FAQ fr.rec.bateaux - Morceaux choisis du forum
Entretien - réparation (peinture, antifouling,...)
Equipement (accastillage, voile et gréement, GPS,...)
Pratique (navigation, port et mouillage, réglages,...)
Récit, Réglementation, ...

  Index > Pratique > Navigation  

GPS et canne blanche ...    
3 messages du 21/09/2001 au 21/09/2001    

 1 - De Philippe Lefebvre le vendredi 21 septembre 2001 à 14:13 
 
Quelques problèmes avec wanadoo m'ont fait perdre le fil du sujet. Je
redonne donc mon message original :

Le soleil cogne, calme plat, mer lisse et irisée du film de pétrole
Méditerranéen, quelque part entre Mahon et Toulon.
Le diesel ronronne un peu fort, et ajoute son eau de refroidissement à la
pollution, mais je suis pressé, plein le dos de ce convoyage mal commencé.
Le pilote s'arrange avec le GPS, way point sur le milieu de la rade à plus
de 100NM.
Les voiles écroulées sur le pont, pour ne pas rater une miette au cas d'un
retour du vent sur cette mer plate et faire taire cette grande gueule de
diesel.
Petit coup d'oeil à l'horizon avant d'aller à la gamelle. Rien, comme depuis
des heures...Quoique peut-être, j'aurais du bien regarder par dessus le tas
du génois, vers l'avant.
Je traîne en bas, pas envie de remonter me faire griller dans la demi-heure
qui suit.
Debout au dessus de la casserole, une bouchée de bollo un peu grosse
m'oblige à relever la tête pour respirer...
Et là, BOUM ! mon coeur s'arrête.
Une superbe étrave de voilier défile devant le hublot à moins de 15 mètres.
je me catapulte sur l'échelle et tombe droit dans les yeux du mec qui
émerge aussi de son capot. Il est blanc comme un linge, avec les même yeux
idiots que moi qui défilent vers l'arrière.
Il nous faut 10 secondes avant de refermer nos bouches en repoussant
lentement les spaghettis avec nos doigts. Après un petit sourire gêné,
chacun replonge dans sa coque, le temps d'avaler notre honte et de faire
retomber les poils hérissés.
Le gars se rétrécie dans mon sillage, je ressort et vais m'asseoir sur le
balcon pour bien regarder, me calmer et m'interroger.
Question : A qui la faute et pourquoi ?
 
 2 - De Philippe Lefebvre le vendredi 21 septembre 2001 à 15:05 
 
Bien d'accord, c'est ma faute, et je méritais que ça finisse mal....
Mais, j'ai soudain pris conscience que beaucoup d'entre nous utilisaient un
peu légèrement le GPS comme pilote.
Mon erreur était surtout d'avoir programmé un way point en plein milieu de
"l'autoroute".
Le type d'en face avait certainement fait pareil, mais dans le sens inverse.
Le GPS risque de devenir DANGEREUSEMENT PRECIS. Surtout dans des navigation
Nord/Sud par régime d'Ouest ou l'inverse, quand aucun des deux ne louvoie,
ou pire, dans toutes circonstances et par calme plat ou chacun marche au
moteur.
Depuis je programme toujours cet engin à 1/2 nautique d'un point
remarquable, d'une bouée ou d'un chenal, après m'être franchement écarté de
mon point de départ.
J'espère limiter ainsi l'attirance diabolique que deux bateaux ont l'un pour
l'autre au milieu de nulle part.
De façon générale j'essaie de ne pas succomber à la simplification de toute
cette électronique qui endort l'instinct et les compétences, et met sur la
mer des gens comme moi, qui parfois, ne devrait peut-être pas y être...
 Mais c'est un autre débat.
 
 3 - De Paul Friedel le vendredi 21 septembre 2001 à 21:27 
 
Le GPS est un instrument extraordinaire, nul ne le contestera. Il n'empêche
: la veille reste essentielle! J'ai été un peu choqué cet été en Angleterre
entre Fowey et Falmouth, par une aventure un peu similaire :

Je naviguais au près tribord amure parmi tous les vieux gréements d'un
rassemblement organisé à Fowey. Incorrigible, je régattais avec tous ceux
qui me passais à portée d'étrave. A un moment donné j'ai aperçu un bateau
avançant à belle allure foc roulé et appuyé sur grand voile seule direct sur
ma route au bon plein / petit largue. Sûr il avançait à l'anglaise avec une
aide diesel! Vous voyez le genre de bateau : 11m confortable avec bridge
deck et tout le toutim.Confiant dans le légendaire savoir-vivre des
grands-bretons, et leur sens de la priorité, je me concentrais sur ma petite
régate contre un cotre aurique que je grattais gentiment. Un peu inquiet
tout de même car le vialin fifty ne montrait aucun signe de vouloir changer
de relèvement sur la filière tribord. Belle route de collision ; je monte la
corne brume un peu à l'avance et peu après, je manoeuvre juste pour éviter
le crash. L'autre ne bouge pas de sa route. Je ne vois personne dans le
cockpit, mai il est vrai que ces engins sont tellement bardés de
superstructures, qu'on ne peut pas jurer qu'il n'y ait personne en veille.
Ni une ni deux au moment de la manoeuvre d'évitement je corne un bon coup
pour faire valoir mon bon droit et mon irritation... quelques seconde plus
tard, alors que le bougre glisse à mon vent suivi de son petit nuage de
pollution, une tête de femme dans la soixantaine sort de la descente et
appelle son mari, qui monte et nous regarde d'un air ahuri!

Ces enf... navigaient dans une zone bien dense, sous pilote automatique et
sans doute se prenaient une petite tasse de thé dans la cambuse sans
s'occuper du reste du monde.

Alors je dis, je clame et j'affirme : la VEILLE. GPS ou pas, on veille.
Pilote automatique ou pas, on veille. Et je sais bien c'est exactement ça,
le problème du solitaire. Pour naviguer moi-même en solitaire de temps en
temps, je ne sais pas résoudre ce problème. Il est insoluble.


"Philippe Lefebvre" <cambuse2@wanadoo.fr> a écrit dans le message news:
9of8ft$ef9$1@wanadoo.fr...
> Quelques problèmes avec wanadoo m'ont fait perdre le fil du sujet. Je
> redonne donc mon message original :
>
> Le soleil cogne, calme plat, mer lisse et irisée du film de pétrole
> Méditerranéen, quelque part entre Mahon et Toulon.
> Le diesel ronronne un peu fort, et ajoute son eau de refroidissement à la
> pollution, mais je suis pressé, plein le dos de ce convoyage mal commencé.
> Le pilote s'arrange avec le GPS, way point sur le milieu de la rade à plus
> de 100NM.
> Les voiles écroulées sur le pont, pour ne pas rater une miette au cas d'un
> retour du vent sur cette mer plate et faire taire cette grande gueule de
> diesel.
> Petit coup d'oeil à l'horizon avant d'aller à la gamelle. Rien, comme
depuis
> des heures...Quoique peut-être, j'aurais du bien regarder par dessus le
tas
> du génois, vers l'avant.
> Je traîne en bas, pas envie de remonter me faire griller dans la
demi-heure
> qui suit.
> Debout au dessus de la casserole, une bouchée de bollo un peu grosse
> m'oblige à relever la tête pour respirer...
> Et là, BOUM ! mon coeur s'arrête.
> Une superbe étrave de voilier défile devant le hublot à moins de 15
mètres.
> je me catapulte sur l'échelle et tombe droit dans les yeux du mec qui
> émerge aussi de son capot. Il est blanc comme un linge, avec les même yeux
> idiots que moi qui défilent vers l'arrière.
> Il nous faut 10 secondes avant de refermer nos bouches en repoussant
> lentement les spaghettis avec nos doigts. Après un petit sourire gêné,
> chacun replonge dans sa coque, le temps d'avaler notre honte et de faire
> retomber les poils hérissés.
> Le gars se rétrécie dans mon sillage, je ressort et vais m'asseoir sur le
> balcon pour bien regarder, me calmer et m'interroger.
> Question : A qui la faute et pourquoi ?
>
>
>
 

frbateaux.net - Horaire marée - Dernière mise à jour le 10 juillet 2012 - faq@frbateaux.net