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Un dimanche à bord de la Granvillaise    
4 messages du 28/09/2001 au 28/09/2001    

 1 - De Jacques Thomazo le vendredi 28 septembre 2001 à 11:23 
 
Dimanche dernier, Françoise Stéphanie Sébastien et moi sommes descendus
de Cherbourg à Granville pour embarquer à bord de la Granvillaise.  Je n'ai
malheureusement pas le talent de Sophie pour conter les sorties de la
Bisquine mais nous avons vécu une expérience si fabuleuse que je ne résiste
pas au plaisir de vous la raconter.
    Les conditions météo étaient idéales ; vent de NE  5 à 6 mer peu agitée
et en plus, du soleil.
C'est vers 9h30 dés qu'il y a eu assez d'eau sur le seuil que nous nous
sommes préparés à appareiller. Pour les 26 passagers ce fut tout d'abord la
présentation du bateau puis un vigoureux rappel des consignes de sécurité
par Nicolas le skipper. et la présentation de l'équipage  Il y avait, bien
sur, notre Sophie nationale incontestablement très à l'aise, dans son
élément.  Marie, toute en énergie et je vous assure qu'il en faut et Yvon,
un grand gaillard calme et attentif. Quatre bons marins pour un beau bateau.
    A la sortie du port, encore à l'abri de la côte tous les volontaires ont
prêté main forte pour envoyer le grand  taillevent, la misaine et le foc. Je
comprends mieux maintenant pourquoi nos anciens entonnaient les chansons à
hisser car de la cadence, il en faut sinon vous ne hissez rien du tout. Pour
border, c'est la même chose c'est tous ensemble sinon l'écoute ne progresse
pas d'un pouce. Très vite la brise nous a rattrapés. Notre skipper  décide
de nous emmener à Chausey et c'est à 8 et 9 noeuds que nous nous sommes mis
à torcher  au grand largue. Ceux qui s'en sentaient capables ont pu s'
essayer à la barre. Grisant et musclé. Sans le raban  tourné sur la barre
franche on ne tient pas longtemps sur son cap les 55 tonnes de la
Granvillaise et les écarts de route ne son pas trop du goût du patron.
    Une grande heure aprés le départ, nous nous sommes engagés dans le
passage de la Conchée pour laisser les Trois Cailloux des Huguenans sur
notre gauche  et après un virement de bord destiné à nous éviter un
empannage trop dangereux nous sommes ressortis vers le sud au ras des
cailloux entre la Chapelle et la Tournioure, histoire d'épater un peu la
galerie.  Ensuite, nous avons longé la grande île que nous avons laissés sur
tribord.
     C'est sur ce bord, au grand largue que le skipper a décidé de réduire
la toile. Il est vrai que ça ne mollissait pas. La misaine affalée nos 4
gaillards se sont attaqués au taillevent pour y prendre deux ris, sans
compter un changement de foc devenu trop grand lui aussi.  Quel boulot !
Tous les passagers étaient regroupés sur l'avant attentifs et admiratifs, c'
est là qu'il y avait le moins de risques.   Très fier d'être à la barre et
concentré au maximum je n'ai pas tout suivi de la manouvre mais je peux vous
assurer qu'elle est physique et  qu'il faut y  mettre du cour à l'ouvrage.
Lorsque tout fut terminé, nous avons une nouvelle fois viré de bord pour
remettre le cap sur Granville.
    Voici pour la ballade ; elle n'a pas épargné quelques estomacs pas trop
amarinés, elle en a trempé aussi pas mal qui se sont laissés surprendre par
les quelques paquets de mer qui s'étaient invités.
ce fut une nouvelle expérience, elle fut riche et belle et je tenais à vous
la faire partager.
    Plus qu'une impression de vitesse et de puissance, ce bateau m'a
laissait un sentiment de labeur et de force. Je ne pouvais m'empêcher de
penser à ces marins qui, par mauvais temps, devaient se battre avec la
faiseuse de veuves, et la toile. Ca devait être un bateau de peine. Peut
être aussi, je l'espére, de joies rudes et simples.Comme ils étaient loin de
nos bateaux  d'aujourd'hui !
Encore un grand merci à son équipage.
Bien amicalement.
Jacques.
 
 2 - De Sophie L le vendredi 28 septembre 2001 à 15:12 
 
Bonjour Jacques, tout le monde,

Jacques Thomazo a écrit :
>     Dimanche dernier, Françoise Stéphanie Sébastien et moi sommes descendus
> de Cherbourg à Granville pour embarquer à bord de la Granvillaise.
(couic)
Merci beaucoup pour ce récit, c'était un vrai plaisir de vous avoir tous
à bord et de vous rencontrer "en vrai", un peu plus réel que le virtuel
des forums. Vous avez eu en plus beaucoup de chance de pouvoir découvrir
la Granvillaise dans les meilleures conditions pour elle, bon vent, au
grand largue et pas de mer, elle a donné le meilleur d'elle-même. Un
grand merci pour tes impressions, et contente, très contente que vous
vous soyez fait plaisir!

Juste un truc: c'est pas Yvon le second du bord, c'est Gilles! :^)

>     Plus qu'une impression de vitesse et de puissance, ce bateau m'a
> laissait un sentiment de labeur et de force. Je ne pouvais m'empêcher de
> penser à ces marins qui, par mauvais temps, devaient se battre avec la
> faiseuse de veuves, et la toile. Ca devait être un bateau de peine. Peut
> être aussi, je l'espére, de joies rudes et simples.
Je l'espère aussi. Et je t'assure qu'on y pense, à ces marins, souvent.
Le texte que tu as transmis, sur les difficiles conditions de vie des
marins à bord de ces bateaux, il y a un siècle, est à ce titre très
précieux.

On désarme le bateau fin octobre, pour reprendre en avril, si il y a des
amateurs?? En attendant, j'y retourne!

Bon vent à tous et j'espère à bientot, à bord ou ailleurs.

Sophie
 
 3 - De Jacques Thomazo le vendredi 28 septembre 2001 à 19:49 
 
Toutes mes excuses à Gilles, Je suis vraiment trés trés étourdi. Cela me
jouera des tours.
Sophie L <sophie.launey@free.fr> a écrit dans le message :
3BB4774B.6DAA6F59@free.fr...
> Bonjour Jacques, tout le monde,
>
> Jacques Thomazo a écrit :
> >     Dimanche dernier, Françoise Stéphanie Sébastien et moi sommes
descendus
> > de Cherbourg à Granville pour embarquer à bord de la Granvillaise.
> (couic)
> Merci beaucoup pour ce récit, c'était un vrai plaisir de vous avoir tous
> à bord et de vous rencontrer "en vrai", un peu plus réel que le virtuel
> des forums. Vous avez eu en plus beaucoup de chance de pouvoir découvrir
> la Granvillaise dans les meilleures conditions pour elle, bon vent, au
> grand largue et pas de mer, elle a donné le meilleur d'elle-même. Un
> grand merci pour tes impressions, et contente, très contente que vous
> vous soyez fait plaisir!
>
> Juste un truc: c'est pas Yvon le second du bord, c'est Gilles! :^)
>
> >     Plus qu'une impression de vitesse et de puissance, ce bateau m'a
> > laissait un sentiment de labeur et de force. Je ne pouvais m'empêcher de
> > penser à ces marins qui, par mauvais temps, devaient se battre avec la
> > faiseuse de veuves, et la toile. Ca devait être un bateau de peine. Peut
> > être aussi, je l'espére, de joies rudes et simples.
> Je l'espère aussi. Et je t'assure qu'on y pense, à ces marins, souvent.
> Le texte que tu as transmis, sur les difficiles conditions de vie des
> marins à bord de ces bateaux, il y a un siècle, est à ce titre très
> précieux.
>
> On désarme le bateau fin octobre, pour reprendre en avril, si il y a des
> amateurs?? En attendant, j'y retourne!
>
> Bon vent à tous et j'espère à bientot, à bord ou ailleurs.
>
> Sophie
 
 4 - De Marc_de_Ferrière le vendredi 28 septembre 2001 à 20:50 
 
Sophie L <sophie.launey@free.fr> wrote:

> Bonjour Jacques, tout le monde,
>
> Jacques Thomazo a écrit :
[snip]

> >     Plus qu'une impression de vitesse et de puissance, ce bateau m'a
> > laissait un sentiment de labeur et de force. Je ne pouvais m'empêcher de
> > penser à ces marins qui, par mauvais temps, devaient se battre avec la
> > faiseuse de veuves, et la toile. Ca devait être un bateau de peine. Peut
> > être aussi, je l'espére, de joies rudes et simples.
> Je l'espère aussi. Et je t'assure qu'on y pense, à ces marins, souvent.
> Le texte que tu as transmis, sur les difficiles conditions de vie des
> marins à bord de ces bateaux, il y a un siècle, est à ce titre très
> précieux.

ça me rappelle des sorties il y a vingt ans sur le Mutin, copie de
thonier de Concarneau à la Marine Nationale. Je me souviens d'une
traversée de la rade de brest à la barre par vent de travers, ça ne dure
qu'une heure et j'étais au tapis à la fin. Et en même temps on a
l'impression de bâteau très sûr. J'ai retrouvé la même chose dans
l'article du dernier chasse Marée où ils narrent une pêche au thon à
l'ancienne.
C'est vrai qu'une sortie d'une journée dans de bonne condition permets
d'immaginer la vie de ces marins qui ne sortaient pas pour le plaisir.

J'avais d'ailleurs eu une expérience qui m'a profondément marquée à
l'époque du Mutin. Lors d'un virement de bord un des mousses n'avait pas
respecté les consignes et au lieu de fair un tour avec l'écoute de la
voile de tape-cul, la tenait en direct, résultat on vire et il passe à
l'eau. ça donne une idée de la puissance de ces navires, un petit
virement et zou, pas le temps de réagir.
Je vous rassure, le mousse a été repêché et je n'arrive pas à oublier
l'effet que tu ressent quand tu entends crier "un homme à la mer".
 

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