbe y pousse, alors il est assez grand pour y mettre un
mouton).

On continue à longer la côte : les rochers jumeaux (trumeaux ?) des
Three Sisters, le mont Brandon dont le sommet est caché dans les nuages
(montagne nommé en l'honneur de Saint Brendan, patron des marins et
marin lui-même, mais je vous reparlerai de Saint Brendan), le petit
village de Dunquin d'où un zodiac avec 4 personnes à bord vient à notre
rencontre : "Bretons ?" "Yes" "Good luck!". Le vent monte un peu et avec
notre combinaison voile et moteur, on avance à 8 noeuds. Le soleil
brille tant qu'il peut, même si l'air vif et le pont recouvert d'une
couche de sel humide nous font supporter tranquillement les cirés (je ne
dirais jamais assez le bonheur d'avoir un ensemble respirant, qui fait
qu'on ne marine pas dedans au soleil). Jolie brochette de schtroumpfs
jaunes sur le pont, le col relevé jusqu'à la bouche et le nez luisant de
crème solaire !

On fait la sieste sur le pont et là... On pourrait rêver un peu, non ?
On pourrait rêver que le vent va se lever encore un peu, tourner un peu
en notre faveur, et qu'on va pouvoir envoyer toute la toile (misaine,
focs, huniers) et couper le moteur.
On pourrait rêver qu'à la voile, on va continuer à avancer jusqu'à 8
noeuds, et qu'on va enfin commencer à ressentir quelque chose dans la
barre, parce que oui, la goélette est ardente, et que dans les rafales
(oh, les rafales : 25 noeuds ?), on va la sentir partir au lof, et qu'il
va falloir apprendre à anticiper, doser, répondre à ses mouvements, et
qu'on va se faire très plaisir à jouer avec elle.
On pourrait rêver que des dauphins viendraient jouer avec cette belle
coque verte et noire, qu'ils iraient cabrioler dans la vague d'étrave,
avec une précision millimétrique, et qu'ils suivraient son sillage en
nous offrant des sauts périlleux incroyables.
On pourrait rêver qu'on passerait, à la voile, sous le soleil, à 8.5
noeuds, dans le Gregory Sound, entre les falaises géométriques
d'Inishmore et Inishman, deux des îles d'Aran.
On pourrait rêver qu'après une journée de navigation aussi magique, on
irait relacher dans Cashla Bay, à l'entrée de la baie de Galway, entre
un petit village sur la rive droite et les inévitables champs entourés
de mur de pierre sur la rive gauche.
On pourrait rêver que le soleil refuserait obstinément de nous
abandonner et qu'on sortirait l'apéro et les guitares pour prolonger la
journée sur le pont.
On pourrait rêver qu'on sortirait même le barbecue (ben oui, quoi, un
barbecue sur le pont, en Irlande, en juin, puisque je vous dit qu'on
rêve !) et qu'on dinerait sur le pont, tiens.
On pourrait rêver que deux petits bateaux à rames, en toile recouvert de
goudron, descendants des curraghs qui sont construits dans le coin
depuis la nuit des temps, viendraient rendre visite à la goélette, et
qu'il y aurait un échange d'équipage pour que les rameurs se promènent
sur le bateau à voile et que les voileux aillent ramer un peu.
On pourrait rêver que le soleil, n'ayant pas envie de se coucher, fasse
durer le plaisir en illuminant toute la baie pendant près d'une heure de
ses derniers rayons, rouges, oranges, violets, encore, encore...
On pourrait rêver qu'au petit matin, un phoque curieux vienne carresser
la coque de ses moustaches, et qu'un petit bateau traditionnel (Galway
hooker) vienne payer son hommage matinal à sa lointaine cousine
d'outre-Manche…

Ben quoi, si ça n'est pas fait pour rêver, les vacances, à quoi ça sert
? Ne fermez pas trop les yeux, quand même : et si le rêve était vrai ?

Vendredi 7 juin

Pour nous convaincre qu'on est bien dans la réalité, le petit matin est
gris... Et la pluie se met à tomber quand on quitte Cashla Bay pour
aller rejoindre Galway, dernière étape du voyage, hélas, hélas. Le vent
nous a lachement abandonné, et donc, c'est au moteur et sous la pluie
que nous remonterons la baie de Galway, jusqu'à ce qu'on rencontre le
pilote, qui nous attend pour nous faire rentrer au port. Vu notre taille
respectable, on sera placé au port de commerce, avec les cargos. La
porte n'est pas large ! Mais quand on entre, le bureau du port amène le
pavillon irlandais et le renvoie avec, au-dessus, un pavillon français.
Merci pour l'accueil et le beau geste, messieurs !

Le port de commerce est aussi gris et triste que le temps. Heureusement,
Galway est une belle ville, chaleureuse et accueillante ! Nous aurons
bien le temps de nous en rendre compte, puisque nous avons toute
l'après-midi et la soirée pour faire le tour de la ville et... la
tournée des pubs (enfin, diront certains !). La pluie, voyant bien
qu'elle n'a rien pu faire pour nous empêcher de rejoindre le port,
abandonne (provisoirement) la partie et le soleil arrive par intermèdes
sur les façades colorées des maisons.

Il faudra se quitter dès le lendemain matin, un peu dur après tous ces
moments magiques passés ensemble. Je reste encore 4 jours dans le pays,
en "terrienne", pour découvrir un peu les paysages autour de Galway
(Connemara, Dingle…) et la particularité du climat irlandais : si tu
veux que le temps change, attend 5 minutes !

La Recouvrance a repris la mer le dimanche, pour rejoindre Cork en
flanant sur la côte Ouest et Sud-Ouest. Bien sûr le vent a tourné au
Sud-Ouest quand elle repart, et la mer est mauvaise... Elle va ensuite
rejoindre Saint-Malo (le 22-23) et enfin Brest à la fin du mois,  pour
préparer la fête de ses dix ans. Entre le 11 et le 16 juillet, quelques
25 bateaux traditionnels sont attendus pour fêter l'anniversaire de la
mise à l'eau. Comme au même moment les grands voiliers de la Cutty Sark
seront à Brest en attendant le départ de la course, celà va faire de
belles voiles sur l'eau dans la rade... Au plaisir de vous y voir
peut-être ? La Granvillaise y sera, et moi à son bord...

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 13 - De jean-jacques le mardi 18 juin 2002 à 17:01 
 
Bonjour à tous,
Quel beau récit Sophie.
J'ai gardé d'excellents souvenirs de ma première traversée, il y a deux ans, à
destination de l'Irlande. Première navigation sans voir la terre, premiers
quarts de nuit, et le bonheur de découvrir ce pays magnifique.
Cela m'a tellement enthousiasmé que j'y retourne cette année, le départ est pour
samedi (encore trois jours à tenir).
On va naviguer dans le sillage de la Recouvrance puisque notre objectif sera les
îles d'Aran et Galway. Ouistréham-Galway-Granville, en 2 semaines, ça va en
faire des milles. Mais quand on aime...
Peut-être rencontrerons-nous des Irlandais qui nous parlerons de ce magnifique
vieux gréement français qu'ils auront vu début juin.
Bonne nav à tous
@+
Jean-Jacques


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 14 - De Sophie L le mardi 18 juin 2002 à 17:25 
 
Bonjour Jean-Jacques, tout le monde,

(et merci à tous pour les encouragements).

jean-jacques a écrit :
> J'ai gardé d'excellents souvenirs de ma première traversée, il y a deux ans, à
> destination de l'Irlande. Première navigation sans voir la terre, premiers
> quarts de nuit, et le bonheur de découvrir ce pays magnifique.

Oui, comme moi (enfin, j'avais déjà fait un quart de nuit, mais une
seule nuit!), et c'est vrai que ça donne envie de recommencer !

> Cela m'a tellement enthousiasmé que j'y retourne cette année, le départ est pour
> samedi (encore trois jours à tenir).
> On va naviguer dans le sillage de la Recouvrance puisque notre objectif sera les
> îles d'Aran et Galway. Ouistréham-Galway-Granville, en 2 semaines, ça va en
> faire des milles. Mais quand on aime...

Je te souhaite bon vent et belle mer, profite bien et prends-en plein
les yeux!
Si je compte bien tu devrais être à Granville le week-end du 6-7 : j'y
serai aussi. Quel est ton bateau ?

A bientôt et n'hésite pas à venir nous raconter ton voyage, si tu veux,
quand tu rentres, on n'en a jamais trop des histoires de mer!

--
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 15 - De jean-jacques le mercredi 19 juin 2002 à 00:46 
 
Bonjour à tous

> Si je compte bien tu devrais être à Granville le week-end du 6-7 : j'y serai
aussi. Quel est ton bateau ?

C'est un bateau associatif sur lequel j'embarque de temps en temps comme
équipier. C'est le Mora 2, sun fast 42. Tient, on aura peut-être un comité
d'accueil à Granville.

> A bientôt et n'hésite pas à venir nous raconter ton voyage, si tu veux,
> quand tu rentres, on n'en a jamais trop des histoires de mer!

La navigation sera sûrement intéressante, mais je n'ai pas ta plume pour pouvoir
en faire un récit captivant.

@+
Jean-Jacques


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 16 - De Hubert, de Cherbourg le mardi 18 juin 2002 à 19:39 
 
> Ouistréham-Galway-Granville, en 2 semaines, ça va en
> faire des milles. Mais quand on aime...

hou là ! projet ambitieux !
aurez vous le temps de descendre à terre ?
il y a tellement de choses à voir en Irlande
et même en retournant sur Granville, les chausey par exemple, une semaine
n'y suffit pas !

bonne ballade

Hubert, de Cherbourg.

opération SNSM
Hubert Pério
28 rue du coteau
50120 Equeurdreville
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 17 - De Sophie L le mardi 18 juin 2002 à 20:23 
 
Bonsoir Hubert, tout le monde,

"Hubert, de Cherbourg" wrote:
> sur Granville, les chausey par exemple
                 ^^^^
Oulàlà Hubert tu vas te faire disputer ! :^)

(ce ne sont pas "les chausey", c'est "Chausey", tout simplement !).

Ceci dit, c'est vrai que deux semaines pour le programme prévu, c'est
sans doute deux semaines de navigation assez intense (en une semaine de
Brest à Galway on n'a pas trop eu le temps de faire des pauses très
longues... Mais on n'a pas eu énormément de vent, et pas mal dans le
nez). Mais bon, si ils n'ont que 15 jours de vacances, et qu'ils veulent
aller jusqu'en Irlande... Pas trop le choix...

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 18 - De Hubert, de Cherbourg le mardi 18 juin 2002 à 22:04 
 
bonsoir Sophie et toutes et tous

> Mais bon, si ils n'ont que 15 jours de vacances, et qu'ils veulent
> aller jusqu'en Irlande...

encore heureux que Hubert, même de Cherbourg ne se mette pas à interdire ou
obliger à tel ou tel tpe de nav !

C'est un sacré projet de croisière et je leur souhaite surtout de ne pas
avoir de l'ouest nord ouest soutenu

et racontez nous au retour !

Hubert, de Cherbourg
 
 19 - De jean-jacques le mercredi 19 juin 2002 à 00:47 
 
> hou là ! projet ambitieux

Oui, « projet » justement. Je sais bien qu'il faudra composer avec la météo
(trois jours de près, c'est pas top), avec l'équipage ( ce n'est pas la peine de
faire le forcing, ça risquerait d'en dégoûter quelques-uns uns, sans parler de
l'ambiance). Conclusion : c'est faisable (et j'aimerai le réaliser), mais si on
n'arrive pas à monter jusqu'à Galway ce sera quand même une belle nav.

> aurez vous le temps de descendre à terre ?

Manquerait plus que je puisse pas aller boire ma Guinness :-). C'est qu'il me
saperait le moral, du coup j'ai plus envie d'aller en Irlande.
On aura une météo favorable et un équipage au top.
@+
Jean-Jacques


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 20 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 14:47 
 
Bonjour encore,

Euh... Les fautes d'orthographe et de frappe sont garanties d'origine.
Je ne vais pas faire un message correctif exhaustif, ça serait trop
long... Je compte sur vous pour rectifier à la lecture, et je vais me
couvrir la tête de cendres. Merci de votre indulgence !

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 21 - De Alain Fosse le lundi 17 juin 2002 à 15:22 
 
dans l'article de News, Sophie L à sophie.launeynospam@free.fr.invalid a
écrit le 17/06/02 14:47 :

> Bonjour encore,
>
> Euh... Les fautes d'orthographe et de frappe sont garanties d'origine.

Les fautes, je n'en ai vu aucune : j'étais tellement pris par la magie du
réçit. merci encore, Sophie de m'avoir si bien fait rêver par cette
après-midi caniculaire, du moins à Paris.

Alain Fosse
 
 22 - De lapache le lundi 17 juin 2002 à 15:31 
 
Sophie L <sophie.launeynospam@free.fr.invalid> a écrit dans le message :
3D0DDA7D.1F0EB760@free.fr.invalid...
> Bonjour encore,
>
> Euh... Les fautes d'orthographe et de frappe sont garanties d'origine.
> Je ne vais pas faire un message correctif exhaustif, ça serait trop
> long... Je compte sur vous pour rectifier à la lecture, et je vais me
> couvrir la tête de cendres. Merci de votre indulgence !
>
> --
> Sophie, (loin) de Granville              http://www.terremer.net
> Les FAQs du forum :  http://frbateaux.net
> Opération SNSM : http://snsm.frbateaux.net


C'est tout simplement sublime.
On devrait t'envoyer plus souvent en vacances Sophie. Tu nous ferais rêver à
ton retour !
 
 23 - De Sophie L le lundi 17 juin 2002 à 17:44 
 
lapache a écrit :
> On devrait t'envoyer plus souvent en vacances Sophie.

Hmmm... Je suis d'accord ! :^)
Je t'envoie le numéro de téléphone de mon chef par mail perso, y'a plus
qu'à le convaincre (on ne sait jamais, si vous vous mettez à plusieurs,
ça peut marcher ! :^)

--
Sophie, (loin) de Granville              http://www.terremer.net
Les FAQs du forum :  http://frbateaux.net
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 24 - De Marc_de_Ferrière le lundi 17 juin 2002 à 21:10 
 
Sophie L <sophie.launeynospam@free.fr.invalid> wrote:

> lapache a écrit :
> > On devrait t'envoyer plus souvent en vacances Sophie.
>
> Hmmm... Je suis d'accord ! :^)
> Je t'envoie le numéro de téléphone de mon chef par mail perso, y'a plus
> qu'à le convaincre (on ne sait jamais, si vous vous mettez à plusieurs,
> ça peut marcher ! :^)


Donc un organise un sophie thon pour qu'elle soit en vacances tout le
temps et puisse continuer de nus faire rêver comme aujourd'hui.

Je veux bien centraliser les messages pour les envoyer tous d'un coup à
son chef. On fait comme pour la snsm, on se donne trois semaines et
Voiles et voiliers fait un reportage avant de publier tous les articles
de Sophie. :-)
 
 25 - De Nominoe le lundi 17 juin 2002 à 17:37 
 
Hello Sophie...
....et merci pour ces quelques pages de lecture qui me font rêver de vieux
gréement et d'Irlande (c'est un des lieux où j'ai vraiment envie d'aller
à la voile, avant de viser encore plus nord un jour peut-être)

--
http://nominoe.piriou.free.fr (annuaire de la voile, bourse aux
équipiers, météo marine, photos,...)
http://frbateaux.net -> les faq de fr.rec.bateaux
 
 26 - De ADB le lundi 17 juin 2002 à 20:39 
 
Bonjour,
C'est à pleurer... d'envie !!!
Tu es mûre désormais pour lie tous les romans ayant la voile XVIIIe pour
décor, les O'Brian, Forrester, etc... Tu comprendras sûrement mieux les
manoeuvres que la plupart d'entre nous.
Bravo encore pour ce fantastique récit. Ca mériterait une plaquette de pub
pour leur prochaine croisière.
ADB (F-CYADB)
e-mail : adupinbe@noos.fr
page perso : http://mapage.noos.fr/adupinbe/
page Guide Méditerranée : http://guidemediterranee.free.fr/
 
 27 - De Y. Nedonchelle le lundi 17 juin 2002 à 21:21 
 
Bravo Sophie, et merci pour le récit.

Tu ne risquais pas de m'apercevoir en chemin car je suis toujours à
Dunkerque. Le moteur du Vert-Galant a rendu l'âme après 25 ans de bons
et loyaux services!
Je suis en train de le remplacer et j'espère repartir fin juin.

Yvon.

--
Les Croisières du Vert-Galant en Ecosse, Baltique, Espagne.
http://perso.wanadoo.fr/yvon.nedonchelle/voile.htm
 
 28 - De Sophie L le mercredi 19 juin 2002 à 19:28 
 
Bonjour tout le monde,

J'ai mis quelques photos sur le trombinoscope :
http://equipage.frbateaux.net/sophie.l/album7/

D'autres bientôt sur mon site (ben si ça, ça n'est pas de la pub... :^)

A bientôt

--
Sophie, (loin) de Granville              http://www.terremer.net
Les FAQs du forum :  http://frbateaux.net
Opération SNSM : http://snsm.frbateaux.net
 
 29 - De Nominoe le mercredi 19 juin 2002 à 19:42 
 
Hello Sophie,

bon ben dis donc, tu es venue pour nous faire enrager? ;-)

Merci pour ces quelques chouettes clichés!
J'attends avec impatience les photos sur ton site.

Nominoë
--
http://nominoe.piriou.free.fr (annuaire de la voile, bourse aux
équipiers, météo marine, photos,...)
http://frbateaux.net -> les faq de fr.rec.bateaux
 
 30 - De f.saintier le mercredi 19 juin 2002 à 19:28 
 
Salut Sophie

Alors là je m'incline bien bas! Quel récit, quel sens de l'observation, du
détail et de l'essentiel! Quel talent de conteuse tu as Sophie! Dans une
autre vie, t'aurais pas été une gentille grand-mère qui racontait ses
souvenirs aux enfants sages?
On s'y croirait, on aimerait en être, et justement on en n'est pas et c'est
insupportable. Tu racontes trop bien Sophie, arrête. Non continue, je ne
sais plus ce que je dis. je n'ose pas tout lire d'un coup, j'en garde pour
demain...
Dis tu repars quand?

Amicalement

François
 

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