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Bonjour,
Attendez les gars, vous emballez pas !!! Avec un bateau qu'a l'air de si
bien marcher, il va pas rester longtemps à terre, l'Eric !! S'en va aller
braver la houle Atlantique, passer les caps et promontoires.... et oublier
que le clavier de son bon vieil ordi attend ses doigts magiques pour nous en
faire le récit jour après jour !!!
Faut pas qu'il déborde de trop loin la côte, il serait foutu de pas revenir
DU TOUT !!!!
Qu'il rêve, qu'il fasse le tour des corps morts de l'île aux moines ou de
Gavrinis, mais pas le Grand Large, surtout pas !!!
Amicalement
ADB
e-mail : adupinbe@noos.fr
page perso : http://mapage.noos.fr/adupinbe/
page Guide Méditerranée: http://guidemediterranee.free.fr/
Vous aviez écrit:
"Jacques Thomazo" <jacques.thomazo@wanadoo.fr> a écrit dans le message news:
9ifdkp$k44$1@wanadoo.fr...
> Félicitations OH! disciple de Parlier! Surtout, surtout sois prudent...
je
> ne voudrais pas invoquer Robinson Crusoe. Allez, à Vendredi.
> Bien amicalement
> Jacques.
> Eric Surzur <vogue.marine@wanadoo.fr> a écrit dans le message :
> 9if93k$rps$2@wanadoo.fr...
> > Bonjour à tous,
> > bonjour, O Forum sacré !
> > Heureux de vous taper ce message, O combien heureux !
> > Heureux de pouvoir le faire pour encourager ceux qui rêvent de bateau -
> Roc
> > 129 ou plus modeste ;-) - ceux qui rêvent de POSSEDER un bateau, de
> sentir
> > les yeux qui piquent quand il est mis à l'eau après tant de travail s'il
> > s'agit d'une profonde restauration comme dans mon cas.
> > Heureux de donner à se souvenir à ceux qui garderont toujours ce moment
> > nécessairement unique de la première sortie autrement que sur le bateau
> des
> > copains ou celui de location.
> >
> > Allez ! Courage, (Laurent et les autres qui sont encore le ciseau ou le
> > tournevis à la main) ça vaut le coup en grand comme une minute d'alizé
> dans
> > le métro, comme une page de Cook dans une journée de mises en examen !
> >
> > On embarque ?
> >
> > Descente au port de Vannes, tôt le matin. C'est un port à écluse et le
> petit
> > livre des horaires me sert désormais de viatique. D'ailleurs, pas si
> > contraignants que ça, les horaires. J'admire sincèrement les deux p'tits
> > jeunes qui font les entrées et les sorties jusqu'à 22h00 et qui vous
> > demandent quand vous rentrez, et qui gèrent les places pendant la
saison.
> >
> > Ambiance fébrile partout: les GV sont endraillées, les "trucs qui
> traînent"
> > rangés, les habitués sont déjà partis. Les "nouveaux" préparent et se
> > préparent...Pour ma part je sors les voiles en me demandant quel vent il
y
> > aura dans le Golfe car le port est très protégé. Allons-y pour GV et foc
> 1,
> > malgré les rails trop courts (à changer ultérieurement).
> Consciencieusement
> > je prépare les bosses de ris à poste, des garcettes dans le balcon
arrière
> > et un mouillage léger à l'avant avec la deuxième ancre. On n'est jamais
> trop
> > prudent: une première sortie peut dégénérer à la sauce "imprévu" et avec
> les
> > courants du Golfe, méfiance, méfiance....
> >
> > Bon, je crois qu'on est prêt ? L'intérieur du bateau ressemble encore de
> > près au rayon menuiserie de chez Castorama mais j'ai tout calé dans les
> > couchettes cercueils. Pout, pout, pout.....direction le chenal, la
pointe
> > des Emigrés, Conleau que je vois - pour une fois - de la mer, et devant
la
> > célèbre "maison rose", enfin, l'ouverture du Golfe, l'eau, la place
> > d'envoyer !
> >
> > Le Suzuki au ralenti ++, la barre maintenue par un sandow piqué sur le
> vélo
> > deux heures plus tôt et tendu entre les pieds du balcon, je vais au pied
> de
> > mât. Et là, évidemment j'entends
> > "Splash-blob-splash-blob-splash-blob-splash-blob: l'hélice qui sort de
> > l'eau, qui plonge....je ne suis pas sur un 12 m et je pèse quand même 82
> kg
> > (mais il paraît que je suis très bien comme ça, vu ma taille ;-) ).
> > Dépêchons...
> >
> > Et là, quand, le bateau se cale gentiment sur le bouchain et prend de
> l'erre
> > pour la première fois, comme un grand, après 10 ans de pauvre vie,
> bousculé
> > sur un terre-plein, déménagé, abandonné sous la pluie des années, puis
> remis
> > en état des semaines et des semaines en pensant à cette minute...vous
vous
> > dites: - brave bateau, j'ai bien fait de m'obstiner. Allez, moteur coupé
> et
> > relevé, sandow réglé, on envoie le foc.
> >
> > Les rails trop en arrière font leur effet: le haut de la chute fait du
> > bruit. Il faut dire aussi que cette voile (Le Rose) est de 1968
> > !Passablement adaptée au portant, pas au près !
> >
> > M'enfin....je m'en fous ! JE SUIS SOUS VOILES POUR LA PREMIERE FOIS AVEC
> MON
> > BATEAU ! Et seul, encore, ce qui ajoute du sel à la chose, car je
n'avais
> > jamais navigué en solo sur autre chose qu'un dériveur léger. Ca se
déguste
> à
> > la petite cuiller, ça ! Si les gens qui passent à côté savaient ce qui
se
> > passe dans ma tête...
> > Bon, j'ai pensé à un programme pour cette première journée: observer le
> > grément pour le régler correctement, et passer du temps la barre à la
main
> > pour noter tout ce qui est à revoir, les coinceurs ou taquets éventuels
à
> > prévoir...etc.
> >
> > Il y a du vent, on avance bien. Je décide de me diriger, pour l'instant,
> > dans le chenal principal, direction la Pointe des Réchauds (NO de l'Ile
> aux
> > Moines) où je pense déjeuner, faire une pause...et savourer le plaisir
de
> > l'endroit. Les virements de bord se passent bien, sauf que le sandow a
> > tendance à contrarier mes projets et que plus bête qu'un sandow, c'est
> > difficile. Utile, mais pas aussi bien qu'un pilote. Pas le même prix non
> > plus ! Bref, on borde et on rectifie le cap au genou vite fait.
> >
> > Déjà la pointe d'Arradon...ah...il y a plus de monde. Ca se rétrécit et
> tout
> > le monde converge par là. Y compris le courant, d'ailleurs, qui nous
> pousse
> > dans le bon sens vers la sortie. Tant mieux. Ca va aller plus vite.
> >
> > Hélas, c'était compter sans le virement suivant, juste après le passage
> > d'une vedette d'un certain tonnage...Dans les vagues qui la suivent, je
> > bascule en arrière et tombe sur la barre. HORREUR ! J'ai entendu un
> sinistre
> > Crac ! et la barre est toute molle ! Pour une première sortie, c'est
> réussi.
> > Et je suis en plein milieu de la passe, dans la circulation. L'eau à cet
> > endroit coule comme une rivière et je me dis que ça commence bien... au
> bout
> > d'une heure seulement.
> >
> > Bon, lever la tête et faire le point vite fait, vue l'ambiance dans le
> > chenal. Deuxième HORREUR ! le courant nous emporte à toute allure sur la
> > bouée verte (métal, 500 kg ?). Vite, j'empoigne la tête du safran à
pleine
> > mains et tente de nous écarter...ça va vite, on va taper ? Vachement
> > pratique de barrer tourné vers l'arrière et le safran à pleines mains:
on
> > comprend tout de suite pourquoi on a inventé la barre ! Non, ça passe !
> Quel
> > souk ! Bon, danger écarté, il est urgent d'affaler tout de suite, le
> moteur
> > n'ayant pas voulu démarrer du premier coup et l'aviron étant totalement
> > inutile dans cet endroit. Et merci la bonne éducation que j'ai reçue:
d'un
> > geste, j'empoigne le mouillage léger et file la ligne en deux secondes.
> Nous
> > voilà mouillés. Pas tout à fait au bon endroit, certes, mais arrêtés,
quoi
> > que jouant à la toupie autour de la ligne de mouillage: vent contre
> courant,
> > logique. Ca l'air de tenir. Remarque, vu le jus dans le coin, l'angle de
> > tire doit être bon près du fond...Je vais en baver pour relever.
> >
> > Mais il y a plus urgent: réparer la barre, et bien la réparer.
> Heureusement
> > j'ai de quoi, puisque j'ai tout pris: 30 kg d'outils, au moins, dont
> > ciseaux, rabots, scies, râpes, limes, maillet, étau et j'en passe.....Je
> > dois dire que je ne m'attendais pas à devoir bûcheronner dans le
courant,
> à
> > cet endroit. D'abord chasser le morceau de bois qui est resté coincé
dans
> la
> > tête de safran. Et puis, surtout, comprendre pourquoi ça s'est cassé si
> > facilement. L'âge n'est pas tout. Un coup d'oeil me donne cependant la
> > réponse: à l'endroit où la barre sort de du safran il y a, dans le bois
de
> > la barre, un ancien trou de vis tout taché de rouille: point faible.
> Rupture
> > anormale. Coment ai-je pu laisser passer ça ? Franchement je m'en veux.
> >
> > Scie, raccourcir la barre, "ré-aléser" le manche pour que ça rentre
juste
> > dans le safran, scier, râper, refaire, essayer, ajuster. La barre
d'écoute
> > est très pratique pour immobiliser la pièce à travailler en faisant bras
> de
> > levier avec un capot de coffre...
> > Ma barre est plus courte de 20 cm mais là je suis rassuré sur la
solidité
> de
> > la réparation. Un grand seau d'eau pour laver la sciure qui rend le
> cockpit
> > ultra-dérapant et je vais à l'avant relever le mouillage, après avoir
> > vérifié que le moteur était prêt à dire oui au premier coup de lanceur.
> >
> > Je tire, je tire l'aussière. On a beau le savoir, que c'est lourd un
> > mouillage, même léger, dans le courant, P......! là c'est lourd.
Pourtant
> je
> > n'ai pas que de la cellulite dans les bras ! Lourd comme ça, à ne plus
> > vouloir monter du tout....suspect. Mince ! Après m'être dépatouillé tout
> > seul pour réparer cette barre pendant une heure, je vais devoir larguer
> une
> > ancre ? Non.... ! Je décide de tenter quelque chose qui "peut" marcher,
> avec
> > un peu de chance: je hisse GV et foc et force en avant, contre le
courant,
> > un bon coup. C'est là qu'on est content d'avoir refait le pont et
recollé
> la
> > bitte, d'avoir compris - étant donné le mode d'assemblage et de
collage -
> > qu'elle peut supporter des efforts énormes. Il y a du vent et ça tire
> fort.
> > Je choque, cours affaler et relève mon mouillage...et que vois-je ? un
> orin,
> > un vieil orin en forte aussière, pris dans la patte de l'ancre (FOB) !
Je
> > les cumule pour une première sortie. Content quand même que le truc de
> tirer
> > à l'envers ait (miraculeusement) marché, j'affale la GV et vais à petite
> > vitesse sous foc seul, prendre un coffre libre à deux encâblures.
> >
> > Vous dire que j'étais content de moi, de la réparation, de m'arrêter
pour
> > casser la croûte, et de voir le soleil pointer à ce moment, c'est rien
de
> le
> > dire....
> >
> > Départ sous voiles, vers 15 heures, sous le soleil qui joue à cache
cache,
> > fort courant de jusant qui m'aide bien. Je me décide pour le tour de
l'Ile
> > aux Moines et me fais le plaisir de passer les Réchauds à fond de train
> avec
> > au moins 4 nds de courant. Du coup, le Corsaire que je croise aura à
peine
> > eu le temps de me demander de quelle année est mon bateau: 1967 !
> >
> > Le vent se met à forcir aussitôt passé la pointe.D'ailleurs le soleil ne
> > joue plus: il est parti se cacher. Peut-être à Chausey où je pense que
PT
> > promène Gils et toutes ses femmes ? ;-)))
> >
> > Là, c'est sûr, PT serait sur une coque (moi j'y suis depuis le départ
> > ;-)))))) et le speedo afficherait "ERR", comme les calculettes en
> > dépassement de capacité... On prend un ris et pensant au deuxième pour
> dans
> > pas longtemps. Mais je suis curieux de voir le comportement du bateau
avec
> > un seul d'abord. La cape, adoptée pour réduire, est impeccable. J'ai
tout
> > mon temps car on dérive vers l'eau libre, à l'Ouest. Les bateaux sont
> loin,
> > tous ou presque ont réduit car il y a des surventes assez fortes. Tout
va
> > bien: le sandow fonctionne très bien au près, le ris a bien calmé le jeu
> et
> > je me demande pourquoi je n'ai pas pris mon ciré car l'ambiance commence
à
> > être humide.
> >
> > Mais c'est que, avec ce vent, on marche plutôt bien et il faut songer à
> > tourner à gauche. Ah, délice du bon plein après le serré ! C'est déjà
> mieux.
> > J'en profite pour bien régler mon barreur au bras un peu trop élastique
> (un
> > pb osseux, sûrement) et me paye le vrai grand plaisir de cette sortie:
je
> > vais à l'étai et regarde mon bateau marcher tout seul, les voiles bien
> > pleines, avec ce délicieux bruit de torrent à l'étrave.....Franchement,
> là,
> > je repense à toutes ces heures de travail en solitaire et je me sens
gagné
> > par un apaisement que j'attendais depuis longtemps. Ne pas avoir de
> > compagnie, à ce moment-là, permet d'en profiter pleinement comme
j'imagine
> > un alpiniste se laisse envahir par le bonheur d'être arrivé au sommet.
> Seul.
> > La récompense est grande. Très grande, quand la route a été longue.
> >
> > En tous cas, plus de problème de barre. Rien n'a lâché, ne s'est cassé,
> > vrillé, déchiré. Le bateau ne fait pas une goutte d'eau. Le grément, à
> > reprendre un peu, surtout les bas-haubans, m'a donné satisfaction. Et
avec
> > les mauvaises voiles que j'ai, j'ai été surpris de la vitesse. Allez,
> > pourquoi ne pas le dire: dans le chenal de retour, voiles en ciseau,
> > j'allais à la même vitesse qu'un First 310 sous GV seule. Et ce qui est
> > vraiment sympa avec un vieux bateau qui a l'air neuf, c'est que les gens
> > viennent spontanément, vous disent que le bateau est beau, racontent que
> ça
> > leur rappelle leur première croisière aux Glénans, qu'ils étaient 5 avec
> les
> > sacs et toute la bouffe (merci ! j'ai connu !).
> >
> > Franchement c'est beau la vie, non ?
> >
> > Allez les p'tits gars: encore un scarf par-ci, un morceau de CP
> par-là...un
> > coup de peinture, et ...à vous (je sais, c'est vite dit !) !
> >
> > Eric.
> >
> >
> >
> >
> >
> >
> >
> >
>
>
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