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Bonjour,
Le sujet est passionnant, je ne laisse donc pas tout de suite. Je ne peux
quitter si vite cette société plutôt sympathique si vite. Je trouve
d'ailleurs qu'on ne s'intéresse pas assez à la flibuste. Sûr qu'un des
lecteurs, au moins, de frb, en est un descendant, pourtant, et nombre de
citoyens américains d'aujourd'hui, notamment dans la région de la Nouvelle
Orléans et de l'embouchure du Mississipi !
Je reviens donc, sur l'ouvrage de Georges Blond ""HISTOIRE DE LA FLIBUSTE",
paru chez Stock en 1969, pour l'édition originale en tous cas, et qui se
trouve plutôt chez les bouquinistes, à moins qu'il ait été ré-édité depuis.
Le problème, me semble-t-il, avec ce sujet, c'est que beaucoup l'ont par le
prisme réducteur de la violence atroce, des viols et de la beuverie. Sans
compter avec la littérature ou la filmographie "humoristique", de "Peter
Pan" à "Pirates" de Roman Polanski, en passant par les tentatives
pré-historiques comme cette série TV des années 60 intitulée "Les Corsaires"
(paru aussi à la bibliothèque enfantine Rouge & Or). Corsaires...Pirates...
Frères de la côte, on mélange tout et l'amalgame est joyeux.
Qui étaient vraiment ces individus réputés classiquement pour leurs
atrocités, leur poignards et leurs pistolets ? Incroyable, il y avait aussi
des gens (autrefois) respectables parmi cette foule extrêmement composite.
Qu'on en juge par l'histoire extraordinaire de JEAN LAFFITE, qui rendit
célèbres à jamais les noms de GALVESTON et BARATARIA. Personnage hors du
commun, stratège exceptionnel, homme "d'affaires" avisé, chef redouté et
adoré de ses marins, "ami" intime des notables et politiques de tous bords,
espion des espagnols, espion double finalement...
"Après la Guerre de Sécession, Galveston, d'où partit la légende de Jean
LAFFITE, devint le troisième port des Etats-Unis. En 1900, un épouvantable
ouragan submergea l'île sous plus de 4 mètres d'eau, tua 6000 personnes et
détruisit la ville. Galveston fut détrônée par Houston, sa voisine.
L'histoire de l'île de Galveston commence en 1526, lorsque des naufragés
partis avec l'expédition espagnole de Panfilo de Narvaez, qui prit
possession de la Floride, sont drossés à la côte. Leur aventure a mal tourné
: pour tenter de rejoindre le Mexique, ils avaient construit des radeaux,
mais leurs embarcations sont détruites. La plupart des hommes meurent
rapidement.
Les quatre survivants vont connaître une étonnante épopée : Alvar Nuñez
Cabeza de Vaca, Andrés Dorantes de Carranca, Alonso del Castillo Maldonando
et Estevan, un serviteur mauresque, sont réduits en esclavage par les
indiens Karankawas. Ils ont en fait de la chance : cette tribu, comme
d'autres, a la mauvaise habitude de manger vivants ses ennemis, et parfois
ses amis. Après de longs mois de captivité, ils parviennent à s'échapper.
Errant en direction de l'ouest, mangeant ce qu'ils trouvent, s'intégrant aux
tribus grâce à un don de guérisseur que s'est découvert Cabeza de Vaca, ils
vont traverser le continent dans presque toute sa largeur, avant de
rencontrer des compatriotes, 9 ans après le naufrage. Le récit très enjolivé
de leur voyage déclenchera les premières explorations du Sud-Ouest
américain.
Plus d'un siècle plus tard, en 1684, le Français Robert René Cavelier de la
Salle croise au large de l'île, mais accoste avec ses 280 colons dans la
baie de Matagorda, nettement plus à l'ouest. La colonie, bien qu'éphémère,
provoque de nouvelles expéditions espagnoles et l'implantation des premières
missions du Texas. Après que la France ait cédé la Louisiane à l'Espagne, le
Gouverneur Bernardo de Galvez établit sur l'île un petit poste militaire, un
presidio. C'est de son nom que provient celui de la ville moderne, mais il
faudra encore quelques dizaines d'années pour qu'un village de quelques
importance s'installe.
Jean Laffite, son fondateur, négociant, flibustier, pirate et trafiquant
d'esclaves va l'appeler Campêche. Laffite fait officiellement commerce des
vins de Bordeaux et autres produits de France, mais cette activité ne
dissimule aux yeux de personne qu'il arraisonne les bateaux qui passent à
portée de ses pirates et qu'il a établi, dans cette terre du Texas qui
n'appartient pas encore aux Etats-Unis et n'est pas contrôlée par l'Espagne,
un énorme dépôt d'esclaves introduits des Caraïbes.
La constitution américaine, pourtant rédigée par des planteurs du Sud, a dès
l'origine prévu de faire cesser l'importation d'esclaves. Les législateurs
ont pensé qu'ainsi, l'esclavage disparaîtrait de lui-même : en 1808, vingt
ans après l'adoption de cette constitution, l'importation deviendra
illégale. La mesure est effectivement appliquée, mais le vide créé, au lieu
de résorber ce que l'on appelle l' " Institution particulière " (Peculiar
Institution), fait naître la contrebande, et même des élevages plus ou moins
clandestins.
La contrebande est fort lucrative : Laffite " stocke " les noirs importés à
proximité de la frontière louisianaise et les vend à des hommes audacieux,
tels les frères Bowie (dont le fameux Jim, qui donna son nom au grand
couteau et mourut à l'Alamo). Ceux-ci les paient un dollar la livre, leur
font passer la frontière par des voies mal surveillées et les revendent de
650 à 1500 dollars chacun. Leurs bénéfices sont fabuleux, mais ce trafic
dure peu : le métier est risqué, et la Navy chasse Laffite de l'île quatre
ans après son arrivée. Les quelques hommes qu'il y laisse rebaptisent
Campêche du nom de Galveston.
Pendant la Guerre de Sécession, le port, âprement disputé, reste aux mains
du Sud et subit trois ans de blocus. Après la guerre, l'activité s'y
développe si bien que Galveston devient aussi le premier centre financier du
Sud-Ouest. C'est au cours de ces années que seront construites les belles
demeures qui ornent la ville."
informations extraites du site:
http://www.aplp.com/tx/voir_tx/texte/31_galveston_vile.htm
En français, de nombreux autres sites sont consacrés à ce personnage
véritablement exceptionnel:
http://www.cplus.fr/html/cyberflash/97-98/s46/pirate46.html
http://www.livre-rare-book.com/Matieres/gd/2006.html
http://www.defense.gouv.fr/marine/culture/cesm/cedoc/biblio/f_bbl6.htm
http://www.utexas.edu/world/frenchintexas/chronologie/chrono_2.htm
Ainsi qu'en anglais:
http://www.unitedstates-on-line.com/louisiana/Laffite,%20Jean.html
(Recherche effectuée sur Google)
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