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Merci François...
Eric, qui aime bien les magiciens et les belles histoires.
François Saintier <f.saintier@free.fr> a écrit dans le message :
3bfbf402$0$9966$626a54ce@news.free.fr...
> J'ai atteint l'âge des souvenirs et c'est le moment de les raconter,
ou
> plutôt de les écrire, car étant seul aujourd'hui sur ce bateau, je n'ai
> personne à qui parler
>
> Il y a plus de trente ans, jeune capitaine à la recherche d'un
> commandement, je me suis vu proposer celui d'un brick goélette dont la
> mission n'était pas clairement définie, mais j'étais tellement fier et
ravi
> de cette offre que
> je l'ai acceptée. Aujourd'hui je me demande encore ce qui m'est arrivé.
>
> D'abord ce bateau n'était pas encore construit et le contrat me
nommait
> chef du chantier de construction. Bien sûr, je n'avais jamais fait un tel
> travail, mais cela n'effraya pas l'armateur qui me dit toute la confiance
> qu'il avait en
> moi. Comment refuser? Je voyais là un moyen formidable d'apprendre du
> nouveau et surtout, je me voyais déjà naviguant sur un bâtiment que
> j'appelais "mon bateau" à défaut de lui avoir trouvé un nom; mais attendez
> la suite.
>
> Ma première surprise était de voir le temps passer et la construction
> de "mon bateau" bien lente. Parfois il y avait des interruptions de 3
mois,
> pendant lesquels l'armateur était invisible! Il est vrai que le chantier
> n'était pas idéalement placé car l'accès était assez restreint, et
certains
> éléments prirent place de façon plus ou moins acrobatiques. Cependant les
> choses avançaient doucement et au bout d'un an la coque était finie.
>
> Je ne savais toujours pas où se passerait ma première mission, mais je
> rêvais de Mer Rouge, de Zanzibar, du Yémen qu'on surnommait alors l'Arabie
> Heureuse, je rêvais bien sûr de rencontrer ce personnage dont on
commençait
> à parler, Henri de Monfreid, aventurier, pirate, contrebandier, mais vrai
> marin... Patience me disais-je.
>
> Deux ans plus tard, eh oui deux années s'étaient encore écoulées, le
> bateau est terminé... Magnifique! L'acajou, le chêne, le teck, les bronzes
> tout est
> splendide et il porte bien son nom : Le Brillant!
>
> J'imagine déjà son premier voyage, prenant doucement le vent par le
> travers, à peine quelques degrés de gîte, les cales pleines de
marchandises;
> à moi bientôt l'aventure.
>
> Enfin je ne vais plus voir ce phare construit l'année dernière dont je
> me demande d'ailleurs toujours l'utilité, il n'y a pas de dangers
> particuliers à
> marquer ici et le premier port est au moins à 35 nautiques de là. Pourquoi
> baliser un simple chantier?
>
> Voilà un début de carrière bizarre, me direz-vous. La vérité est pire
:
> en fait
> je n'ai jamais quitté cet endroit. Le Brillant était immobile, bien amarré
à
> un petit quai de fortune, pas le moindre équipage, pas d'officier en
second,
> j'étais seul!
>
> Ce que j'écris actuellement sur le livre de bord, parce que je n'ai
pas
> d'autre papier, remplit juste la première page, toutes les autres sont
> vierges! J'ai passé mon temps à naviguer dans ma tête... maigre
consolation,
> mais j'ai eu longtemps cette obsession : comment partir d'ici. Deux fois
> j'ai tenté de
> quitter ce bord insupportablement immobile, deux fois mon armateur m'a
> retrouvé et contraint à regagner ma cabine...
> ...
> ...
> - Ah, ce modèle, le premier à gauche sur la 3° étagère, j'y tiens
beaucoup,
> c'est mon premier en bouteille. Ce qui m'étonne c'est d'avoir dû recoller
à
> deux reprises la figurine du capitaine...
>
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> Amicalement
> François
>
> f.saintier@free.fr (nouvelle adresse en principe fonctionnelle)
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