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Fragment n°2 d'un journal très imaginaire    
3 messages du 21/11/2001 au 22/11/2001    

 1 - De François Saintier le mercredi 21 novembre 2001 à 19:33 
 
J'ai atteint l'âge des souvenirs et c'est le moment de les raconter, ou
plutôt de les écrire, car étant seul aujourd'hui sur ce bateau, je n'ai
personne à qui parler

    Il y a plus de trente ans, jeune capitaine à la recherche d'un
commandement, je me suis vu proposer celui d'un brick goélette dont la
mission n'était pas clairement définie, mais j'étais tellement fier et ravi
de cette offre que
je l'ai acceptée. Aujourd'hui je me demande encore ce qui m'est arrivé.

    D'abord ce bateau n'était pas encore construit et le contrat me nommait
chef du chantier de construction. Bien sûr, je n'avais jamais fait un tel
travail, mais cela n'effraya pas l'armateur qui me dit toute la confiance
qu'il avait en
moi. Comment refuser? Je voyais là un moyen formidable d'apprendre du
nouveau et surtout, je me voyais déjà naviguant sur un bâtiment que
j'appelais "mon bateau" à défaut de lui avoir trouvé un nom; mais attendez
la suite.

    Ma première surprise était de voir le temps passer et la construction
de "mon bateau" bien lente. Parfois il y avait des interruptions de 3 mois,
pendant lesquels l'armateur était invisible! Il est vrai que le chantier
n'était pas idéalement placé car l'accès était assez restreint, et certains
éléments prirent place de façon plus ou moins acrobatiques. Cependant les
choses avançaient doucement et au bout d'un an la coque était finie.

    Je ne savais toujours pas où se passerait ma première mission, mais je
rêvais de Mer Rouge, de Zanzibar, du Yémen qu'on surnommait alors l'Arabie
Heureuse, je rêvais bien sûr de rencontrer ce personnage dont on commençait
à parler, Henri de Monfreid, aventurier, pirate, contrebandier, mais vrai
marin... Patience me disais-je.

    Deux ans plus tard, eh oui deux années s'étaient encore écoulées, le
bateau est terminé... Magnifique! L'acajou, le chêne, le teck, les bronzes
tout est
splendide et il porte bien son nom : Le Brillant!

    J'imagine déjà son premier voyage, prenant doucement le vent par le
travers, à peine quelques degrés de gîte, les cales pleines de marchandises;
à moi bientôt l'aventure.

    Enfin je ne vais plus voir ce phare construit l'année dernière dont je
me demande d'ailleurs toujours l'utilité, il n'y a pas de dangers
particuliers à
marquer ici et le premier port est au moins à 35 nautiques de là. Pourquoi
baliser un simple chantier?

    Voilà un début de carrière bizarre, me direz-vous. La vérité est pire :
en fait
je n'ai jamais quitté cet endroit. Le Brillant était immobile, bien amarré à
un petit quai de fortune, pas le moindre équipage, pas d'officier en second,
j'étais seul!

    Ce que j'écris actuellement sur le livre de bord, parce que je n'ai pas
d'autre papier, remplit juste la première page, toutes les autres sont
vierges! J'ai passé mon temps à naviguer dans ma tête... maigre consolation,
mais j'ai eu longtemps cette obsession : comment partir d'ici. Deux fois
j'ai tenté de
quitter ce bord insupportablement immobile, deux fois mon armateur m'a
retrouvé et contraint à regagner ma cabine...
....
....
- Ah, ce modèle, le premier à gauche sur la 3° étagère, j'y tiens beaucoup,
c'est mon premier en bouteille. Ce qui m'étonne c'est d'avoir dû recoller à
deux reprises la figurine du capitaine...



Amicalement
François

f.saintier@free.fr  (nouvelle adresse en principe fonctionnelle)
 
 2 - De Regis le jeudi 22 novembre 2001 à 07:43 
 
--
Bouteille
Récipient pouvant contenir toutes sortes de liquides mais aussi des messages
quand elle est jetée à la mer. Certains magiciens arrivent aussi a y faire
entrer des bateaux.

Régis
 
 3 - De Eric Surzur le jeudi 22 novembre 2001 à 09:41 
 
Merci François...
Eric, qui aime bien les magiciens et les belles histoires.

François Saintier <f.saintier@free.fr> a écrit dans le message :
3bfbf402$0$9966$626a54ce@news.free.fr...
>     J'ai atteint l'âge des souvenirs et c'est le moment de les raconter,
ou
> plutôt de les écrire, car étant seul aujourd'hui sur ce bateau, je n'ai
> personne à qui parler
>
>     Il y a plus de trente ans, jeune capitaine à la recherche d'un
> commandement, je me suis vu proposer celui d'un brick goélette dont la
> mission n'était pas clairement définie, mais j'étais tellement fier et
ravi
> de cette offre que
> je l'ai acceptée. Aujourd'hui je me demande encore ce qui m'est arrivé.
>
>     D'abord ce bateau n'était pas encore construit et le contrat me
nommait
> chef du chantier de construction. Bien sûr, je n'avais jamais fait un tel
> travail, mais cela n'effraya pas l'armateur qui me dit toute la confiance
> qu'il avait en
> moi. Comment refuser? Je voyais là un moyen formidable d'apprendre du
> nouveau et surtout, je me voyais déjà naviguant sur un bâtiment que
> j'appelais "mon bateau" à défaut de lui avoir trouvé un nom; mais attendez
> la suite.
>
>     Ma première surprise était de voir le temps passer et la construction
> de "mon bateau" bien lente. Parfois il y avait des interruptions de 3
mois,
> pendant lesquels l'armateur était invisible! Il est vrai que le chantier
> n'était pas idéalement placé car l'accès était assez restreint, et
certains
> éléments prirent place de façon plus ou moins acrobatiques. Cependant les
> choses avançaient doucement et au bout d'un an la coque était finie.
>
>     Je ne savais toujours pas où se passerait ma première mission, mais je
> rêvais de Mer Rouge, de Zanzibar, du Yémen qu'on surnommait alors l'Arabie
> Heureuse, je rêvais bien sûr de rencontrer ce personnage dont on
commençait
> à parler, Henri de Monfreid, aventurier, pirate, contrebandier, mais vrai
> marin... Patience me disais-je.
>
>     Deux ans plus tard, eh oui deux années s'étaient encore écoulées, le
> bateau est terminé... Magnifique! L'acajou, le chêne, le teck, les bronzes
> tout est
> splendide et il porte bien son nom : Le Brillant!
>
>     J'imagine déjà son premier voyage, prenant doucement le vent par le
> travers, à peine quelques degrés de gîte, les cales pleines de
marchandises;
> à moi bientôt l'aventure.
>
>     Enfin je ne vais plus voir ce phare construit l'année dernière dont je
> me demande d'ailleurs toujours l'utilité, il n'y a pas de dangers
> particuliers à
> marquer ici et le premier port est au moins à 35 nautiques de là. Pourquoi
> baliser un simple chantier?
>
>     Voilà un début de carrière bizarre, me direz-vous. La vérité est pire
:
> en fait
> je n'ai jamais quitté cet endroit. Le Brillant était immobile, bien amarré
à
> un petit quai de fortune, pas le moindre équipage, pas d'officier en
second,
> j'étais seul!
>
>     Ce que j'écris actuellement sur le livre de bord, parce que je n'ai
pas
> d'autre papier, remplit juste la première page, toutes les autres sont
> vierges! J'ai passé mon temps à naviguer dans ma tête... maigre
consolation,
> mais j'ai eu longtemps cette obsession : comment partir d'ici. Deux fois
> j'ai tenté de
> quitter ce bord insupportablement immobile, deux fois mon armateur m'a
> retrouvé et contraint à regagner ma cabine...
> ...
> ...
> - Ah, ce modèle, le premier à gauche sur la 3° étagère, j'y tiens
beaucoup,
> c'est mon premier en bouteille. Ce qui m'étonne c'est d'avoir dû recoller
à
> deux reprises la figurine du capitaine...
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> Amicalement
> François
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> f.saintier@free.fr  (nouvelle adresse en principe fonctionnelle)
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