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Coloane (Le coin des livres - 6 mars)    
12 messages du 06/03/2001 au 10/03/2001    

 1 - De Sophie L le mardi 06 mars 2001 à 21:29 
 
Bonjour tout le monde,

Puisque Eric semble de nouveau avoir des problèmes de connexion, et
qu'il était question du Cap Horn, je prends le relais (sans devinette)
avec un gros coup de coeur pour un recueil de nouvelles de Francisco
Coloane intitulé justement "Cap Horn".
Ecrivain chilien, né sur l'ile de Chiloé au début du siècle, il raconte
ce lieu, au sud du sud, où le monde meurt et renait tous les jours, où
la terre et la mer sont si mélées qu'on ne sait pas où finit l'une et où
commence l'autre, où les vents peuvent rendre fou, où la vengeance des
chevaux est plus terrible que celle des hommes, où l'on peut croiser des
icebergs guidés par d'étranges fantomes, où l'homme s'accroche, et
s'attache, malgré tout.
"Ici se termine le monde, la terre se rétrécit comme l'ovale d'un oeuf
et c'est pourquoi la lune semble aussi grande et les étoiles aussi
proches, comme si elles allaient s'abattre sur nos têtes. (...) Et plus
au sud, (...) les gens commencent à voir, matin et soir, des lumières
bizarres: les courants changent brusquement de direction, les boussoles
s'affolent, les aimants ne répondent plus et les meilleurs marins se
perdent."
Les récits sont durs, le style est abrupt et sans fioriture; vous
refermerez le recueil sur la dernière histoire, récit amer de la folie
des hommes, avec l'impression de revenir d'un long voyage, dont les
souvenirs vous poursuivront longtemps.

A bientot

Sophie

"Cap Horn", de Francisco Coloane, Edition Phébus (écrit en 1941,
traduction française de 1994).
 
 2 - De Hubert, de Cherbourg le mardi 06 mars 2001 à 21:54 
 
bonsoir sophie et les autres

il y avait eu un texte posté par ALAKALUF
le 21 12 2000 qui ressemblait furieusement à du Coloane et il y avait eu un
petit fil la-dessus, malheureusement mon disque dur a débordé ...
mais cela est peut-être dans les faqs sinon sur les sites qui stockent les
news.

Dommage que Alakaluf n'intervienne pas plus souvent ...

Eviter de lire Coloane les soirs de triste déprime ... après avoir vu le
prix des bateaux ... et je ne parle pas de la misère du monde car je suis
très égoïste ...

Pour les choix du signe de reconnaissance (fanion, logo, etc ....) je
poursuis le vote car wanadoo est toujours en rade, mais il y a un logo très
loin devant les autres ...


--
Hubert, de Cherbourg.
vote logo : http://hubert.perio.free.fr/clips/
hubert.perio@laposte.net
http://hubert.perio.free.fr
"Sophie L" <soph2@club-internet.fr> a écrit dans le message news:
3AA548B8.82DAB8D9@club-internet.fr...
> Bonjour tout le monde,
>
> Puisque Eric semble de nouveau avoir des problèmes de connexion, et
> qu'il était question du Cap Horn, je prends le relais (sans devinette)
> avec un gros coup de coeur pour un recueil de nouvelles de Francisco
> Coloane intitulé justement "Cap Horn".
> Ecrivain chilien, né sur l'ile de Chiloé au début du siècle, il raconte
> ce lieu, au sud du sud, où le monde meurt et renait tous les jours, où
> la terre et la mer sont si mélées qu'on ne sait pas où finit l'une et où
> commence l'autre, où les vents peuvent rendre fou, où la vengeance des
> chevaux est plus terrible que celle des hommes, où l'on peut croiser des
> icebergs guidés par d'étranges fantomes, où l'homme s'accroche, et
> s'attache, malgré tout.
> "Ici se termine le monde, la terre se rétrécit comme l'ovale d'un oeuf
> et c'est pourquoi la lune semble aussi grande et les étoiles aussi
> proches, comme si elles allaient s'abattre sur nos têtes. (...) Et plus
> au sud, (...) les gens commencent à voir, matin et soir, des lumières
> bizarres: les courants changent brusquement de direction, les boussoles
> s'affolent, les aimants ne répondent plus et les meilleurs marins se
> perdent."
> Les récits sont durs, le style est abrupt et sans fioriture; vous
> refermerez le recueil sur la dernière histoire, récit amer de la folie
> des hommes, avec l'impression de revenir d'un long voyage, dont les
> souvenirs vous poursuivront longtemps.
>
> A bientot
>
> Sophie
>
> "Cap Horn", de Francisco Coloane, Edition Phébus (écrit en 1941,
> traduction française de 1994).
 
 3 - De ADB le mardi 06 mars 2001 à 22:56 
 
Bonjour,
Apparemment, il n'y a pas que Coloane qui écrive sur ce Sud lointain. J'ai
découvert également Jean Raspail (vivant et Français) qui semble passionné
de cette région ainsi que du Grand Nord Inuit.
A lire sans doute aussi, mais le pt de vue me paraît plus terrien.
Je n'ai pas encore lu un de ces livres là. Peur du spleen, sans doute....
Amicalement
ADB
e-mail : adupinbe@noos.fr
page perso : http://mapage.noos.fr/adupinbe/
page Guide Méditerranée: http://guide-mediterranee.fr.fm/

Vous aviez écrit:

"Hubert, de Cherbourg" <hubert.perio@free.fr> a écrit dans le message news:
t8cp6.1573$RN5.2243633@nnrp6.proxad.net...
> bonsoir sophie et les autres
>
> il y avait eu un texte posté par ALAKALUF
> le 21 12 2000 qui ressemblait furieusement à du Coloane et il y avait eu
un
> petit fil la-dessus, malheureusement mon disque dur a débordé ...
> mais cela est peut-être dans les faqs sinon sur les sites qui stockent les
> news.
>
> Dommage que Alakaluf n'intervienne pas plus souvent ...
>
> Eviter de lire Coloane les soirs de triste déprime ... après avoir vu le
> prix des bateaux ... et je ne parle pas de la misère du monde car je suis
> très égoïste ...
>
> Pour les choix du signe de reconnaissance (fanion, logo, etc ....) je
> poursuis le vote car wanadoo est toujours en rade, mais il y a un logo
très
> loin devant les autres ...
>
>
> --
> Hubert, de Cherbourg.
> vote logo : http://hubert.perio.free.fr/clips/
> hubert.perio@laposte.net
> http://hubert.perio.free.fr
> "Sophie L" <soph2@club-internet.fr> a écrit dans le message news:
> 3AA548B8.82DAB8D9@club-internet.fr...
> > Bonjour tout le monde,
> >
> > Puisque Eric semble de nouveau avoir des problèmes de connexion, et
> > qu'il était question du Cap Horn, je prends le relais (sans devinette)
> > avec un gros coup de coeur pour un recueil de nouvelles de Francisco
> > Coloane intitulé justement "Cap Horn".
> > Ecrivain chilien, né sur l'ile de Chiloé au début du siècle, il raconte
> > ce lieu, au sud du sud, où le monde meurt et renait tous les jours, où
> > la terre et la mer sont si mélées qu'on ne sait pas où finit l'une et où
> > commence l'autre, où les vents peuvent rendre fou, où la vengeance des
> > chevaux est plus terrible que celle des hommes, où l'on peut croiser des
> > icebergs guidés par d'étranges fantomes, où l'homme s'accroche, et
> > s'attache, malgré tout.
> > "Ici se termine le monde, la terre se rétrécit comme l'ovale d'un oeuf
> > et c'est pourquoi la lune semble aussi grande et les étoiles aussi
> > proches, comme si elles allaient s'abattre sur nos têtes. (...) Et plus
> > au sud, (...) les gens commencent à voir, matin et soir, des lumières
> > bizarres: les courants changent brusquement de direction, les boussoles
> > s'affolent, les aimants ne répondent plus et les meilleurs marins se
> > perdent."
> > Les récits sont durs, le style est abrupt et sans fioriture; vous
> > refermerez le recueil sur la dernière histoire, récit amer de la folie
> > des hommes, avec l'impression de revenir d'un long voyage, dont les
> > souvenirs vous poursuivront longtemps.
> >
> > A bientot
> >
> > Sophie
> >
> > "Cap Horn", de Francisco Coloane, Edition Phébus (écrit en 1941,
> > traduction française de 1994).
>
>
>
>
>
>
 
 4 - De Gils Gayraud le mercredi 07 mars 2001 à 00:26 
 
> il y avait eu un texte posté par ALAKALUF
> le 21 12 2000 qui ressemblait furieusement à du Coloane et il y avait eu
un
> petit fil la-dessus, malheureusement mon disque dur a débordé ...
> mais cela est peut-être dans les faqs sinon sur les sites qui stockent les
> news.

Chez Gils aussi, comme dis Hubert le texte est si beau que je me permets
de vous faire un couper/coller mais une fois n'est pas coutume Hubert les
bêtises avec les disques durs ça suffit, et n'y reviens surtout pas.

Gils la mémoire de frb.


Texte d'un émail alakaluf@free.fr

Hommes frileux qui, sur vos grandes pirogues blanches, allez passer aux
pieds des îles qui furent notre terre, ayez une pensée pour nous, les hommes
de ce bout du monde. Vous qui avez rebaptisé ce lieu de froidure et de vent
du nom d'un village de votre continent, Hoorn, ayez une pensée pour tous
ceux qui, pendant des milliers de générations, ont vécu ici.
Quand vos premiers vaisseaux sont arrivés, les Anciens les ont pris pour de
grands rochers flottant sur la mer, vos officiers habillés et poudrés de
blanc, pour des grands cormorans de haute mer. Nous avons allumé des feux
sur toute la côte pour prévenir notre communauté dispersée de cet étrange
phénomène. Vous avez alors appelé notre terre ""Terre des Fumées"". Ce nom
ne
plaisant pas à vos rois, vous l'avez rebaptisée ""Terre de Feu"". Vous nous
avez nommé ""Yaghan"", nous qui nous sommes toujours baptisés ""Yamana""
(""Hommes""), ""Alakaluf"" ou ""Oonas"". Vous nous avez donné de la farine :
nous
l'avons étalée sur notre corps nu enduit de graisse de phoque, pensant que c
'était du ""tumap"", cette poudre blanche magique de nos cérémonies. Vous
nous
avez donné du savon : nous l'avons mangé. Vous nous avez donné des
confitures et du chocolat : nous les avons recrachés, pensant que vous
vouliez nous empoisonner, car nous ne connaissions pas le sucré. Notre
langue avait plus de 60 mots pour décrire le malheur, et pas un seul pour
exprimer le bonheur. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Voici des milliers de lunes, nous habitions loin vers le couchant, dans ces
contrées où les hommes ont le regard bridé, semblable à une tire-lire de l'
âme. Peuple pacifique, nous avons d'abord été chassés vers le Nord, pays des
glaces éternelles. Un passage nous a permis de gagner vers le levant, puis
vers le Sud, dans un pays où les habitants avaient la peau rouge, le corps
peint et la tête couverte de plumes d'aigles. Eux aussi nous ont chassés,
flèches et lances pointées contre nos enfants. Nous sommes encore descendus
vers le Sud, toujours chassés, toujours exterminés. Nous sommes entrés sur
le territoire des coupeurs de tête habillés d'or, vénérant des serpents à
plume et adorant le dieu Soleil. Poursuivis encore, nous sommes avons dû
descendre jusqu'au bas de la terre. Arrivés au bout du monde, dans ces îles
sauvages et rudes, les autres hommes nous ont enfin laissés tranquilles. Qui
pourrait habiter, là, de toute façon ? Ici règnent les vents fous et les
vagues blanches de colère. Ici règnent le froid et la neige. Ici nagent les
baleines géantes et les orques mangeuses d'hommes. Ici volent les albatros
qui attaquent les nouveaux-nés laissés sans protection. Nous avons creusé
les troncs des hêtres qui poussent malgré le vent, construits des canots,
mis notre feu dedans, une femme et deux enfants, et nous avons fait nôtre
ces bouts de terre désolés. Pendant des générations, nos femmes nues ont
plongé dans l'eau glaciale pour cueillir les ""cholgas"", ces moules géantes
dont nous jetions les coquilles vides au pied de nos maigres huttes.
Aujourd'hui recouvertes de terre, elles forment d'immenses tumulus qui
ondulent comme des vagues dans les herbes du rivage. Nous changions
fréquemment de camp et d'île, selon la saison. Quand une baleine s'échouait
dans une anse, des feux prévenaient la communauté. A cette occasion
seulement, toutes les familles se réunissaient pour célébrer la mort du
géant et l'abondance de la viande. Nos enfants buvaient le lait du phoque et
nous enterrions nos morts à la surface de la terre avant de brûler leurs
ossements.
Et puis, vous êtes venus sur vos grands vaisseaux. Vous nous avez trouvé
laids et semblables à des brutes. Vous n'avez pas aimé ni compris notre
nudité. Vous nous avez imposé des vêtements et un Dieu de souffrance, nous
qui ne connaissions qu'elle. Vous avez ramené certains des nôtres dans vos
pays lointains, changeant leur nom, bouleversant leurs convictions. Voici
moins de cent ans, vous avez même exposé une famille entière dans l'un de
vos grands villages, appelé Paris, dans un endroit nommé Jardin d'
Acclimatation, où vous enfermiez des animaux étranges. Etions-nous des bêtes
pour être ainsi montrés à votre peuple derrière des barreaux, avec un simple
écriteau posé sur les grilles ? Bien peu d'entre vous ont tenté de
comprendre notre langue rauque et liquide, faite de roches dures et d'eau
froide. Vous nous avez rassemblé dans les villages que vous construisiez le
long de nos côtes, comme Ushuaia. D'étranges maladies nous ont décimés. Nous
n'avons pas tenté de résister. Nous nous sommes laissés mourir plutôt que de
nous battre, plutôt que de vivre à votre façon.
Hommes frileux à la peau claire qui allez passer, sur vos grandes pirogues
blanches, au pied d'un de vos mythes, là-bas, au bout du monde, songez un
instant aux miens. Cette terre de légende et de souffrance a été la nôtre
pendant des milliers d'années. Sur les îles qui cernent votre cap Horn, ne
restent que quelques silex taillés abandonnés dans les algues géantes et des
montagnes de coquillages enfouis sous la terre. Mais, dans le vacarme du
vent qui hurle sans relâche, peut-être entendrez-vous les chants tristes de
mon peuple.
 
 5 - De Regis le mercredi 07 mars 2001 à 07:33 
 
Le chant des alakalufs:

http://www.multimania.com/cabodehornos/sons/sons.htm

Régis

>> il y avait eu un texte posté par ALAKALUF
>> le 21 12 2000 qui ressemblait furieusement à du Coloane et il y avait eu
> un
>> petit fil la-dessus, malheureusement mon disque dur a débordé ...
>> mais cela est peut-être dans les faqs sinon sur les sites qui stockent les
>> news.
>
> Chez Gils aussi, comme dis Hubert le texte est si beau que je me permets
> de vous faire un couper/coller mais une fois n'est pas coutume Hubert les
> bêtises avec les disques durs ça suffit, et n'y reviens surtout pas.
>
>

--
Neu-neu
    Don de double vit.
 
 6 - De Regis le mercredi 07 mars 2001 à 07:37 
 
Gils

En attendant la Patagonie...

http://www.multimania.com/cabodehornos/liens/liens.htm
;=))

Régis

--
Concassé
    Doit faire l'objet d'un nouveau collage. Syn. Compilé.
 
 7 - De Gils Gayraud le vendredi 09 mars 2001 à 00:18 
 
Des que je lis multimania je n'y vais même plus pour
éviter la pub, alors ne te fatigue pas.
Gils.
 
 8 - De Eric Surzur le mercredi 07 mars 2001 à 10:02 
 
Bonjour amis(es) lecteurs(rices),
    Amateurs d'aventures maritimes,

Alors que Wanadoo est en panne, penché sur des piles de livres (qui n'ont
pas de bugs, EUX, et s'il y en a...un coup d'insecticide, et hop !) et des
cartons entiers où sommeillent sagement des milliers de pages lues et relues
depuis 25 ans, je ne peux m'empêcher de me faire une réflexion qui me laisse
perplexe: quel est le meilleur ?
Quel ouvrage me marqua le plus ? Duquel me souviendrai-je encore quand
j'aurai
l'âge de ne plus bouger de mon fauteuil de grand-père ?

Posons la question autrement: lequel offrirais-je, à un ami, plus jeune, si
je voulais lui faire découvrir ce monde incroyable de l'Aventure maritime de
l'humanité, de l'Aventure tout court, la seule vraie raison qui vaille de
passer du temps sur la Terre (n'ayons pas peur des mots, soyons francs,
c'est si rare aujourd'hui...)?

Rudement difficile !

Pour n'en évoquer que quelques uns: il y a l'épopée de Hornblower, si
justement écrite, à la dimension d'une fresque historique; on peut assez
justement dire que la trilogie des aventures de l'équipage du BOUNTY
soutient la comparaison: quoique plus brève elle contient autant d'idéal
romantique et assez de ce concentré de haine entre farouches ennemis pour
tenir en haleine un auditoire des plus endurci. Dans le genre, difficile
aussi de
faire mieux qu' "Ouragan sur le Caine", d'Hermann Wouk. Terrifiant. VRAIMENT
terrifiant. Le livre qu'on n'oublie pas...

J'ai du mal à passer sous silence également le récit des expéditions du
Commandant Charcot du Nord au Sud de la planète à bord du "FRANCAIS" puis du
"POURQUOI-PAS ?" (dont j'apprends que l'échelle de coupée, qui permit au
matelot Gonidec, seul survivant du naufrage en 1936, de regagner la côte en
s'y agrippant, est transférée au musée de Saint-Malo). Dans la même veine
les exploits des "polaires" comme Scott, Amundsen, Shackleton...valent
toujours qu'on les recommande pour les exemples magistraux qu'ils donnent à
ceux qui douteraient des capacités de l'humanité. Charcot approuverait,
évidemment.

Bougainville, Cook, Suffren, La Pérouse, Loti, Richard Henri Dana, Louis
Lacroix, Georges Aubin, Eric Newby ne sont pas en reste pour nous faire
partager quelques tranches assez saignantes de la vie (virile) à bord des
grands voiliers. Des écrits qui restent.

Je me souviens que quand je l'ai terminé, j'ai jeté contre
le mur "Le zéro et l'infini", d'Arthur Koestler: rien à voir avec la mer, à
vrai dire, mais parmi les ouvrages cités ici certains m'ont aussi fait un
sacré effet ! Quant au plaisir de la re-lecture, 6 mois ou 6 ans plus
tard...

Plus près de nous, Slocum, Moitessier, Bombard, Chichester, Knox Johnston,
Jean Gau, Le Toumelin, Loïck Fougeron, Eric Tabarly (tristesse...) nous ont
fait
faire de belles virées avec eux et nous ont bien éduqués...Ils ne sont pas
les seuls.

....Oui, mais, alors ? Le meilleur ? Il n'y a pas de meilleur, bien sûr. Le
meilleur à 20 ans ne l'est peut-être plus à 35. On peut découvrir subitement
un auteur et le placer au pinacle, comme je l'avais fait pour C.S Forester
et son "Hornblower", par exemple...Mais je l'avais aussi fait, auparavant,
pour Moitessier, Slocum, Janichon (à 20 ans...), Cook, Charcot, Tabarly...

Il y en a un autre. "Un sacré particulier", comme dirait Haddock. Atypique
comme je les aime, aventurier comme personne, capable de tout: le pire et le
meilleur, à cheval sur deux civilisations et qui est mort il y a quelques
années, en France. A la campagne. Un personnage incroyable.

Voici un extrait d'un de ses (nombreux) ouvrages:

"J'ai devant moi la côte d'Afrique, la pointe de Rakmat, que je compte
atteindre vers les quatre heures trente du soir. En consultant la carte, je
vois que, sous le vent de ce cap, les fonds sont de sable et corail avec des
profondeurs de neuf mètres. J'espère que la mer y sera plus plate et me
permettra de virer plus aisément. A mesure que nous approchons de la côte,
l'eau se trouble et  devient jaunâtre. Malgré cela la sonde ne me donne pas
le fond. D'ailleurs je suis encore à plus de huit milles de terre.

Vers quatre heures la pointe de Rahmat commence à nous abriter. La mer,
toujours trouble, est plus calme, mais, cependant, encore assez houleuse. Le
vent mollit: la sonde donne dix mètres. Il est temps de virer. Je laisse mon
thé, que le mousse vient d'apporter, et je commande la manouvre. Mais le
vent est mou, la navire manque à virer. Je lui redonne de la vitesse en
laissant porter; mais encore une fois, il manque son évolution. On dirait
qu'une main mystérieuse s'acharne à me tenir le cap vers la terre. Mieux
vaut alors virer lof pour lof, car, malgré les indications rassurantes de
la carte, où ne figure aucun danger, j'ai quelque malaise à évoluer par neuf
mètres de fond dans des eaux troubles...

Quand le navire a terminé son évolution vent arrière, je mets le cap dans le
vent pour faire étarquer les écoutes.

Au moment où je laisse un peu porter pour reprendre de l'erre tribord
amures, le mousse cire à l'avant:
- Zeima Hari ! (le bateau est échoué !)
Personne n'a cependant senti le moindre choc; mais ce cri nous galvanise !
D'un bond, je suis à l'avant: la sonde donne neuf mètres. Je cours alors à
l'arrière...mais, à mi-chemin, j'ai le souffle coupé: j'entends dans la cale
le bruit sourd de l'eau battant comme un lugubre ressac les flancs
intérieurs du navire. Par le roof de ma cabine, je vois une langue d'eau
noire poindre à tribord et, d'un seul coup, recouvrir tout le plancher.

Je comprends que tout est perdu: nous coulons avec une rapidité foudroyante
! L'eau est déjà au ras des dalots et les passagers arabes clament: " Ya
Allah ! Ya Allah !" comme un cri de mort en levant les mains au ciel.
J'essaie de jeter le chargement de pont par-dessus bord mais, mais l'eau
inonde en quelques secondes et les vagues emportent tout.
    Cependant le bateau n'enfonce plus. Il s'est assis sur une roche qui a
pénétré comme un gigantesque coin. Seule la dunette et une partie du
gaillard
d'avant émergent.
    Un éclat de rire nerveux me secoue devant cette désolation: c'est le
combattant vaincu, réduit à l'impuissance, mais qui ne veut pas se rendre.
Il rit à la face de l'adversaire en mépris du coup de grâce qu'il va
recevoir..J'ai le sentiment que pour moi tout vient de finir, que je dois
disparaître avec mon navire. Cela me paraît naturel et me donne une parfaite
sérénité dans le désespoir, comme une anesthésie morale.
    Je rabroue brutalement mon pauvre Abdi qui s'acharne à plonger dans le
désarroi de la cabine pour sauver quelques uns de mes objets personnels,
pour lui sacrés ! A quoi bon, je suis détaché de tout. Je veux même que tout
s'engloutisse pour effacer à jamais la réalité de ce cauchemar !
    Trois minutes ont suffi pour anéantir une année de labeur, d'âpres
luttes et de sacrifices. Chaque pièce de bois, qui maintenant se brise et se
tord, est née à sa forme sous mes yeux: il me semble que je l'ai créée en
façonnant le tronc d'arbre apporté de la montagne. (...)

Vous avez reconnu l'auteur ? un indice ? Son fils est architecte à Paris et
est le vrai sosie de son père...Je l'ai rencontré une fois, c'est
incroyable.























Bonjour amis(es) lecteurs(rices),
    Amateurs d'aventures maritimes,

Alors que Wanadoo est en panne, penché sur des piles de livres (qui n'ont
pas de bugs, EUX, et s'il y en a...un coup d'insecticide, et hop !) et des
cartons entiers où sommeillent sagement des milliers de pages lues et relues
depuis 25 ans, je ne peux m'empêcher de me faire une réflexion qui me laisse
perplexe: quel est le meilleur ?
Quel ouvrage me marqua le plus ? Duquel me souviendrai-je encore quand
j'aurai
l'âge de ne plus bouger de mon fauteuil de grand-père ?

Posons la question autrement: lequel offrirais-je, à un ami, plus jeune, si
je voulais lui faire découvrir ce monde incroyable de l'Aventure maritime de
l'humanité, de l'Aventure tout court, la seule vraie raison qui vaille de
passer du temps sur la Terre (n'ayons pas peur des mots, soyons francs,
c'est si rare aujourd'hui...)?

Rudement difficile !

Pour n'en évoquer que quelques uns: il y a l'épopée de Hornblower, si
justement écrite, à la dimension d'une fresque historique; on peut assez
justement dire que la trilogie des aventures de l'équipage du BOUNTY
soutient la comparaison: quoique plus brève elle contient autant d'idéal
romantique et assez de ce concentré de haine entre farouches ennemis pour
tenir en haleine un auditoire des plus endurci. Dans le genre, difficile
aussi de
faire mieux qu' "Ouragan sur le Caine", d'Hermann Wouk. Terrifiant. VRAIMENT
terrifiant. Le livre qu'on n'oublie pas...

J'ai du mal à passer sous silence également le récit des expéditions du
Commandant Charcot du Nord au Sud de la planète à bord du "FRANCAIS" puis du
"POURQUOI-PAS ?" (dont j'apprends que l'échelle de coupée, qui permit au
matelot Gonidec, seul survivant du naufrage en 1936, de regagner la côte en
s'y agrippant, est transférée au musée de Saint-Malo). Dans la même veine
les exploits des "polaires" comme Scott, Amundsen, Shackleton...valent
toujours qu'on les recommande pour les exemples magistraux qu'ils donnent à
ceux qui douteraient des capacités de l'humanité. Charcot approuverait,
évidemment.

Bougainville, Cook, Suffren, La Pérouse, Loti, Richard Henri Dana, Louis
Lacroix, Georges Aubin, Eric Newby ne sont pas en reste pour nous faire
partager quelques tranches assez saignantes de la vie (virile) à bord des
grands voiliers. Des écrits qui restent.

Je me souviens que quand je l'ai terminé, j'ai jeté contre
le mur "Le zéro et l'infini", d'Arthur Koestler: rien à voir avec la mer, à
vrai dire, mais parmi les ouvrages cités ici certains m'ont aussi fait un
sacré effet ! Quant au plaisir de la re-lecture, 6 mois ou 6 ans plus
tard...

Plus près de nous, Slocum, Moitessier, Bombard, Chichester, Knox Johnston,
Jean Gau, Le Toumelin, Loïck Fougeron, Eric Tabarly (tristesse...) nous ont
fait
faire de belles virées avec eux et nous ont bien éduqués...Ils ne sont pas
les seuls.

....Oui, mais, alors ? Le meilleur ? Il n'y a pas de meilleur, bien sûr. Le
meilleur à 20 ans ne l'est peut-être plus à 35. On peut découvrir subitement
un auteur et le placer au pinacle, comme je l'avais fait pour C.S Forester
et son "Hornblower", par exemple...Mais je l'avais aussi fait, auparavant,
pour Moitessier, Slocum, Janichon (à 20 ans...), Cook, Charcot, Tabarly...

Il y en a un autre. "Un sacré particulier", comme dirait Haddock. Atypique
comme je les aime, aventurier comme personne, capable de tout: le pire et le
meilleur, à cheval sur deux civilisations et qui est mort il y a quelques
années, en France. A la campagne. Un personnage incroyable.

Voici un extrait d'un de ses (nombreux) ouvrages:

"J'ai devant moi la côte d'Afrique, la pointe de Rakmat, que je compte
atteindre vers les quatre heures trente du soir. En consultant la carte, je
vois que, sous le vent de ce cap, les fonds sont de sable et corail avec des
profondeurs de neuf mètres. J'espère que la mer y sera plus plate et me
permettra de virer plus aisément. A mesure que nous approchons de la côte,
l'eau se trouble et  devient jaunâtre. Malgré cela la sonde ne me donne pas
le fond. D'ailleurs je suis encore à plus de huit milles de terre.

Vers quatre heures la pointe de Rahmat commence à nous abriter. La mer,
toujours trouble, est plus calme, mais, cependant, encore assez houleuse. Le
vent mollit: la sonde donne dix mètres. Il est temps de virer. Je laisse mon
thé, que le mousse vient d'apporter, et je commande la manouvre. Mais le
vent est mou, la navire manque à virer. Je lui redonne de la vitesse en
laissant porter; mais encore une fois, il manque son évolution. On dirait
qu'une main mystérieuse s'acharne à me tenir le cap vers la terre. Mieux
vaut alors virer lof pour lof, car, malgré les indications rassurantes de
la carte, où ne figure aucun danger, j'ai quelque malaise à évoluer par neuf
mètres de fond dans des eaux troubles...

Quand le navire a terminé son évolution vent arrière, je mets le cap dans le
vent pour faire étarquer les écoutes.

Au moment où je laisse un peu porter pour reprendre de l'erre tribord
amures, le mousse cire à l'avant:
- Zeima Hari ! (le bateau est échoué !)
Personne n'a cependant senti le moindre choc; mais ce cri nous galvanise !
D'un bond, je suis à l'avant: la sonde donne neuf mètres. Je cours alors à
l'arrière...mais, à mi-chemin, j'ai le souffle coupé: j'entends dans la cale
le bruit sourd de l'eau battant comme un lugubre ressac les flancs
intérieurs du navire. Par le roof de ma cabine, je vois une langue d'eau
noire poindre à tribord et, d'un seul coup, recouvrir tout le plancher.

Je comprends que tout est perdu: nous coulons avec une rapidité foudroyante
! L'eau est déjà au ras des dalots et les passagers arabes clament: " Ya
Allah ! Ya Allah !" comme un cri de mort en levant les mains au ciel.
J'essaie de jeter le chargement de pont par-dessus bord mais, mais l'eau
inonde en quelques secondes et les vagues emportent tout.
    Cependant le bateau n'enfonce plus. Il s'est assis sur une roche qui a
pénétré comme un gigantesque coin. Seule la dunette et une partie du
gaillard
d'avant émergent.
    Un éclat de rire nerveux me secoue devant cette désolation: c'est le
combattant vaincu, réduit à l'impuissance, mais qui ne veut pas se rendre.
Il rit à la face de l'adversaire en mépris du coup de grâce qu'il va
recevoir..J'ai le sentiment que pour moi tout vient de finir, que je dois
disparaître avec mon navire. Cela me paraît naturel et me donne une parfaite
sérénité dans le désespoir, comme une anesthésie morale.
    Je rabroue brutalement mon pauvre Abdi qui s'acharne à plonger dans le
désarroi de la cabine pour sauver quelques uns de mes objets personnels,
pour lui sacrés ! A quoi bon, je suis détaché de tout. Je veux même que tout
s'engloutisse pour effacer à jamais la réalité de ce cauchemar !
    Trois minutes ont suffi pour anéantir une année de labeur, d'âpres
luttes et de sacrifices. Chaque pièce de bois, qui maintenant se brise et se
tord, est née à sa forme sous mes yeux: il me semble que je l'ai créée en
façonnant le tronc d'arbre apporté de la montagne. (...)

Vous avez reconnu l'auteur ? un indice ? Son fils est architecte à Paris et
est le vrai sosie de son père...Je l'ai rencontré une fois, c'est
incroyable.





"LE COIN DES LIVRES" est en panne à cause de Wanadoo. C'est le genre de chose
qui est très crispante. Horreur. En tous cas, moi, ça m'épate que France Telecom
soit neutralisé par une poignée de hackers qui font ça après leur travail...
Et si ça se trouve, c'est un jeune de 14 ans avec des Pokemons dans les poches...
RISIBLE.
Ceci dit je constate que le forum remarche ce matin. Plus aucun message n'est
lisible mais c'est sans doute ce que Rance Telle est Com appelle marcher.
J'ai donc ouvert un compte chez Free, et on verra !
J'ai envoyé les rubriques déjà préparées du"Coin des Livres". Je vois que Sophie
a pris l'interim pendant mon absence: bravo. C'est que je ne me suis pas trompé:
cette rubrique ré&pond à une attente. Reste à faire un site...J'y tavaille, mais
ce n'est pas si facile.
Qui veut m'apprendre ?
Eric.



















------
Message posté via le web sur http://www.foorum.fr/
 
 9 - De Regis le mercredi 07 mars 2001 à 11:03 
 
Henri de Monfreid ?

Régis
>
> Vous avez reconnu l'auteur ? un indice ? Son fils est architecte à Paris et
> est le vrai sosie de son père...Je l'ai rencontré une fois, c'est
> incroyable.
>
>

>

--
Concierge
    Fière chandelle digne des loges.
 
 10 - De jeanluc.huet le jeudi 08 mars 2001 à 21:00 
 
Tiens cà y est wanadoo est reparti...

Eh oui si j'ai lu une grande partie des auteurs que tu cites c'est après
avoir découvert "les secrets de la mer rouge".

Mais il y a aussi Garneray, Rallier Du Bay, pour Coloane : le dernier
mousse...

Quant à Forester, il a failli me ruiner, ces 10 romans ne sortaient pas
encore en poche à cette époque!!!

Jean-Luc
 
 11 - De robert.curbet le vendredi 09 mars 2001 à 19:22 
 
Monfreid,  bien sur mais d'autres sont plus assidus sur frb et ont été plus
rapides :-((
Je n'ai vraiment rien à retrancher à ta liste, mais j'ai pas vu Conrad !!!
J'ajouterais aussi Quefellec  (le père) pour ses pêcheurs bretons
..

"Eric Surzur" <vogue.marine@wanadoo.fr> a écrit dans le message news:
200137-94419-28058@foorum.com...
> Bonjour amis(es) lecteurs(rices),
>     Amateurs d'aventures maritimes,
>
> Alors que Wanadoo est en panne, penché sur des piles de livres (qui n'ont
> pas de bugs, EUX, et s'il y en a...un coup d'insecticide, et hop !) et des
> cartons entiers où sommeillent sagement des milliers de pages lues et
relues
> depuis 25 ans, je ne peux m'empêcher de me faire une réflexion qui me
laisse
> perplexe: quel est le meilleur ?
> Quel ouvrage me marqua le plus ? Duquel me souviendrai-je encore quand
> j'aurai
> l'âge de ne plus bouger de mon fauteuil de grand-père ?
>
> Posons la question autrement: lequel offrirais-je, à un ami, plus jeune,
si
> je voulais lui faire découvrir ce monde incroyable de l'Aventure maritime
de
> l'humanité, de l'Aventure tout court, la seule vraie raison qui vaille de
> passer du temps sur la Terre (n'ayons pas peur des mots, soyons francs,
> c'est si rare aujourd'hui...)?
>
> Rudement difficile !
>
> Pour n'en évoquer que quelques uns: il y a l'épopée de Hornblower, si
> justement écrite, à la dimension d'une fresque historique; on peut assez
> justement dire que la trilogie des aventures de l'équipage du BOUNTY
> soutient la comparaison: quoique plus brève elle contient autant d'idéal
> romantique et assez de ce concentré de haine entre farouches ennemis pour
> tenir en haleine un auditoire des plus endurci. Dans le genre, difficile
> aussi de
> faire mieux qu' "Ouragan sur le Caine", d'Hermann Wouk. Terrifiant.
VRAIMENT
> terrifiant. Le livre qu'on n'oublie pas...
>
> J'ai du mal à passer sous silence également le récit des expéditions du
> Commandant Charcot du Nord au Sud de la planète à bord du "FRANCAIS" puis
du
> "POURQUOI-PAS ?" (dont j'apprends que l'échelle de coupée, qui permit au
> matelot Gonidec, seul survivant du naufrage en 1936, de regagner la côte
en
> s'y agrippant, est transférée au musée de Saint-Malo). Dans la même veine
> les exploits des "polaires" comme Scott, Amundsen, Shackleton...valent
> toujours qu'on les recommande pour les exemples magistraux qu'ils donnent
à
> ceux qui douteraient des capacités de l'humanité. Charcot approuverait,
> évidemment.
>
> Bougainville, Cook, Suffren, La Pérouse, Loti, Richard Henri Dana, Louis
> Lacroix, Georges Aubin, Eric Newby ne sont pas en reste pour nous faire
> partager quelques tranches assez saignantes de la vie (virile) à bord des
> grands voiliers. Des écrits qui restent.
>
> Je me souviens que quand je l'ai terminé, j'ai jeté contre
> le mur "Le zéro et l'infini", d'Arthur Koestler: rien à voir avec la mer,
à
> vrai dire, mais parmi les ouvrages cités ici certains m'ont aussi fait un
> sacré effet ! Quant au plaisir de la re-lecture, 6 mois ou 6 ans plus
> tard...
>
> Plus près de nous, Slocum, Moitessier, Bombard, Chichester, Knox Johnston,
> Jean Gau, Le Toumelin, Loïck Fougeron, Eric Tabarly (tristesse...) nous
ont
> fait
> faire de belles virées avec eux et nous ont bien éduqués...Ils ne sont pas
> les seuls.
>
> ...Oui, mais, alors ? Le meilleur ? Il n'y a pas de meilleur, bien sûr. Le
> meilleur à 20 ans ne l'est peut-être plus à 35. On peut découvrir
subitement
> un auteur et le placer au pinacle, comme je l'avais fait pour C.S Forester
> et son "Hornblower", par exemple...Mais je l'avais aussi fait, auparavant,
> pour Moitessier, Slocum, Janichon (à 20 ans...), Cook, Charcot, Tabarly...
>
> Il y en a un autre. "Un sacré particulier", comme dirait Haddock. Atypique
> comme je les aime, aventurier comme personne, capable de tout: le pire et
le
> meilleur, à cheval sur deux civilisations et qui est mort il y a quelques
> années, en France. A la campagne. Un personnage incroyable.
>
> Voici un extrait d'un de ses (nombreux) ouvrages:
>
> "J'ai devant moi la côte d'Afrique, la pointe de Rakmat, que je compte
> atteindre vers les quatre heures trente du soir. En consultant la carte,
je
> vois que, sous le vent de ce cap, les fonds sont de sable et corail avec
des
> profondeurs de neuf mètres. J'espère que la mer y sera plus plate et me
> permettra de virer plus aisément. A mesure que nous approchons de la côte,
> l'eau se trouble et  devient jaunâtre. Malgré cela la sonde ne me donne
pas
> le fond. D'ailleurs je suis encore à plus de huit milles de terre.
>
> Vers quatre heures la pointe de Rahmat commence à nous abriter. La mer,
> toujours trouble, est plus calme, mais, cependant, encore assez houleuse.
Le
> vent mollit: la sonde donne dix mètres. Il est temps de virer. Je laisse
mon
> thé, que le mousse vient d'apporter, et je commande la manouvre. Mais le
> vent est mou, la navire manque à virer. Je lui redonne de la vitesse en
> laissant porter; mais encore une fois, il manque son évolution. On dirait
> qu'une main mystérieuse s'acharne à me tenir le cap vers la terre. Mieux
> vaut alors virer lof pour lof, car, malgré les indications rassurantes de
> la carte, où ne figure aucun danger, j'ai quelque malaise à évoluer par
neuf
> mètres de fond dans des eaux troubles...
>
> Quand le navire a terminé son évolution vent arrière, je mets le cap dans
le
> vent pour faire étarquer les écoutes.
>
> Au moment où je laisse un peu porter pour reprendre de l'erre tribord
> amures, le mousse cire à l'avant:
> - Zeima Hari ! (le bateau est échoué !)
> Personne n'a cependant senti le moindre choc; mais ce cri nous galvanise !
> D'un bond, je suis à l'avant: la sonde donne neuf mètres. Je cours alors à
> l'arrière...mais, à mi-chemin, j'ai le souffle coupé: j'entends dans la
cale
> le bruit sourd de l'eau battant comme un lugubre ressac les flancs
> intérieurs du navire. Par le roof de ma cabine, je vois une langue d'eau
> noire poindre à tribord et, d'un seul coup, recouvrir tout le plancher.
>
> Je comprends que tout est perdu: nous coulons avec une rapidité
foudroyante
> ! L'eau est déjà au ras des dalots et les passagers arabes clament: " Ya
> Allah ! Ya Allah !" comme un cri de mort en levant les mains au ciel.
> J'essaie de jeter le chargement de pont par-dessus bord mais, mais l'eau
> inonde en quelques secondes et les vagues emportent tout.
>     Cependant le bateau n'enfonce plus. Il s'est assis sur une roche qui a
> pénétré comme un gigantesque coin. Seule la dunette et une partie du
> gaillard
> d'avant émergent.
>     Un éclat de rire nerveux me secoue devant cette désolation: c'est le
> combattant vaincu, réduit à l'impuissance, mais qui ne veut pas se rendre.
> Il rit à la face de l'adversaire en mépris du coup de grâce qu'il va
> recevoir..J'ai le sentiment que pour moi tout vient de finir, que je dois
> disparaître avec mon navire. Cela me paraît naturel et me donne une
parfaite
> sérénité dans le désespoir, comme une anesthésie morale.
>     Je rabroue brutalement mon pauvre Abdi qui s'acharne à plonger dans le
> désarroi de la cabine pour sauver quelques uns de mes objets personnels,
> pour lui sacrés ! A quoi bon, je suis détaché de tout. Je veux même que
tout
> s'engloutisse pour effacer à jamais la réalité de ce cauchemar !
>     Trois minutes ont suffi pour anéantir une année de labeur, d'âpres
> luttes et de sacrifices. Chaque pièce de bois, qui maintenant se brise et
se
> tord, est née à sa forme sous mes yeux: il me semble que je l'ai créée en
> façonnant le tronc d'arbre apporté de la montagne. (...)
>
> Vous avez reconnu l'auteur ? un indice ? Son fils est architecte à Paris
et
> est le vrai sosie de son père...Je l'ai rencontré une fois, c'est
> incroyable.
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
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>
>
> Bonjour amis(es) lecteurs(rices),
>     Amateurs d'aventures maritimes,
>
> Alors que Wanadoo est en panne, penché sur des piles de livres (qui n'ont
> pas de bugs, EUX, et s'il y en a...un coup d'insecticide, et hop !) et des
> cartons entiers où sommeillent sagement des milliers de pages lues et
relues
> depuis 25 ans, je ne peux m'empêcher de me faire une réflexion qui me
laisse
> perplexe: quel est le meilleur ?
> Quel ouvrage me marqua le plus ? Duquel me souviendrai-je encore quand
> j'aurai
> l'âge de ne plus bouger de mon fauteuil de grand-père ?
>
> Posons la question autrement: lequel offrirais-je, à un ami, plus jeune,
si
> je voulais lui faire découvrir ce monde incroyable de l'Aventure maritime
de
> l'humanité, de l'Aventure tout court, la seule vraie raison qui vaille de
> passer du temps sur la Terre (n'ayons pas peur des mots, soyons francs,
> c'est si rare aujourd'hui...)?
>
> Rudement difficile !
>
> Pour n'en évoquer que quelques uns: il y a l'épopée de Hornblower, si
> justement écrite, à la dimension d'une fresque historique; on peut assez
> justement dire que la trilogie des aventures de l'équipage du BOUNTY
> soutient la comparaison: quoique plus brève elle contient autant d'idéal
> romantique et assez de ce concentré de haine entre farouches ennemis pour
> tenir en haleine un auditoire des plus endurci. Dans le genre, difficile
> aussi de
> faire mieux qu' "Ouragan sur le Caine", d'Hermann Wouk. Terrifiant.
VRAIMENT
> terrifiant. Le livre qu'on n'oublie pas...
>
> J'ai du mal à passer sous silence également le récit des expéditions du
> Commandant Charcot du Nord au Sud de la planète à bord du "FRANCAIS" puis
du
> "POURQUOI-PAS ?" (dont j'apprends que l'échelle de coupée, qui permit au
> matelot Gonidec, seul survivant du naufrage en 1936, de regagner la côte
en
> s'y agrippant, est transférée au musée de Saint-Malo). Dans la même veine
> les exploits des "polaires" comme Scott, Amundsen, Shackleton...valent
> toujours qu'on les recommande pour les exemples magistraux qu'ils donnent
à
> ceux qui douteraient des capacités de l'humanité. Charcot approuverait,
> évidemment.
>
> Bougainville, Cook, Suffren, La Pérouse, Loti, Richard Henri Dana, Louis
> Lacroix, Georges Aubin, Eric Newby ne sont pas en reste pour nous faire
> partager quelques tranches assez saignantes de la vie (virile) à bord des
> grands voiliers. Des écrits qui restent.
>
> Je me souviens que quand je l'ai terminé, j'ai jeté contre
> le mur "Le zéro et l'infini", d'Arthur Koestler: rien à voir avec la mer,
à
> vrai dire, mais parmi les ouvrages cités ici certains m'ont aussi fait un
> sacré effet ! Quant au plaisir de la re-lecture, 6 mois ou 6 ans plus
> tard...
>
> Plus près de nous, Slocum, Moitessier, Bombard, Chichester, Knox Johnston,
> Jean Gau, Le Toumelin, Loïck Fougeron, Eric Tabarly (tristesse...) nous
ont
> fait
> faire de belles virées avec eux et nous ont bien éduqués...Ils ne sont pas
> les seuls.
>
> ...Oui, mais, alors ? Le meilleur ? Il n'y a pas de meilleur, bien sûr. Le
> meilleur à 20 ans ne l'est peut-être plus à 35. On peut découvrir
subitement
> un auteur et le placer au pinacle, comme je l'avais fait pour C.S Forester
> et son "Hornblower", par exemple...Mais je l'avais aussi fait, auparavant,
> pour Moitessier, Slocum, Janichon (à 20 ans...), Cook, Charcot, Tabarly...
>
> Il y en a un autre. "Un sacré particulier", comme dirait Haddock. Atypique
> comme je les aime, aventurier comme personne, capable de tout: le pire et
le
> meilleur, à cheval sur deux civilisations et qui est mort il y a quelques
> années, en France. A la campagne. Un personnage incroyable.
>
> Voici un extrait d'un de ses (nombreux) ouvrages:
>
> "J'ai devant moi la côte d'Afrique, la pointe de Rakmat, que je compte
> atteindre vers les quatre heures trente du soir. En consultant la carte,
je
> vois que, sous le vent de ce cap, les fonds sont de sable et corail avec
des
> profondeurs de neuf mètres. J'espère que la mer y sera plus plate et me
> permettra de virer plus aisément. A mesure que nous approchons de la côte,
> l'eau se trouble et  devient jaunâtre. Malgré cela la sonde ne me donne
pas
> le fond. D'ailleurs je suis encore à plus de huit milles de terre.
>
> Vers quatre heures la pointe de Rahmat commence à nous abriter. La mer,
> toujours trouble, est plus calme, mais, cependant, encore assez houleuse.
Le
> vent mollit: la sonde donne dix mètres. Il est temps de virer. Je laisse
mon
> thé, que le mousse vient d'apporter, et je commande la manouvre. Mais le
> vent est mou, la navire manque à virer. Je lui redonne de la vitesse en
> laissant porter; mais encore une fois, il manque son évolution. On dirait
> qu'une main mystérieuse s'acharne à me tenir le cap vers la terre. Mieux
> vaut alors virer lof pour lof, car, malgré les indications rassurantes de
> la carte, où ne figure aucun danger, j'ai quelque malaise à évoluer par
neuf
> mètres de fond dans des eaux troubles...
>
> Quand le navire a terminé son évolution vent arrière, je mets le cap dans
le
> vent pour faire étarquer les écoutes.
>
> Au moment où je laisse un peu porter pour reprendre de l'erre tribord
> amures, le mousse cire à l'avant:
> - Zeima Hari ! (le bateau est échoué !)
> Personne n'a cependant senti le moindre choc; mais ce cri nous galvanise !
> D'un bond, je suis à l'avant: la sonde donne neuf mètres. Je cours alors à
> l'arrière...mais, à mi-chemin, j'ai le souffle coupé: j'entends dans la
cale
> le bruit sourd de l'eau battant comme un lugubre ressac les flancs
> intérieurs du navire. Par le roof de ma cabine, je vois une langue d'eau
> noire poindre à tribord et, d'un seul coup, recouvrir tout le plancher.
>
> Je comprends que tout est perdu: nous coulons avec une rapidité
foudroyante
> ! L'eau est déjà au ras des dalots et les passagers arabes clament: " Ya
> Allah ! Ya Allah !" comme un cri de mort en levant les mains au ciel.
> J'essaie de jeter le chargement de pont par-dessus bord mais, mais l'eau
> inonde en quelques secondes et les vagues emportent tout.
>     Cependant le bateau n'enfonce plus. Il s'est assis sur une roche qui a
> pénétré comme un gigantesque coin. Seule la dunette et une partie du
> gaillard
> d'avant émergent.
>     Un éclat de rire nerveux me secoue devant cette désolation: c'est le
> combattant vaincu, réduit à l'impuissance, mais qui ne veut pas se rendre.
> Il rit à la face de l'adversaire en mépris du coup de grâce qu'il va
> recevoir..J'ai le sentiment que pour moi tout vient de finir, que je dois
> disparaître avec mon navire. Cela me paraît naturel et me donne une
parfaite
> sérénité dans le désespoir, comme une anesthésie morale.
>     Je rabroue brutalement mon pauvre Abdi qui s'acharne à plonger dans le
> désarroi de la cabine pour sauver quelques uns de mes objets personnels,
> pour lui sacrés ! A quoi bon, je suis détaché de tout. Je veux même que
tout
> s'engloutisse pour effacer à jamais la réalité de ce cauchemar !
>     Trois minutes ont suffi pour anéantir une année de labeur, d'âpres
> luttes et de sacrifices. Chaque pièce de bois, qui maintenant se brise et
se
> tord, est née à sa forme sous mes yeux: il me semble que je l'ai créée en
> façonnant le tronc d'arbre apporté de la montagne. (...)
>
> Vous avez reconnu l'auteur ? un indice ? Son fils est architecte à Paris
et
> est le vrai sosie de son père...Je l'ai rencontré une fois, c'est
> incroyable.
>
>
>
>
>
> "LE COIN DES LIVRES" est en panne à cause de Wanadoo. C'est le genre de
chose
> qui est très crispante. Horreur. En tous cas, moi, ça m'épate que France
Telecom
> soit neutralisé par une poignée de hackers qui font ça après leur
travail...
> Et si ça se trouve, c'est un jeune de 14 ans avec des Pokemons dans les
poches...
> RISIBLE.
> Ceci dit je constate que le forum remarche ce matin. Plus aucun message
n'est
> lisible mais c'est sans doute ce que Rance Telle est Com appelle marcher.
> J'ai donc ouvert un compte chez Free, et on verra !
> J'ai envoyé les rubriques déjà préparées du"Coin des Livres". Je vois que
Sophie
> a pris l'interim pendant mon absence: bravo. C'est que je ne me suis pas
trompé:
> cette rubrique ré&pond à une attente. Reste à faire un site...J'y
tavaille, mais
> ce n'est pas si facile.
> Qui veut m'apprendre ?
> Eric.
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> Message posté via le web sur http://www.foorum.fr/
 
 12 - De Eric Surzur le samedi 10 mars 2001 à 23:48 
 
Bon, bravo Robert, bravo Jean-luc !
Je vous promets que je vous prépare un bon texte pour mon anniversaire (demain
11 mars). Je plonge dans les cartons et j'essaie de trouver le temps cet après-
midi ou lundi matin. Cet a.m je risque d'avoir du monde dans la boutique, ne
soyez pas décus, on ne sait jamais...
¨Parenthèse: je viens de relire "L'INCROYABLE HENRY DE MONFREID", de Daniel
GRANDCLEMENT (Grasset). Je vous le recommande chaudement, à tous points de vue.
Il a fréquenté et suivi De Monfreid durant 3 ans. C'est la seule et géniale
biographie que je connaisse du "Vieux pirate", comme l'appelait son copain
Kessel...
Musée De Monfreid, à Ingrandes (Cher), où il a fini sa vie: http://www.
multimania.com/demonfreid/musee.htm
Liens: http://www.multimania.com/demonfreid/BIBLIOMONFREID.HTML

Découvrez De Monfreid !


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frbateaux.net - Horaire marée - Dernière mise à jour le 10 juillet 2012 - faq@frbateaux.net