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Passionnant (quel euphémisme tragique !) et ancien sujet (2000 ans ? 3000
?).
J'ai aussi en mémoire - et en archives - un "numéro spécial survie" de la
défunte revue du CNG, en 79 me semble-t-il.
Comment peut on ne pas être convaincu de la supériorité de la survie
dynamique? Tant pour le moral que pour son efficacité, qui se traduit
concrétement par:
- eh ! faites gaffe en descendant les gars ! Attendez moi !
au lieu de (pensé comme une fulgurance qui s'estompe déjà dans la demi-vie
qui reste...? Et encore: peut on réellement penser ? Je ne crois pas):
- ...vais
....mourir...non...qu..z..da..fhgsch...con...argh..........................po
sssskkd.........pffffff.......(-------------MORT----------------------------
----------MORT-----------------------------MORT-----------------------------
----------------------------------------------------------------------------
-------------------------MORT---------------------------------------MORT----
-------------------....)
Au-delà du côté "cinéma" de la scène, on doit quand même se poser la seule
VRAIE question, à mon sens: si JE suis dans la situation d'embarquer dans un
bib avec mes enfants (ou tout seul), qu'est-ce que JE préfère avoir ,
concrètement, si ça M'arrive dans 48 heures ou 20 minutes? Une annexe que je
connais + son grément + un sac de survie sérieux avec une VHF étanche, ou
bien une piscine de jardin pour enfants de moins de 6 ans + deux pagaies en
isorel de 25 cm + des instruments de survie du genre "mettez 5 fr et tirez
la poignée - Plaisir d'offir !".
Bon Dieu, je suis sérieux, là ! ! !
Y A-T-IL UN OFFICIEL DANS LA SALLE QUI LISE UN PEU DE TEMPS EN TEMPS CE
FORUM, SACRE NOM D'UN CHIEN ?
UN RESPONSABLE D'UN MINISTERE ?
Pardonnez-moi de faire long, mais voici le récit d'une expérience
personnelle. Printemps 1988. Gib Sea 106 en convoyage, retour de Martinique.
Un équipier et moi-même à bord:
Je me souviens avoir manqué, pour juste quelques mètres, être coupé en deux
par un cargo-rouillé-sous pilote-personne de visible à bord-VHF muette,
dans l'archipel des Açores. De mon côté: arbre d'hélice cassé, calme plat,
impossible de godiller le bateau. Si, si, ça arrive. Et le cargo qui va
juste sur vous, pas devant, pas derrière: sur vous.
....
Je me souviens avoir appelé ce cargo à la VHF des dizaines de fois, sans
succès, et avoir même crié dans le micro, de rage.
....
Je me souviens avoir décidé de sortir le bib de son logement et le sac de
survie (sextant plastique, bouffe, couteau.....etc)
....
Je me souviens avoir préparé concrètement et en 5 mn l'évacuation du bateau
avec mon coéquipier et que, là, on s'aperçoit que les centaines de fois où
on a répété les mêmes conseils aux autres, ça forge des réflexes sacrément
salvateurs et qu'en écrivant ces lignes, 12 ans après j'en ai encore les
larmes pas loin des yeux tellement je ne remercierai jamais assez ceux qui
m'ont formé avec foi et passion comme j'ai essayé de le faire à mon tour. Ce
n'est pas un discours en l'air et bêtement larmoyant: quand on y est, on y
est et on n'a pas le loisir de rigoler.
....
Je me souviens que ce cargo marchait irréellement droit sur nous et qu'on ne
peut pas réaliser ça, tellement c'est grand autour, même quand on sait qu'il
y a des îles à l'horizon.
....
Je me souviens que c'était la première fois que je regardais un cockpit en
me disant que quelques minutes plus tard il y avait 2 chances sur 3 pour que
je n'y sois plus mais en train de patauger à côté, dans cette eau si
désespérément plate...sans vent du tout...en train de pousser une survie
pour m'éloigner le plus vite possible. Le problème: quand décider de sauter
pour avoir le temps de faire quelques mètres ?
....
Je me souviens que ça fait drôle de remuer la (lourde) survie en se disant
qu'on va embarquer dedans pour de bon et qu'il y avait une atmosphère
particulière à bord, mais que les secondes passaient plus vite que
d'habitude et qu'on n'avait pas le temps de réaliser grand chose. Sauf que
l'inévitable et l'impensable était en train de se produire sous nos yeux et
que c'étaient nous qui avions les rôles principaux dans le casting.
....
Je me souviens qu'on venait d'essuyer un vrai coup de vent avant d'arriver
aux Açores et que se faire casser sur place par calme plat et par un cargo
fantôme, c'est dur à admettre: matelas en vrac, réchaud "à l'horizontale",
casseroles qui volaient dans le carré, passavants dans l'eau trop souvent,
haubans qui vrombissaient vraiment fort, craintes pour les cadènes, craintes
pour les écoutes, l'enrouleur, les hublots, tout..., les lames de
travers..et que la cape avait été nécessaire pour récupérer et préserver le
bateau. Je me souviens que je n'avais jamais vu, même au large, de creux
comme ça. Je me souviens que ça faisait réellement penser à des collines,
pas des "buttes",des collines. Je me souviens m'être dit, une fois à la cape
seulement, que c'était un spectacle magnifique et rare. Le seul problème
c'était que poser le soleil sur des montagnes d'eau ne m'arrangeait pas
vraiment pour la précision du point et que les îles n'étaient pas loin, vu
la position de la veille et puisque on les avait en FM depuis la nuit...
....
Je me souviens m'être JURE, après que le cargo se soit enfin détourné - si
peu !- que quand j'aurai un bateau, j'aurai une survie dynamique + une
sérieuse dame de nage + un sérieux aviron vraiment long.
....
Je me souviens qu'un cargo qui se détourne, c'est beau...
....
Je me souviens avoir vu un membre d'équipage sur une coursive, me faire
innocemment un signe de la main, et avoir pensé "toi mon gars, tu ne sais
pas que je me rappellerai de toi toute ma vie".
....
Je pourrais dessiner son visage 12 ans après, je crois bien.
Ne me parlez pas de survie statique. "Vivre, c'est bouger": une expression
tarte comme ça, ça prend du sens dans ce genre de situation. Quand on lit ce
genre de récit dans un bouquin ou une revue, ce n'est pas tout à fait
pareil. Faites-vous des survies dynamiques, les amis !
Eric.
Hervé Hillard <hillard@voilesetvoiliers.com> a écrit dans le message :
3A276EA8.EEB321D8@voilesetvoiliers.com...
> Bonjour,
>
> vaste et passionnant sujet que celui de la survie dynamique. Nous avons
> fait des essais, voici un peu plus de vingt ans, du premier radeau de ce
> type. Nous avons réitéré, en 1996, lors d'un numéro spécial consacré à
> la sécurité : notre survie dynamique était un Dau allemand. Effeicace :
> l'équipe qui était à bord a pu rejoindre la terre, pendant que quelques
> cobayes et moi-même avons croupi plus de 14 heures dans notre piscine
> gonflable à peine améliorée (et qui s'est vite dégonflée d'ailleurs). Le
> problème est qu'il faut faire passer l'idée - et l'homologation !-
> auprès de la Mar Mar. Ce qui est loin d'être évident. Pour avoir
> participé à plusieurs réunions au Conseil supérieur de la navigation de
> plaisance, organe - hélas - seulement consultatif, je peux vous dire que
> les choses bougent. Mais, c'est vrai, elles n'avancent pas. Une autre
> idée serait à promouvoir : pouvoir séparer sac ou conteneur du radeau et
> sac étanche contenant le matériel. Pour tout un tas de raisons, ça
> semble mieux : poids et encombrement, facilité d'accès au-dit matériel,
> que l'on peut vérifier, enrichir, réviser (piles...), remettre à jour.
> Le CSNP était tout à fait d'accord là-dessus et comptait bien promouvoir
> l'idée auprès des autorités, lesquelles sont en la matière, au mieux
> inefficaces, au pire incompétentes...
> Une remarque, quand même : vouloir faire avancer un radeau à l'aviron
> est assez illusoire. Le cerf-volant marche pas mal (nous l'avons aussi
> essayé), mais tout le problème reste de le faire décoller. Puis
> d'arriver à la maintenir en l'air - pas facile. Un petit gréement simple
> et costaud me semble plus approprié.
> Parmi d'autres idées, celle d'un fil-antenne très fin de VHF à noyer
> dans la tresse du cerf-volant, de façon à pouvoir augmenyter
> considérablement la portée de celle-ci. Et des avirons (oui, mieux vaut
> en avoir quand même, après tout) dont les manches contiennent une sorte
> de harpon (il n'est que de lire le nombre de naufragés, impuissants
> alors que tout un tas de poissons viennent folâtrer sous le radeau).
> Dernier point : à l'image de ce que font nombre de navigateurs anglais,
> il semble tout à fait bien de préparer son annexe gonflable en tant que
> survie. On la connaît bien, on sait son état, il n'y a pas de révisions,
> disons "douteuses", on peut préparer avec un sac étanche avec "son"
> matériel. Il faut simplement prévoir une bouteille pour la gonfler
> rapidement. Evidemment, elle ne peut remplacer la survie obligatoire et
> "homologuée". Disons simplement qu'elle peut constituer un appoint non
> négligeable. D'autant qu'on peut facilement lui prévoir un gréement...
> Voilà quelques idées jetées en vrac. Nous avons fait, et continuons de
> faire, pression sur les autorités pour que cela bouge. Pour le moment,
> hélas...
>
> Amicalement.
>
> Hervé
>
>
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